La vie privée dans Ferragus, Balzac, Dissertation L1
Publié le 14/11/2020
Extrait du document
«
Écrivain majeur du XIXème siècle, Honoré de Balzac (1799-1850) passe une grande partie de sa vie à
constituer l'oeuvre monumentale « La Comédie Humaine ».
Composée de plus de 90 ouvrages, elle dresse
un portrait de la société sous l'oeil balzacien, père du roman réaliste moderne.
Lorsqu'il vient à Paris depuis
la province, Balzac s'attelle à décrire ce qu'il voit et comprend du Paris du XIXème siècle le plus fidèlement
possible, dans une entreprise qui se rapproche de la sociologie.
Car Paris, aux détours du XIXème siècle,
change considérablement, du fait de la révolution industrielle et de la démographie croissante.
Balzac
s'intéresse à l'individu, à la figure parisienne, et à sa vie privée.
Dans un de ses travaux, il écrit : « Oh ! la
sainte vie privée, où est-elle ? Paris est une ville qui se montre nue à toute heure […].
Pour qu’une existence
y ait de la pudeur, elle doit posséder cent mille francs de rente.
Les vertus y sont plus chères que les vices.
».
Une telle réflexion au sujet d'une vie privée piétinée ne se rapproche-t-elle pas du récit qu'il en fait dans
Ferragus, un de ses romans publié en 1833 dans la Revue de Paris ? Dans celui-ci, Clémence Dumarets se
fait espionner par Auguste de Maulincour, qui cherche sans relâche au fil du roman à percer ses secrets.
Dans quelle mesure le Paris lisible décrit par Balzac dans Ferragus s'accorde-t-il avec cette réflexion sur la vie
parisienne et devient-il un espace de critique sociale ? Nous verrons comment Balzac represente la vie
urbaine de Paris sous la forme d'une ville lisible dans tout ses espaces et quels sont les critiques qu'il fait
passer à travers ses réflexions.
Balzac met un point d'honneur dans ses romans à délivrer un Paris en apparence sans secret, pour les
lecteurs, pour ses personnages, et ce, dans tout les espaces.
On trouve dans ses écrit la présence constante
d'un observateur.
Dans Ferragus, rien n'est fait sans qu'un deuxième personnage en soit spectateur.
L'occupation principale d'Auguste de Maulincour, un des héros du roman, est d'espionner tout les faits et
gestes de Madame Jules.
« Le jeune homme se recula pour se coller en espalier sur le mur […].
Il regarda les
étages de la maison avec l'attention d'un agent de police.
» (page 90).
Il n'hésite pas à la suivre dans la rue,
à courir derrière sa calèche et à l'observer sans discrétion à chaque événement social.
Cette répresentation
de l'observateur constant s'accorde avec la population nombreuse de Paris après la révolution industrielle :
aucune rue vide, aucune possibilité de vivre sans être percu par les autres habitants du fait de l'explosion
démographique.
Balzac s'attelle aussi dans son entreprise à décrire chaque recoin de Paris, et il s'intéresse en particulier au
Paris ancien, le Paris des vies privées, le Paris des vies quotidiennes auquel il a consacré tout une section de
« la Comédie Humaine ».
Ses romans ne présentent pas des faits historiques mais collent aux personnages
et à leur histoire.
On voit dans Ferragus l'intimité de la chambre du couple, comme la vie quotidienne
d'Auguste de Maulincour.
C'est ici une volonté de la part de Balzac de s'immisicer dans la vie privée de ses
personnages dans un Paris intrusif.
Dans ce Paris lisible dans tout ses recoins, Balzac s'exerce à une littérature panoramique dans laquelle
personne n'est oublié.
Ses nombreuses digressions dans le roman servent souvent à faire la description des
personnages, ou de types de personnages.
On trouve les longues descriptions d'Ida : « cette demoiselle
était le type d'une femme qui ne se rencontre qu'à Paris » (page 156), mais aussi de Clémence, de Ferragus,
d'Auguste de Maulincour.
Ces digressions souvent servent à faire la généralisation du personnage et de son
histoire privée : au délà de la description de Ferragus page 113, c'est la description de tout les mendiants
parisiens qu'il propose.
Il montre ainsi son ambition de décrire chaque individu de la ville sans en oublier
aucun.
D'autre part, Balzac fait à travers ses réflexions sur l'absence de vie privée parisienne des critiques sociales.
Cette disparition de la vie privée, du fait de la sur-population de Paris, des individus curieux, ou de
l'appartenance à un type social, fait plus de mal que de bien à ses personnages.
Dans Ferragus, Auguste de.
»
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