La Vérité nous empêche-t-elle d'être libre ?

« La vérité nous empêche-t-elle d’être libres ? Plan : I : certes nous ne choisissons pas la vérité : II : mais il vaut mieux se soumettre à la vérité qu’à l’arbitraire d’un tyran : III : donc il n’y a pas de liberté sans la reconnaissance de la vérité, qui nous permet de choisir et d’agir efficacement : I : certes nous ne choisissons pas la vérité : 1 : définition de la vérité : La vérité désigne le résultat de la correspondance entre un jugement et un fait .

Exemple : soit le jugement : « le tableau est blanc » .

On confronte ce jugement au réel : s’il y a blancheur du tableau (s’il y a présence du fait qu’est la couleur blanche), alors le jugement est vrai.

NB : le jugement ici ne désigne pas un jugement de valeur , càd un jugement qui attribue à qqc une valeur (beau, bien, juste).

Ce type de jugement se discute.

Ici il s’agit d’un jugement de fait , qui attribue une propriété à une chose (en logique on dit attribuer un prédicat à un sujet).

Par exemple dans la proposition « le tableau est blanc », j’attribue la propriété (prédicat) blanc à la chose (le sujet) tableau, à l’aide de la copule (le verbe) être.

Ce jugement ne se discute pas si on admet qu’un fait ne se discute pas.

Dans l’absolu, un fait ne se discute pas : il n’y a de vérité possible que parce que nous partageons la même réalité factuelle. 2 : conséquences : a) la vérité se construit : elle n’est pas quelque chose que l’homme trouve toute faite.

Elle n’est pas un trésor caché qu’on déterre.

L’homme participe à son élaboration en formulant un jugement et en le confrontant à la réalité.

Ceci est d’autant plus vrai en science, où l’établissement d’une vérité scientifique repose sur une vérification expérimentale.

Mais cela ne veut pas dire que l’homme invente la vérité, puisque celle-ci n’est établie que par correspondance avec un fait.

Dès lors, on peut dire à la fois que la vérité dépend de nous et n’en dépend pas : elle dépend de nous parce que sans jugement il n’y a pas de vérité possible.

Elle n’en dépend pas parce que ce qui rend vrai mon jugement est un fait que je ne choisis pas : c’est la réalité qui s’impose à moi (la pluie, la blancheur du tableau dans les exemples précités). b) : si le réel (le fait) sert de preuve au jugement, s’il permet de savoir si le jugement est vrai ou faux, alors il ne faut pas confondre vérité et réalité .

La réalité est ni vraie ni fausse : elle est. Le jugement est vrai ou faux.

En d’autres termes, ce qui est vrai ou faux, c’est ce que nous disons sur le réel.

La vérité porte sur nos jugements sur les choses et non sur les choses elles-mêmes.

Dès lors, si on imagine un monde dans lequel il n’y a aucun esprit qui pense et. »