LA TRADITION DE PLATONARCÉSILAS (315-241 av.
Publié le 17/05/2020
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«
LA TRADITION DE PLATON
ARCÉSILAS (315-241 av.
J.-O.) Dirigea l'Académie de 268 à sa mort.
Il prétendit renouer avec la tradition
socratique et l'école devint la Nouvelle
Académie.
Comme Socrate, il n'écrivit
point.
De Socrate et des grands Sophistes, il avait hérité une répugnance profonde
pour le dogmatisme -si répandu en son temps -et son enseignement consis
tait en dialogues, en discussions qui por
taient, en premier lieu, sur la conception
stoïcienne de la vérité.
Il est impossible
d'établir une séparation nette entre l' opi
nion et la vérité, car l'assentiment que, selon la théorie de la « représentation
compréhensive », le sage apporte à
l'évidence, fonde l'évidence elle-même,
laquelle naît
du travail de l'esprit.
Le sage suspendra donc son jugement ( épo
chè).
Mais la vie le sollicite, et si nulle
vérité ne peut servir de critère pour
l'action, cependant l'homme doit agir,
non point arbitrairement mais en fonction de ce qui lui paraît raisonnable, et
pouvoir se justifier de ses actes.
( H.D.)
CARNÉADE (215-129 av.
J.-O.) qui dirigea l'Académie jusqu'à sa
mort, n'écrivit point, lui non plus, et il ne nous est connu qu'à travers son disciple Clitomaque.
En 156, il fut envoyé à Rome comme ambassadeur et sa parole étonna les foules.
Carnéade était, en effet, un terrible raisonneur.
Il s'atta qua au dogmatisme stoïcien, mais sa critique n'est pas seulement négative :
elle ouvre à une théologie plus pure, à une morale qui fait davantage appel à la liberté.
Il ne renonce pas au probabilisme d' Arcésilas, mais fait du « persuasif » un critère non plus seulement pratique,
mais théorique.
Le critère de l'évidence
n'est plus cherché du côté de l'objet,
mais dans le sujet lui-même : nous parvenons à une vérité probable par un effort d'analyse et de critique de nos représentations, de synthèse et de compa
raison.
Nos représentations n'étant jamais
« solitaires », mais suspendues les unes aux autres, comme les chaînons d'une même chaîne.
( H.D.)
CLITOMAQUE (r8o-IIo? av.
J.-O.) Né à Carthage, il porta d'abord le nom
de Hasdrubal, se fit le prophète de la
philosophie de Carnéade (à qui il succéda dans la direction de l'Académie)
et se suicida, croit-on, vers I I o.
On lui
attribue plus de 400 traités.
PHILON DE LARISSE (vers 148-
140-vers 87-85 av.
J.-O.) Disciple de Clitomaque, lui succéda dans
la direction de l'Académie vers I ro av.
J.-C.
Le néo-platonicien Numenius ra conte qu'après avoir exagéré les dogmes de Clitomaque, il changea d'avis et
devint lui-même dogmatique, « retourné
par l'évidence qu'il trouvait dans les impressions passives et leur accord entre
elles.
»
ANTIOCHUS D'ASCALON ( ?-69 av.
J.-O.) Philosophe sceptique, puis éclectique,
scholarque académicien de 85 à 69, fut le maître de Lucullus, de Varan et de Cicéron; ce dernier fut son élève à
Athènes en 79 et fit, en 46, l'exposé de sa doctrine dans le Lucullus et en 47, dans le premier livre des Seconds Acadé miques.
MOYEN ET NOUVEAU STOICISME
PANÉTIUS de Rhodes !(r8o-rw av.
J.-O.) qui prit, en I 29, la direction de l'école
à Athènes, était dépourvu de l'assurance
hautaine des anciens stoïciens.
Il appré
ciait beaucoup Platon et fort peu le dogmatisme théologique.
Avec lui, le stoïcisme s'oriente vers la réflexion
morale.
Au cours d'un long sijour qu'il fit à Rome, il se lia intimement avec les Romains les plus en vue.
A l'époque où l'histoire semblait devoir s'achever par la conquête romaine, Panétius donna à l'universalisme stoïcien un sens résolu
ment humaniste.
A la raison immanente
au monde, il substitua la raison humaine,
créatrice
de la civilisation.
L'homme
est à la fois être naturel et être culturel :
dualisme irréductible quifonde la morale.
Si la sagesse consiste à suivre sa nature,
l'homme devra respecter en lui ce qui le #finit en tant qu'homme : son huma nité.
Morale du « convenable », dont
Cicéron nous a conservé l'essentiel.
(H.D.)
POSIDONIUS (135-51 av.
J.-O.) De son œuvre, qui fut immense, nous n'avons que l'écho dans les écrits de Cicéron, de Galien et de Sénèque.
Grand
voyageur et esprit encyclopédique, Posi
donius, originaire
de Syrie, se rallia, comme Panétius, au parti romain.
Ami de Pompée et maître de Cicéron, il acheva l'Histoire de Polybe, montrant dans la
civilisation romaine l'achèvement des civilisations grecque et étrusque.
Le
souci de retrouver, dans tous les domaines,
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une unité dynamique caractérise sa philo
sophie.
S'il semble revenir, par là, à
l'ancien stoïcisme, il en rejette cependant le monisme, distinguant les réalités qui
constituent le système du monde, sépa
rant :(eus de la Nature et du Destin.
De même, il critique la théorie des passions qu'avait développée Chrysippe,
soulignant le caractère irrationnel de la
passion, dont il cherche l'origine non plus dans la raison mais dans l'affectivité.
L'homme est double, raison et déraison.
(H.D.)
CAlUS MUSONIUS RUFUS (vers 20-30 ap.
J.-O.-avant 8r) contemporain d'Epictète, né en Etrurie,
enseigna à Rome la philosophie stoïcienne,
dans un esprit assez proche de celui d' Ariston.
Exilé sous Néron, il dut au respect qu'il inspirait d'échapper par la
suite aux persécutions auxquelles les
philosophes étaient
en butte.
A ses yeux,
la philosophie n'a d'autre fonction
qu'éducative.
Le sage, ici, ne s'isole
point et ses préoccupations sociales sont
évidentes.
Le philosophe est un « maître de vertu » qui ne prétend plus à donner du monde une vue systématique, mais
dont les courts sermons, Sur la Nourri ture, sur 1 'Abri, visent tous au même but : inspirer le goût d'une vertu simple
et naturelle, éduquer l'âme tout en formant le corps.
( H.D.)
SÉNÈQUE (vers 4 av.
J.-C.-65 ap.
J.-O.) Représentatif de son temps comme Cicéron
l'avait été, Sénèque a pu être comparé à Voltaire, pour la vivacité de son intelli
gence, la grande variété de sa production
littéraire et aussi par la préoccupation
qu'il a de donner à la « philosophie » une fonction pratique, sinon politique
et sociale.
Il professe un stoïcisme assez
libre, accueillant des éléments platoni
ciens et pythagoriciens, et presque entiè
rement concentré sur la morale.
Toutifois,
il s'est intéressé à la physique, et nous
possédons de lui sept livres de Questions
Naturelles, compilés en majeure partie,
mais qui témoignent de sa curiosité et de l'étendue de son information.
Son origina
lité est ailleurs.
Précepteur, puis, avec Burrhus, principal ministre de Néron,
Sénèque n'est pas un philosophe d'école.
Ses convictions
se sont éprouvées au
contact du pouvoir et d'une vie de courti
san, menée pendant treize ans; elles n'ont
pas toujours résisté à l'épreuve, et
Sénèque
l'a confessé tout le premier, bien
avant que d'antiques et modernes censeurs, non toujours sans hypocrisie, ne lui jettent
la pierre.
Entre le goût du perfectionne
ment moral et l'expérience de la vie,
s'établit une sorte de tension qui se retrouve dans toute l'œuvre de Sénèque,
les traités, les Lettres et les tragédies,
fortement imprégnés d'idées stoïciennes.
L'exhortation
à la sagesse voisine avec l'analyse psychologique des passions, des travers, des vices.
C'est par là surtout que Sénèque mérite le nom de moraliste,
et c'est le pessimisme profond de son diagnostic qui explique, par manière
d'antithèse, la hauteur où il porte l'idéal.
»
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