La tentation de saint Antoinede Cézanne (analyse du tableau)

« La tentation de saint Antoine de Cézanne (analyse du tableau) À trois reprises, Cézanne a réalisé un tableau sur le thème de la tentation de saint Antoine, dont cette version estla dernière connue.

À une époque où la majorité de ses toiles traitent de sujets érotiques ou meurtriers, cette scèneconvenue, souvent représentée par les peintres depuis Jérôme Bosch et décrite aussi par de nombreux écrivains auXIXe siècle, apparaît comme la représentation maîtrisée des conflits sexuels qui troublaient alors Cézanne.

Latentatrice, placée au centre du tableau, se dévoile dans un geste triomphant mais elle se tient à distance deTermite, contrairement à une autre version de la scène où elle Tagresse sans pitié.

Le diable, présent à gauche dela composition, semble autant jouer le râle d'incitateur que, paradoxalement, de protecteur auquel le saint seraccroche.

Une ronde d'angelots donne à cette Tentation la légèreté d'une scène galante du XVIIIe siècle.

Lafemme, sujet d'adoration et de crainte, n'apparaît plus dans cette version comme la corruptrice absolue.

Elle tientde la déesse et déjà de la baigneuse.

Son corps déhanché aux formes lourdes est placé en pleine lumière.

Ladraperie blanche qui l'entoure comme une mandorle ou comme la coquille de Vénus anadyomène forme un contrastepuissant, voire une séparation totale avec le groupe composé par le diable et le saint enlacés.

A l'époque où il peintcette toile, Cézanne vient de rencontrer Hortense Fiquet, qui a probablement servi de modèle à ce nu plantureux.En dehors de cette liaison malheureuse qui s'achève malgré tout par un mariage en 1886, et d'une brève aventuresentimentale en 1885, on ne connaît pas d'autres relations amoureuses à Cézanne qui, après avoir nourri dans sajeunesse une grande exaltation pour l'amour chaste et romantique, s'en tient dans sa maturité à ce constatdésabusé : « Le bordel en ville, ou autre, mais rien de plus.

Je finance, le mot est sale, mais j'ai besoin de repos, età ce prix je dois l'avoir.

». »