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la technique cours philo

Publié le 16/01/2024

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« La technique Introduction Le mot « technique » désigne deux choses différentes.

Une technique est d’abord un certain type de savoir.

On peut ainsi aussi bien parler de la technique d’un pianiste que de techniques industrielles.

Une technique est un savoir-faire ; celui-ci s’oppose à un savoir théorique (comme le sont les mathématiques ou la philosophie), en ce qu’il vise à produire ou réaliser directement un certain résultat concret, un geste, une œuvre ou une transformation de la réalité.

Ce sens correspond d’ailleurs au sens de sa racine étymologique : technè, en grec ancien, renvoie au savoir-faire de l’artisan.

Le technicien, en ce sens, est celui qui sait effectuer ce que d’autres ne savent pas faire, parce qu’il en a les compétences ; celles-ci ont été acquises par l’enseignement et l’expérience. I- La technique, une spécificité humaine 1.

Le mythe prométhéen Dans le Protagoras, Platon raconte par le biais d’un mythe, comment la technique est venue aux hommes.

Zeus, le dieu des dieux, charge le titan Épiméthée de donner à chaque espèce vivant sur Terre de quoi se protéger et se défendre.

Il lui confie une besace pleine de protections. Épiméthée distribue fourrure, cornes, sabots, griffes, vitesse, ruse, etc., mais le titan est assez distrait et imprévoyant que, lorsqu’il arrive à la race humaine, sa besace est vide.

Il n’a plus rien à donner aux hommes.

Nus, et d’autant plus fragiles que toutes les autres espèces sont maintenant mieux armées pour se défendre et se protéger, les hommes vont disparaître. Prométhée, constatant la terrible négligence de son frère Épiméthée, et ne voulant pas que les humains périssent, vole l’habileté à Héphaïstos et Athéna, et le feu à Zeus, pour les donner aux hommes et leur permettre de survivre.

Il en sera cruellement puni par Zeus, mais il a sauvé la race humaine.

Grâce à l’habileté et au feu, l’homme « fut mis en possession des arts utiles à la vie » : la connaissance technique.

La technique supplée donc à l’infériorité initiale de l’homme qui va pouvoir trouver par lui-même les moyens de se défendre et de se protéger.

Elle surgit dans un monde que le divin a déserté.

Elle est purement humaine, comme le travail. 2.

Distinction entre technique humaine et fabrication animale Dans Le Capital, Marx présente la technique comme une activité exclusivement humaine. Même si, selon lui, les opérations faites par l’araignée pour construire sa toile ressemblent à celles d’un tisserand, et si l’abeille dépasse par la structure de ses cellules l’habileté d’un architecte, il existe une différence essentielle entre la fabrication animale et la technique 1 humaine.

En produisant un objet, l’homme suit un plan qu’il établit consciemment, alors que l’animal suit son instinct.

Marx affirme dans ce sens que « le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur ». De même, Kant définit « l’art en général », c’est-à-dire le savoir-faire technique, en le distinguant de la nature.

Ce sens correspond à ce que les Anciens appelaient technè en grec ou ars en latin.

L’art est une production effectuée par un libre arbitre et dont la raison en constitue le fondement, il se base donc sur une « réflexion proprement rationnelle », contrairement au produit des abeilles qui est lié à leur nature, et donc à leur instinct. Contrairement à une tradition qui pense que l’intelligence humaine trouve dans les sciences son expression la plus rigoureuse, Bergson considère que cette forme d’intelligence en appelle une autre, c’est-à-dire l’habileté technique tournée vers la fabrication d’outils qui n’existent pas dans la nature.

Ainsi, grâce au perfectionnement des techniques, l’homme se modifie lui-même et modifie son rapport au monde.

L’intelligence est donc, selon Bergson, pratique avant d’être théorique : « L’intelligence humaine […] est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d’en varier indéfiniment la fabrication », écrit-il dans L’Évolution créatrice.

Autrement dit, l’homme est un être qui fabrique des outils qui servent eux-mêmes à fabriquer d’autres outils.

Ainsi, poursuit Bergson, « si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil », pour définir l’espèce humaine, « nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens 1, mais Homo faber 2 ». Dans Les Parties des animaux, Aristote considère que non seulement l’homme est doté de la maîtrise technique la plus importante, mais que cette maîtrise s’explique biologiquement par la main qu’il considère comme le premier outil.

Si la nature a donné à l’homme la main, c’est parce qu’il est le plus intelligent des êtres, et « […] la nature attribue toujours, comme le ferait un homme sage, chaque organe à qui est capable de s’en servir », affirme-t-il.

Et il ajoute que « l’être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d’outils : or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs ».

En effet, elle « devient griffe, pince, corne ainsi que lance, épée et toute autre sorte d’arme et d’outil ». II- La technique et le rapport au monde Comment la technique modifie-t-elle notre rapport à la nature ? La technique, du fait de son utilité essentielle, est par nature quelque chose qui accroît le savoir et le pouvoir de l’homme. Francis Bacon avance l’idée que les inventions techniques ont changé la face du monde.

Alliées à la science, elles donnent à l’homme un pouvoir inégalé sur l’univers et sur lui-même, car « l’empire de l’homme sur les choses repose tout entier sur les arts et les sciences ».

Selon lui, les arts mécaniques qui sont l’imprimerie, la poudre à canon et la boussole, ont changé les choses sur toute la terre, dans le domaine des lettres, dans celui de la guerre et celui de la navigation, au 1 2 Homme qui sait, capable de réflexion. Homme qui fabrique des objets. 2 point qu’aucune autre chose n’a exercé autant de « puissance et d’influence sur les affaires humaines ». Mais dans quel sens et dans quelles limites le développement de la technique constitue-t-il et implique-t-il un progrès de l’humanité ? Comme nous le rappelle le mythe de Prométhée, si l’homme a développé des techniques, c’est sans doute parce que, naturellement, il est un être fragile et besogneux pour qui la nature constitue d’abord une source de menaces (froid, tempêtes, microbes, etc.).

La technique apparaît comme un remède à notre précarité : en maîtrisant l’art de faire du feu, des armes, des vêtements, etc., l’homme se protège des dangers auxquels il peut être exposé dans la nature ; en construisant des outils agricoles, des digues, etc., il rend également les ressources naturelles plus disponibles. Descartes, à l’opposé d’une.... »

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