La technique
Publié le 24/06/2024
Extrait du document
«
Technique
2
Définitions
Étymologiquement, la technique vient du grec technê et désigne une
habileté, un savoir-faire ou une compétence acquise.
La production
technique se distingue de la création artistique en ce qu’elle obéit à des
règles qui peuvent être explicitées, et engendrent des processus
reproductibles.
La nature humaine est définie par la capacité de fabriquer.
Pour
Bergson, un individu n’est pas seulement un animal raisonnable (Homo
Sapiens), il est aussi un animal qui fabrique, qui transforme le monde,
un technicien (Homo Faber).
3
Liens entre technique, travail et
science
C’est le travail et la science qui développent les techniques, d’un autre
côté, le travail naît de la technique, car c’est la technique qui permet de
travailler, on travaille toujours en suivant une certaine technique.
Et de
même, la connaissance naît de la technique, grâce à l’expérimentation,
possible grâce au progrès technique
4
Doit-on avoir peur de la technique ?
1.
La technique, c’est le progrès : le développement de l’espèce humaine,
et on ne saurait en avoir peur
2.
Le progrès de la technique aliène l’Homme, et le diminue
3.
Il ne faut avoir peur de l’inévitable nb: la troisième partie attaquera la
notion de « peur » en introduisant la notion d’’inévitable, c’est-à-dire
d’absence de contingence
5
Prométhée
« Il se glisse donc furtivement dans l’atelier
commun où Athéna et Héphaïstos cultivaient
leur amour des arts, il y dérobe au dieu son
art de manier le feu et à la déesse l’art qui
lui est propre, et il en fait présent à
l’homme, et c’est ainsi que l’homme peut se
procurer des ressources pour vivre.
»
Platon, Protagoras (-430)
6
Descartes
Mais sitôt que j’ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que,
commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j’ai remarqué jusqu’où elles
peuvent conduire et combien elles diffèrent des principes dont on s’est servi jusqu’à présent,
j’ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher gravement contre la loi qui nous oblige
à procurer autant qu’il est en nous le bien général de tous les hommes.
Car elles m’ont fait voir
qu’il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu’au lieu de
cette philosophie spéculative qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique,
par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et
de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les
divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages
auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature.
Ce
qui n’est pas seulement à désirer pour l’invention d’une infinité d’artifices qui feraient qu’on
jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent,
mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier
lieu et le fondement de tous les autres biens de cette vie […]
René Descartes, Discours de la méthode (1637)
7
Francis Bacon
« Or l'empire de l'homme sur les choses repose tout entier sur les arts et les
sciences.
Car on ne gagne d'empire sur la nature qu'en lui obéissant.
»
Francis Bacon, Novum Organum (1620)
8
Le progrès
Le mot progrès désigne le processus évolutif orienté vers un
achèvement : l'idéal.
Il est issu du latin progressus (pro : « en avant »
et gressus : « marche »).
Le néologisme « technocritique » définit un courant de pensée axé sur
la critique du concept du « progrès technique »
9
Jacques Ellul
« L'intérêt général, c'est le progrès technique ; même s'il n'a rien à voir
avec l'intérêt des hommes, même si l'entreprise est extrêmement
douteuse, même si on ignore en définitive les résultats de ce que l'on
entreprend.
Du moment que c'est un progrès technique, c'est l'intérêt
général.
Ne disons pas surtout : « le progrès technique s'effectue dans
l'intérêt général ».
Cette formule générale permettrait encore la discussion.
Non ! Dans l'esprit de nos contemporains, l'assimilation est entière : le
progrès technique quel qu'il soit est en soi l'intérêt général »
Jacques Ellul, Exégèse des nouveaux lieux communs (1966)
10
Rousseau
« Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu'ils se
bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de
plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou
à embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques
canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant
qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul pouvait faire, et à des arts qui
n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et
heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux
des douceurs d'un commerce indépendant: mais dès l'instant qu'un homme eut besoin
du secours d'un autre; dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des
provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint
nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut
arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la
misère germer et croître avec les moissons.
La métallurgie et l'agriculture furent les deux arts dont l'invention produisit cette grande
révolution.
Pour le poète, c'est l'or et l'argent, mais pour la philosophie ce sont le fer et
le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain »
J.J Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755)
11
Rousseau
« Les arts ne se perfectionnent qu'en se subdivisant et en multipliant à
l'infini les techniques : à quoi cela sert-il d'être un être sensible et
raisonnable, c'est une machine qui en mène une autre.
»
J.J Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750)
12
Hannah Arendt
C’est l’avènement de l’automatisation qui, en quelques décennies, probablement videra les
usines et libérera l’humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel, le fardeau du
travail, l’asservissement à la nécessité.
(…)
Cela n’est vrai toutefois qu’en apparence.
L’époque moderne s’accompagne de la glorification
théorique du travail et elle arrive en fait à transformer la société tout entière en une société
de travailleurs.
Le souhait se réalise donc, comme dans les contes de fées, au moment où il
ne peut que mystifier.
C’est une société de travailleurs que l’on va délivrer des chaînes du....
»
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