La société, entre rêve et réalité (groupement de textes)

« La société, entre rêve et réalité Préparation à la lecture des textes la nécessité des règles sociales Si l'homme est un « animal social», la réalisation d'une vie harmo­ nieuse en société présente néanmoins de nombreuses difficultés.

En effet, la vie sociale confronte la volonté de chacun à celle du groupe, restreint la liberté personnelle au profit du plus grand nombre: elle réclame donc des règles de vie en commun.

Toute la littérature, à toutes les époques, reflète et exprime ce formidable désir de cohésion, cette nécessaire réunion des individus, mais aussi les nombreux obstacles qui en rendent difficile la réalisation.

Qu'on les imagine, expose, décrive, critique, dénonce ou condamne, c'est à chaque fois dans l'espoir que les règles sociales conduiront chaque homme à vivre harmonieusement au sein de ses semblables et sauront le conduire au bonheur.

le rêve d'un accord immédiat entre l'individu et la société Rabelais présente dans son Gargantua le tableau idéal d'une commu­ nauté régie par une seule règle: « Fais ce que voudras».

Ce lieu uto­ pique, l'abbaye de Thélème, offre la vision d'une société idéale et humaniste, tant du point de vue de l'individu que de celui des rap­ ports sociaux.

On retrouve cette utopie au siècle des Lumières sous la plume de Montesquieu.

Dans Les Lettres persanes, sur un mode plus bucolique, le mythe des « bons Troglodytes» expose la société rêvée comme une famille, où la vertu est également partagée et le vice tota­ lement éradiqué.

L'éducation au service du progrès social Face à ces vues idéales, d'autres auteurs nous rappellent à la réalité.

Molière et Françoise de Graffigny dénoncent, chacun à leur manière, les contraintes de la société.

L'auteur du Misanthrope tente, tout en montrant sa sympathie pour son personnage Alceste, de nous faire rejoindre sa philosophie de la juste nature où il convient d'être« sage avec sobriété».

Madame de Graffigny quant à elle, emploie le ton du pamphlet lorsque sa jeune Péruvienne se révolte contre la société misogyne.

Le constat du triste statut de la femme ne saurait prêter à rire : il est lourd de menace et provoque la colère.

Au lendemain de la Révolution, Condorcet couvre cette société du bienheureux manteau de« l'égalité d'instruction » qui doit réchauffer les âmes et éveiller les esprits afin qu'advienne enfin cette communauté heureuse qui aboli­ rait la différence et prendrait pour règle: liberté, égalité, fraternité.. »