LA SIERRA LÉONE AU XXe SIÈCLE

« Article encyclopédique LA SIERRA LÉONE AU XXe SIÈCLE Terre d’accueil d’anciens prisonniers, d’esclaves affranchis et de « nègres marrons » de la Jamaïque, le pendant britannique du Libéria voisin a été une colonie de Londres jusqu’au 27 avril 1961.

Pendant trente-cinq ans, la Sierra Léone - la « montagne des lions » qui doit son nom italo-portugais à la publication, en italien, du récit de voyage du premier explorateur, le Portugais Pedro da Sintra (fin du xve siècle) - a vécu sous un régime de parti unique, de fait ou de droit.

La figure dominante de la période post-coloniale aura été Siaka Stevens, ex-secrétaire général du syndicat des mineurs.

À la tête du Parti de tout le peuple, il règne sans partage sur le pays entre 1968 et 1973, à la faveur de l’état d’exception.

Après des élections (1973) qui renvoient au Parlement une chambre monocolore, il légitime le monopartisme, d’abord par une loi, puis par référendum.

Mais, à partir de 1985, la domination des « Créoles » et des « Afro-Libanais », maîtres du commerce du diamant, la principale richesse du pays, tourne au pillage généralisé sous son successeur débonnaire, le général Joseph Momoh.

Ce dernier est renversé en 1992 par une junte conduite par Valentine Strasser, âgé de vingt-sept ans, et qui s’érige en Conseil militaire de rédemption.

Contre la nouvelle confiscation des libertés, des cadres au chômage obligés de quitter les villes - des « citadins re-ruralisés » - fondent un mouvement de rébellion, le Front révolutionnaire uni (RUF).

Leur leader, Foday Sankoh (1936-2003), ex-caporal issu de la West African Volunteer Force britannique, a passé six ans en prison pour « complot » avant de devenir photographe itinérant dans les villes minières de l’Est, où il recrute à partir de 1982 pour le RUF.

Ayant été pendant deux ans lieutenant du chef de guerre et futur président libérien Charles Taylor (1946-), F.

Sankoh déclenche la lutte armée en Sierra Léone, quand il y retourne en mars 1991.

Combattant les juntes qui se succèdent à Freetown, mais aussi le président élu en 1996, Ahmed Tejan Kabbah, ancien fonctionnaire de l’ONU (Organisation des Nations unies) pendant vingt et un ans, le RUF se distingue par son extrême cruauté.

Alliés aux putschistes du major Johnny Paul Koroma, les combattants du RUF portent la terreur jusque dans la capitale, entre mai 1997 et mars 1998.

Délogés de Freetown par la Force ouest-africaine d’interposition (Ecomog), à dominante nigériane, ils amputent plus d’un millier de civils des bras ou des jambes.

Le pouvoir élu rétabli, les Nations unies prennent le relais de l’Ecomog en mai 2000 pour veiller au respect d’un accord de paix, signé en juillet 1999 au Togo. Un demi-millier de « casques bleus » étant pris en otage par le RUF, le Royaume-Uni vient militairement à la rescousse, en juin 2000, de l’ONU et du gouvernement sierra-léonais. Stephen SMITH. »