La science et la vérité
Publié le 16/04/2024
Extrait du document
«
1) Analyse des notions.
La science au sens général désigne l'ensemble des connaissances humaines qui
se rapporte à des faits obéissants à des lois objectives (ou considérées comme
telles) et dont la mise au point exige une systématisation et méthode.
Au sens classique, la vérité correspond à la conformité entre un jugement, ou
plus généralement une pensée affirmant quelque chose à propos de quelque
chose et la réalité à laquelle cela renvoie c'est donc plus ou moins l'adéquation
entre l'idée et le réel.
2) La science
Les relations entre philosophie et science se présentent d'abord sur une
imbrication d'une autonomisation et d'une démarcation essentielle.
En effet,
depuis son flamboiement hellénique la philosophie s'est voulue totalité du savoir
ou le savoir total : mais une telle prétention a été remise en question par les
sophistes au nom d'un certain relativisme gnoséologique (l'homme étant la
mesure de toute chose selon Protagoras).
Malgré tout la pensée philosophique a
cherché à se définir avec Hegel comme le savoir absolu et suprême.
Mais selon
Fougeyrollas, cet idéal Hégélien est pris dans une contradiction insurmontable :
en effet en rapport avec l'historicité, il était impossible d'accéder au savoir absolu
au sein de l'histoire.
Tandis qu'en dehors de celle-ci le savoir ne paraissait pas
être le savoir suprême.
C'est ainsi que la philosophie un renoncer modestement
un prétendre à un savoir ontologique pour devenir la recherche du savoir ou une
réflexion sur les conditions du savoir.
Toutefois ce n'est qu'à partir de la 2nde moitié du 7e siècle que la science a
commencé véritablement à s'émanciper de la tutelle longtemps exercée par la
philosophie : c'est dans cette perspective que la physique s'est démarquée avec
Galilée, la biologie avec Lamarck, la chimie avec Lavoisier, la médecine
expérimentale avec Claude Bernard, la sociologie avec Auguste Courte, la
psychanalyse avec Sigmund Freud…
Cette émancipation pour la science est un véritable affranchissement et sous ce
rapport la science moderne se limiterait à décrire le comment des phénomènes et
aurait renoncé à la prétention métaphysique de déterminer le pourquoi.
La science devrait justement son efficacité et son efficience ascèse positiviste.
C'est d'ailleurs pourquoi, Karl Jaspers traduit en ces termes lorsqu'il dit « dès
qu'une conscience s'impose à chacun pour des raisons apodictiques, elle cesse
d'être philosophique et devient scientifique et appartient désormais à un domaine
particulier du connaissable ».
Dans cette nouvelle acception la science pourrait se
définir avec André Lalande comme « un ensemble de connaissances et de
recherche ayant un degré suffisant de généralité et susceptible d'amener les
hommes qui s'y consacrent à des conclusions concordantes qui ne résulte ni de
convention arbitraire ni des goûts ou des intérêts individuels qui leurs sont
communs mais des relations objectives qu'on découvre graduellement et que l'on
confirme par des méthodes de vérification définies ».
Ainsi, définir la science semble se démarquer nettement de la philosophie et déjà
on a l'impression que la philosophie a perdu ses premières positions à cause du
développement de la science.
Auparavant, la philosophie prétendait comparer la
science parce que cette dernière n'avait pas encore exploré certains domaines du
connaissable.
Désormais la philosophie se présente nous pour dire faire mais
pour questionner ou interroger.
Une telle préoccupation est prise en charge par
Dominique Lecourt lorsqu'il affirme « Les philosophes se donnent comme tâche
de mettre en œuvre l'ensemble des argumentations qui prétendent justifier
rationnellement les pratiques qui engagent les hommes dans leurs existences
individuelles et collectives ».
C'est ainsi que la pensée techno scientifique
interpelle la philosophie d'autant plus que ces pratiques ne comportent pas
seulement que des bienfaits pour l'humanité.
Edgar Morin souligne à ces propos
que la science progresse comme connaissance mais ses conséquences sont
souvent meurtrières et catastrophiques.
On sait jusqu'au plus humbles informés
que l'humanité est exposée par rapport aux dérives techno scientifiques.
C'est
dans cette perspective que Jean Rostand a pu faire le constat suivant « la science
a fait de nous des dieux avant que nous méritions d'être des hommes ».
Il y a
également d'autres découvertes et application biotechnologique qui constitue
également autant de violation des droits et de la dignité de la personne humaine.
Pierre Fougeyrollas dis à ses propos « l'homme devient un autre, c'est un fait,
devient-il un autre homme ou un être autre que l'homme ».
De toutes façons,
c'est le projet hallucinant de José Delgado qui est partisan d'une société psycho
civilisée, car pour lui « la question philosophique n'est plus qu'est-ce que
l'homme ? Mais quel genre d'homme devrons nous fabriquer ? ».
À travers la
sélection réalisée à partir de l'excellence d'un code génétique, il est désormais
possible de nourrir le fantasme d'un « enfant parfait ».
Ce qui démontre encore
une fois les nouvelles prérogatives de l'homme qui a de plus en plus le pouvoir
de contourner la fatalité et d'avoir une certaine maîtrise sur son destin.
D'ailleurs, l'homme exprime de plus en plus de nouvelles exigences surtout dans
le domaine de la chirurgie plastique.
C'est dans ce contexte que Michel Foucault
a laissé entendre « le médecin ne demandera plus aux patients où avez-vous
mal, mais que désirez-vous ».
À travers cette analyse on voit que l'humanité est en train de s'engager dans une
sorte de pente et de cette pente dépend de la promotion ou de la décadence de
l'humanité.
C'est pour toutes ces raisons que Jacques Testart prône une exigence
d’autolimitation du chercheur qui doit opérer des choix éthiques en amont de
toute découverte scientifique.
Autrement dit il va falloir interposer entre le dire et
le faire.
Au total, on remarquera que la pensée techno scientifique semble
triompher à bout de l'expression de certains besoins mais parallèlement, elle a
fait naître des questions sans réponses et des problèmes sans solutions.
Ce qui
accroît davantage l'angoisse existentielle de l'homme.
La pensée techno
scientifique étant dépourvu de critères d'appréciation lui permettant de résoudre
les problèmes de la déshumanisation et de l'humanisation, la philosophie comme
effort d'élucidation de cette angoisses causées par la biotechnologisassions de
l’existence, va chercher à comprendre pourquoi l'homme court il à sa perte en
s’aliénant autant dans son dire que dans son faire.
3) La science comme voie d’accès à la certitude.
-Les principales approches du réel.
Les différentes approches du réel ont su montrer que la connaissance scientifique
est le résultat d’un large processus d’interprétation et de déchiffrement
systématique du grand livre du monde, la nature étant écrite en langage
mathématique selon Galilée.
Ainsi, de la connaissance sensible à la connaissance
expérimentale en passant par la connaissance mystique ou mythico magique on
en arrive à un discours actionnel qui se fonde sur un système hypothéticodéductif : il s'agit d'émettre des hypothèses et d'en tirer des conséquences
logiques qui seront ensuite soumises à l'expérience afin d'en vérifier la validité :
c'est déjà la naissance de la science moderne.
Par ailleurs, R la découverte d'un phénomène nouveau peut provoquer la remise
en question d'un système jusque-là admis et l'hypothèse d'un nouveau système
en contradiction avec le système précédent.
Un tel phénomène est appelé par
Gaston Bachelard « rupture épistémologique ».
Il convient de préciser que c'est
grâce à ces ruptures qu'il est possible d'envisager le progrès en sciences
4) Comment la méthode scientifique exclue certaine vérité du
fait même de sa méthode ?
-La science et l’esprit scientifique
La connaissance scientifique obéit à des critères identifiables qui lui confèrent le
statut de scientificité.
Ces critères sont les suivants : objectivité, rationalité,
universalité, neutralité…
L’histoire des sciences peut-être analysé comme l'histoire d'une révolution
permanente et de bouleversement successif.
C'est dans cette perspective que
Thomas Kunh va retenir de cette histoire mouvementée de l'histoire de la science
deux moments essentiels : «....
»
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