La Sainte-Alliance:«Au nom de la Très Sainte et Indivisible Trinité.

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>> 1815 Les souverains européens n'oublient pas que la tourmente révolutionnaire et les conquêtes napoléoniennes ont fait chan­ celer les trônes.

Si l'ordre ancien est res­ tauré en Europe, il faut le consolider en le parant de justifications doctrinales qui s'opposent aux idéaux révolution­ naires.

On fait appel à la théologie pour soutenir les notions de légitimité, de hié­ rarchie et d'obéissance.

Dans cet esprit et, dit-on, sous l'influence des exhorta­ tions mystiques de la baronne de Krüde­ ner, le tsar Alexandre 1er rédige le pacte de la Sainte-Alliance, auquel souscrivent également, le 26 septembre 1815, le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche: «Au nom de la Très Sainte et Indivisible Tri­ nité...

les trois monarques demeureront unis par les liens d'une fraternité véri­ table et indissoluble ...

ils se prêteront en toute occasion et en tout lieu assistance, aide, secours, se regardant envers leurs sujets comme péres de famille ...

les trois princes alliés ne s'envisageant eux­ mêmes que comme délégués de la Provi­ dence pour gouverner trois branches d'une même famille.,.

Ce texte étonne les diplomates réalistes.

Metternich le qualifie de «monument vide et sonore,.; Castlereagh y voit un «document de mysticisme et de sottise sublimes,..

L'adhésion à la Sainte­ Alliance est proposée aux autres chefs d'Etat.

Seuls l'Angleterre, les Etats-Unis et le pape refusent d'y souscrire.

La France y est secrètement admise le 19 novembre 1815, à la veille de la signatu­ re de la Quadruple-Alliance, conclue à l'initiative de Castlereagh pour imposer le respect du traité de Paris.

Au-delà des principes nébuleux de la Sainte-Alliance, Alexandre nourrit un dessein plus concret: instaurer un con­ cert international dans lequel le dyna­ misme naval de l'Angleterre serait con­ trebalancé par celui des autres puissan­ ces maritimes.

Dans la Quadruple­ AUiance, en effet, les partenaires de l'Angleterre sont surtout des puissances continentales qui ne peuvent s'opposer à ses ambitions maritimes.

A l'occasion des congrès internatio­ naux, la diplomatie anglaise réussit à limiter à la seule Europe l'application de la Sainte-Alliance.

Quant au pacte à quatre -devenu Pentarchie par la réin­ tégration de la France dans la commu­ nauté européenne -, il contribue à res­ serrer les liens entre les trois monarques absolus; mais la Sainte-Alliance ne va plus guère servir qu'à maintenir l'ordre réactionnaire en Europe orientale.

On confond souvent la Sainte-Alliance, simple pacte mystique, avec l'organisa­ tion de sécurité collective mise sur pied par les traités et qui est la substance de la politique internationale réactionnaire des années 1815 à 1848.

Dans l'esprit d'Alexandre 1••, la Sainte-Alliance de­ vait simplement symboliser la solida­ rité des puissances chrétiennes pour promouvoir la justice et la paix. 2 / 2. »