La rhétorique est elle un art?

« Eva Hivart Corax en -465 après avoir publié un art oratoire : le technè rhétorikè , qui est un recueil de préceptes pratiques donne la première définition de la rhétorique comme « créatrice de persuasion ».

Puis, en -485 Gorgias , un sophiste, qualifie la rhétorique de proprement littéraire et esthétique, il a mis la rhétorique au service du beau.

Or, Aristote s’oppose à Corax et Gorgias , il place la rhétorique sur l’axe de la vérité.

La rhétorique, est-elle un art ? Dans un premier temps, nous verrons que la rhétorique est un art à part qui tire du vraisemblable, mais nous verrons qu’au contraire selon Platon la rhétorique est caractérisée comme un art illusoire, qui favorise la tromperie. Selon Aristote, la rhétorique est un art à part, car un art se doit d’avoir un objet spécifique comme par exemple, pour la médecine, la santé pour l’équitation, le cheval… Or, les règles de la rhétorique ne s’appliquent pas à un genre d’objet spécifique.

La rhétorique n’a pas d’objet spécifique ni un domaine défini d’application, mais une action de persuader.

Selon Gorgias , l’objet de la Rhétorique est le discours : « La rhétorique ne comporte aucun travail des mains et que tous ses actes et tous ses effets sont produits par des discours.

Voilà pourquoi je prétends que la rhétorique a pour objet les discours », il affirme par ailleurs que ces discours traitent « les plus grandes de toutes les affaires humaines, Socrate, et les meilleures.

» Il dit que cette persuasion est celle qui se Produit dans les tribunaux et dans les autres assemblées, et qu’elle a pour objet le juste et l’injuste. Cependant, elle est tout de même qualifiée d’art cert à part, mais d’art, car elle propose des règles, des techniques qui permettent d’atteindre son but qui est de persuader en effet, on peut travailler son élocution comme la pureté, la clarté, la netteté, l’élégance, la correction du langage enfin la bienséance, la convenance du style avec le sujet et la prononciation.

On peut aussi gagner en puissance persuasive lorsque son argumentation est parfaitement construite « toute la puissance, la tactique de l’orateur se divise en cinq parties » qui sont inventio , dispositio , elocutio , memoria et pour finir actio .

Mais malgré toutes ces techniques et règles, certaines qualités semblent s’acquérir beaucoup plus difficilement par exemple selon Quintilien réduire l’art oratoire à des règles et des principes qu’il suffirait d’appliquer, c’est tuer le principe de l’art.

La rhétorique, l’art oratoire se réinvente sans cesse en effet l’orateur est un artiste qui doit se réinventer sans cesse lui aussi en bref, il doit user de moyens d’autant plus efficaces que personne ne les attendait.

Pour arriver à cette fin la persuasion, les apports des traités et leçons de rhétorique ne suffisent pas.

Il est utile de faire attention à a la conception d’art qui diffère, lorsque Aristote parle d’art, et lorsque Emmanuel Kant parle d’art, ils n’évoquent pas la même chose.

Au 18e siècle apparaît la différence entre techné et les Beaux-arts.

La techné est l’ensemble des productions qui ne contiennent pas leur principe d’être dans leurs êtres par exemple tout simplement une chaise, le principe d’être de cet objet ne réside pas dans l’objet lui-même, mais dans son créateur.

Les beaux-arts sont associés à la nature.

Par exemple, un arbre pour Aristote possède dans son être son principe d’être (âme).

Donc pour que les principes d’être advienne au sein de l’objet « technique », il faut proposer des règles au producteur.

La rhétorique n’est pas le produit d’une techné elle semble réclamer certaines qualités propres aux beaux-arts du 18e siècle.

Selon Cicéron, l’éloquence est naturelle, elle n’est pas le produit d ’une technè « ce n’est pas l’éloquence qui est un produit de l’art, mais c’est l’art qui est venu à la suite de l’éloquence ».

La rhétorique est-elle un art ?. »