La représentation théâtrale d'un metteur en scène, si elle apparaît comme une récréation, tend-elle à faire de lui le deuxième auteur d'une pièce de théâtre ?
Publié le 20/12/2021
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«
Le théâtre est une forme vivante de la littérature.
Il est écrit pour être dit et joué.
En somme pour être mis en scène.
De ce fait, le metteur en scène doit tenir compte de
l’écriture proprement dite (il doit un respect absolu au texte et ne peut le retoucher), mais
il doit également s’intéresser à ce qui relève de la représentation théâtrale, c’est-à-dire
aux didascalies inscrites dans l’ œuvre et aux différents choix qui portent sur les acteurs,
l’espace scénique, l’accompagnement musical, les accessoires, le jeu de scène…
La représentation théâtrale d’un metteur en scène, si elle apparaît comme une
récréation, tend-elle à faire de lui le deuxième auteur d’une pièce de théâtre ? Jusqu’à quel
point ceux qui montent ces œuvres peuvent-ils respecter le texte en général ? Sur quels
éléments repose leur innovation, quelles en sont les limites ?
I/ Le metteur en scène et son statut de deuxième auteur
Le lecteur d’une pièce de théâtre peut, parfois, devenir « public ».
De la sorte, il
arrive que ce dernier assiste aux différentes transformations qui se produisent lors de la
transposition de l’ œuvre écrite à sa représentation.
À ce titre, il convient de dire que le
public est souvent convié à une double création littéraire et artistique.
Par ailleurs prendre
part à une lecture et assister à une représentation sont deux actes totalement distincts.
En effet, un drame produit sur support papier reste fixe et c’est la raison pour laquelle il
ne reste plus qu’à être reproduit, revisité par le metteur en scène.
Qui plus est, la
représentation peut être véritablement différente de la pièce écrite et faire apparaître le
metteur en scène sous les traits d’un deuxième auteur.
Le metteur en scène (quelque soit son époque) doit, dans une perspective de
recréation, respecter le texte.
Pour se faire, il procède à une lecture approfondie de l’ œuvre
mais également des didascalies qui indiquent plus ou moins les attentes de l’écrivain, à
des fins de créativité personnelle.
Prenons par exemple la pièce de Shakespeare : Roméo
et Juliette .
N’est-elle pas l’une des pièces qui a subi le plus de transpositions et de
transformations ? Il n’en demeure pas moins que l’essentiel (désiré par le dramaturge) a
été préservé.
Il s’agit invariablement de « deux familles, égales en noblesse, dans la belle
Vérone, (…).
Des entrailles prédestinées de ces deux ennemies, a pris naissance, sous des
étoiles contraires, un couple d'amoureux, dont la ruine néfaste et lamentable doit ensevelir
dans leur tombe l'animosité de leurs parents.
Les terribles péripéties de leur fatal amour
et les effets de la rage obstinée de ces familles, que peut seule apaiser la mort de leurs
enfants, vont en deux heures être exposés sur notre scène.
» Cette trame est reconstituée
fidèlement jusqu’au film de Baz Lurhmann (1997), pourtant tout le décor a été recréé et
la scène transposée dans une autre époque, véhiculant des m œurs différentes.
C’est
pourquoi nous pouvons dire qu’il y a eu de nombreuses adaptations de la pièce et en
conséquence de nombreux auteurs.
Toutefois, ils ont tous un statut de deuxième auteur.
II/ Les indications scéniques ou la difficulté de représenter librement la pièce
Les indications scéniques (ou didascalies) représentent un ensemble d’éléments
que le metteur en scène décide ou non de respecter.
Les didascalies ont pour fonction de
signifier aux interprètes le ton à prendre, le geste à faire, la place à adopter, au cours de
la représentation.
Ces indications, comprennent tout ce que l’auteur suggère
indépendamment du texte même qu’il a écrit.
Elles sont plus ou moins abondantes selon
les dramaturges.
Notons qu’au siècle classique et depuis l’Antiquité, les dramaturges sont
eux-mêmes les metteurs en scène de leur pièce.
Molière, comme ce fut le cas de Corneille
ou encore de Racine, écrivait dans l’unique dessein de représenter ses pièces sur scène,
de les « rendre présentes ».
Par la suite, ces didascalies ont informé de nouveaux metteurs
en scène des intentions de l’ œuvre, limitant ainsi leur intervention scénique.
En outre, les didascalies sont parfois tellement nombreuses que le rôle du metteur
en scène s’avère extrêmement délicat.
En effet, la transposition de l’ œuvre sur la scène
exige trop de paramètres auxquels il est impossible de répondre.
Le rôle du metteur en
scène s’efface donc dans certains cas, notamment dans les pièces de théâtre, dites « pièces
à lire », qui apparaissent au XIX esiècle.
La difficulté de représenter librement la pièce est
alors complète, c’est le cas par exemple de Lorenzaccio d’Alfred de Musset.
Ce drame en.
»
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