La religion
Publié le 05/12/2021
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Le mot religion vient du latin religio, dont le nuage sémantique est très riche : au sens propre : scrupule, conscience, engagement, obligation, puis par sens dérivé : crainte des dieux, sentiments religieux, croyances, superstitions, pratiques religieuses ; enfin caractère sacré, objet ou chose sainte (ou de culte), signe sacré, sainteté. Le sens latin du terme religio se comprend mieux quand on rappelle que la pratique religieuse romaine publique était très ritualiste, faite de rituels qui devaient être scrupuleusement exécutés, et recommencés depuis le départ en cas d'erreur[réf. nécessaire]. L'étymologie reste cependant incertaine et controversée depuis l'Antiquité.
* On dit volontiers que le mot vient du latin re-ligare, \"re-joindre\" ou \"re-lier\", compris généralement comme indiquant la relation de l'humain au divin, mais aussi des humains les uns aux autres, lien à la fois sur le plan de la cohésion sociale et sur celui de l'attachement affectif. Cet étymon est proposé par Lactance et Tertullien, mais il s’agit d’une signification tardive probablement fondée sur la confusion entre religo (de religio, avoir égard à quelque chose) et religo (de ligo, lier)[réf. nécessaire].
* Une autre voie est indiquée par Augustin d'Hippone, qui suggère l'étymologie archaïque suivante : relegere, \"relire, reprendre\", par opposition à neglegentia, \"négligence\". Pierre Legendre[3], s'appuyant sur les travaux de Émile Benveniste[4] et J. Scheid[5], argumente à son tour dans le sens d'une telle interprétation : « Le sens originaire du latin religio se situerait du côté du verbe legere (recueillir, qui a donné lire), non pas ligare (= lier).» En d'autres termes, une telle sédimentation du terme indiquerait que religio constitue une figure herméneutique magistrale de la société, un mode d'intellegibilité de la société sur le monde et sur elle-même[6].
* Chez Cicéron (De natura deorum, II, 10) on trouve religio, (scrupule), qui évoque le respect et la crainte face aux forces surnaturelles et le souci d’être scrupuleux dans l'observation des rites.
En Chine et au Japon, le mot religion est la combinaison de deux sinogrammes :
* 宗 shû (japonais) ou zōng (chinois), désignant à l'origine le temple (宀, le toit, la maison) d'où vient l'esprit (示, monition, influence spirituelle), et par extension un groupe uni par le culte des mêmes ancêtres,
* 教 kyô (japonais) ou jiào (chinois), signifiant \"enseignement\", \"école\"
Le terme shûkyô fut tout d'abord utilisé par les Japonais ; les Chinois l'empruntèrent au tout début du XXe siècle (zōngjiào).
Il évoque la transmission (kyô/jiào) d'un savoir, d'une tradition, de rites, de légendes constituant une sorte de catéchisme, au sein d'un groupe (shû/zōng). Le lien généalogique (lignées maîtres-disciples) qu'implique le sens originel de zōng reste important en Chine, où il joue un rôle plus déterminant que la nature exacte de l'idéologie pour le rattachement à une dénomination religieuse. Dans le Zen japonais également, la généalogie religieuse des maîtres est considérée comme une référence importante pour évaluer l'authenticité et la qualité d'une école[réf. nécessaire].
On comprend ainsi qu'il s'agit à la fois des croyances et des cultures d'un groupe humain et des pratiques qui en découlent.
L'étymologie montre que la religion relie l'homme à la divinité, et à ses racines originelles, et à la société où il évolue. Ces dimensions (ainsi que le rapport à la mort, implicitement présent dans les cultes des Lares) se retrouvent effectivement à l'origine des religions. Historiquement, dans les sociétés primitives, il n'y a pas de séparation entre le sacré et la société elle-même : la société n'a pas « une religion », c'est la nature même de la société qui est religieuse, la religion est coextensive à la société, et toutes les activités de l'homme qui prennent un aspect transcendant.[7]
L'évolution des civilisations a progressivement conduit à laïciser la plupart des activités de l'homme (écriture, art, législation, sexualité…) qui étaient initialement des actes sacrés. Parallèlement, les questions religieuses se sont marginalisées, et tendent à se spécialiser sur la spiritualité. Mais la religion ne se réduit pas nécessairement pour autant à une spiritualité personnelle et privée et elle peut parfois structurer la société ou influer sur les relations entre individus.
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