La question des loisirs

« La question des loisirs L'homme de la civilisation de demain, déjà née avec l'usine atomique et la nouvelle technologie, peut-il trouver son accomplissement et son bonheur dans le loisir? Il est difficile de répondre à une question ainsi posée, car des cas différents doivent être envisagés.

Les hommes dont le travail n'était qu'une corvée, travail répété, routinier, parcellaire, de l'opérateur sur machine semi-automatique, du monteur sur une chaîne d'assemblage, du petit employé de bureau, la femme qui durant des semaines, des mois, bobine ou fait le même jeu de soudures sur une chaîne de �|*4Xd4j[_ de télévision, n'ont pas grand-chose à perdre si le centre de gravité de leur vie se déplace du travail vers le non-travail.

En fait, pour beaucoup d'individus, ce dépla­ cement était déjà effectué.

Pour ceux qui manifestent un J prépon­ dérant, quel qu'il soit (et la liste en est pratiquement infinie ...

), il peut y avoir une restructuration naturelle de la personnalité.

Certains observa­ teurs prévoient même, dans la société de l'avenir, l'épanouissement d'un nouvel homme artisan, voué au façonnement patient et créateur des matériaux à l'aide d'outils manuels, un nouvel cc homo faber n ressuscité par les loisirs.

Mais l'ensemble des privilégiés, dont la personnalité bénéficie d'un > ou talent dominant, ne peut constituer qu'un îlot dans la multitude.

Pour celle-ci, il faut le reconnaître franchement, l'enjeu de la dignité dépend de la manière dont les sociétés de demain parviendront (ou ne parviendront pas) à m,aîtriser la culture de masse qui, aux États-Unis ·et en Europe et même dans les pays économiquement sous-développés, tend. »