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La psychocritique de Charles Mauron

Publié le 17/05/2020

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« LA PSYCHOCRITIQUE DE CHARLES MAURON ____________________________________________________ Au début de l'ouvrage qu'il consacre à Racine et qu'il nomme L'inconscient dans l'œuvre et la vie de Racine [1], Charles Mauron expose les principes d'une nouvelle méthode critique qu'il a mise au point et qu'il appelle Psychocritique.

Fortement inspirée et nourriepar la psychanalyse de Freud, le terme de la psychocritique se fonde sur «l'idée que le tempérament d'un auteur se reflète dans sonœuvre» [2] ou plutôt qu'une «structure psychique» [3] détermine l'œuvre d'un auteur.

Méthode novatrice donc, la psychocritique n'en est pas moins critiquée et divise les opinions.

En effet et alors qu'elle parvient à certains résultats étonnants et convaincants, lesdétracteurs la condamnent sévèrement en soulignant que la méthode est excessivement arbitraire et réductrice.

Dans la polémique quientoure la psychocritique, nous avons pu voir que certains auteurs approuvent une partie de la méthode et en soulignent les qualités,mais que dès qu’elle semble tendre vers son but initial, ils la condamnent.

Nous allons donc tâcher dans ce travail, dans un premier detemps, de présenter la psychocritique, d'en dégager les points forts et les points faibles et d'en définir les limites en examinant lesrésultats de Mauron.

Dans un second temps, nous nous interrogerons sur les influences qu'a eues la psychocritique et les fruits qu'unetelle méthode a apportés à l'univers de la critique.

Pour terminer, nous nous demanderons s'il est vraiment possible de lire les œuvreslittéraires à travers l'outil psychanalytique de Freud. Le terme de psychocritique apparaît en 1948 sous la plume de Charles Mauron, traducteur et critique littéraire.

La méthode dela psychocritique est à envisager à la lumière d'un postulat central émis par Freud.

En effet, pour comprendre l'essence du travail dupsychanalyste et in extenso celui de Mauron, il faut admettre l'existence d'un inconscient créateur.

Sitôt ce postulat admis, Mauron propose de ''superposer'' les œuvres d'un auteur et d'en dégager les structures semblables.

En d'autres termes, il explique que «lesdiverses œuvres d'un écrivain se confondent en une œuvre unique; situations et personnages perdent leurs contours nets, sedéforment et se reforment, pareils aux figures d'une eau mouvante» [4].

Il s'agit ensuite de repérer les réseaux obsédants qui permettront à Mauron d'établir le profil de la personnalité de l'auteur en question.

Robert Georgin synthétise cette étape en expliquantqu'«abolie la rationalité du discours, on voit surgir de poème en poème le retour des mêmes images obsédantes.

Ces imagess'organisent en «réseaux associatifs» et dévoilent petit à petit le soubassement inconscient de l'œuvre parfois fort éloigné du proposdélibéré de l'auteur» [5].

C'est d'ailleurs ce réseau d'images obsédantes qui permettra d'établir ce que Mauron appelle «le mythe personnel».

Le «mythe personnel», présenté sous la forme «d'un groupe de mythes, expression imagée de la structure affectivepropre à l'auteur» [6], pourrait se résumer comme étant un fantasme obsédant survenant au moment de l'écriture.

Finalement, une vérification finale vient appuyer les résultats obtenus grâce à la superposition.

Cette dernière étape consiste, en fait, à se plonger dansla biographie de l'auteur afin de vérifier s'il a été victime de la névrose précédemment descellée.

Ainsi, comme l'écrit Mauron: «c'estalors seulement, et à titre de vérification que nous aborderons la vie de l'écrivain» [7]. Souvent critiquée, la psychocritique recèle pourtant de nombreux points forts.

Notons premièrement que la méthode estnovatrice et se démarque des processus antérieurs de critique.

En effet et pour la toute première fois, la théorie psychanalytique deFreud est transposée dans l'univers littéraire.

C'est d'ailleurs ce que Mauron souligne plusieurs fois en mettant l'accent sur le fait que«l'analyse médicale va du matériel à l'homme [tandis que] la psychocritique va du matériel au matériel, en passant par l'homme» [8]. On peut dès lors supposer qu'utilisant la psychanalyse comme base et sachant qu'aucune autre méthode critique n'a utilisé cet outiljusqu'ici, des résultats tout-à-fait intéressants et nouveaux peuvent surgir. Deuxièmement et selon Doubrovsky, «la psychocritique est sans conteste un des instruments les plus subtils et les plus sûrs dontpuisse se doter la phénoménologie littéraire» [9].

En effet, la méthode de Mauron est d'une extrême subtilité lorsqu'il s'agit de dégager les différentes structures que renferme l'œuvre d'un auteur.

Se confondant presque avec une méthode purement structuraliste commele rappelle Doubrovsky en écrivant que «la psychocritique de Mauron se présente comme une critique ''structuraliste-génétique''» [10] , la première étape de la psychocritique permet donc de dégager les fondements d'une œuvre, les systèmes qui font vivre l'œuvre. Pour terminer, tentons de mettre encore en lumière un dernier point fort de la psychocritique.

En effet, pour parvenir à établir «lemythe personnel» d'un auteur, la méthodologie de Mauron requiert une analyse de l'ensemble de l'œuvre de celui-ci, comme lerappelle Gérard Genette: L'unité de base de la signification psychocritique n'est pas un mot, un objet, une métaphore, si fréquents, si «obsédants» soient-ils,c'est un réseau, c'est-à-dire un système de relations entre les mots ou les images qui apparaît lorsqu'on superpose plusieurs textes du même auteur pour éliminer les particularités propres à chacun de ces textes et ne conservent que leurs articulations communes [11] . Alors que les critiques privilégient souvent l'analyse d'une seule œuvre, Mauron analyse chaque œuvre à la lumière des autres.

Ainsi,la psychocritique offre un panorama assez large de l'univers d'un auteur en ne s'attardant pas sur le contexte de la production maisplutôt sur la production elle-même: «Pour Mauron, (…) il s'agit à l'origine de comprendre et d'apprécier les textes comme textes, et lalittérature comme littérature (…)» [12] . Néanmoins, la psychocritique, malgré ses points forts, possède aussi des faiblesses.

La première qui nous intéresse est le fait qu’ellese veut forcément plus ou moins arbitraire.

En effet, pourquoi est-ce qu’un psychocritique s’intéresserait à tel ou tel auteur à la base ?Il faut se demander dans quelle mesure cette idée de ce que l’on veut trouver peut être préconçue.

Si elle l’est trop, alors risque estde tomber de perdre toute objectivité, comme le souligne Gérard Genette: Or, rien n’est moins certain que cette objectivité – et rien n’est moins scientifique que cette prétention.

Mauron reconnaît ailleurs que lapsychocritique renouvelle notre lecture des textes- et c’est, en effet, son plus précieux apport.

Mais il refuse d’admettre que cettelecture, comme toute lecture, soit déjà par elle-même un choix, et que les relations qu’il « découvre » entre les textes soient dans unelarge mesure des relations construites par son attitude de lecture. [13] D’ailleurs, Mauron, selon René Pommier, lorsqu’il s’intéresse aux pièces de Molière, se laisse aller à des superpositions arbitrairesahurissantes.

En effet, alors qu’il insiste sur le fait que sa méthode consiste à superposer les textes d’un même auteur, il a dans ce cassuperposé l’Avare, Tartuffe et Mithridate. Cette dernière étant une pièce de Racine, on voit transparaître son idée préconçue : la superposition avec Mithridate permet de mettre en lumière le fait que le personnage de Tartuffe peut être vu comme un fils et que la pièce peut être lue comme un renversement du mythe d’Œdipe : (…) ici, c’est Mithridate qui, directement ou par l’intermédiaire de l’Avare, permet d’apercevoir la véritable structure de Tartuffe. Et, à la pensée que, si, par malheur, Racine n’avait pas existé ou s’il était mort avant d’avoir écrit Mithridate, Mauron n’aurait peut-être jamais découvert qu’Harpagon et Orgon avaient en réalité deux fils, comment ne pas s’interroger sur une méthode qui ne permet de. »

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