La princesse Pauline de Metternich«Madame Chiffon».
Publié le 17/05/2020
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«Madame Chiffon»
Pauline Sandor a 20 ans lorsqu'elle épouse, en 1856, le prince Richard de Metternich, ambassadeur d'Autriche en
France.
La jeune femme devient rapide
ment l'une des femmes les plus en vue
de la haute société du second Empire.
Elle est de toutes les fëtes.
L'ambassade de la rue de Varennes devient l'un des
hauts lieux de la vie parisienne.
Pauline de Metternich y reçoit dans un luxe
éblouissant, au milieu d'une nuée de do
mestiques emperruqués et revêtus d'une
livrée chamarrée rouge et blanche.
Son salon jaune, rapporte un témoin, est
entre onze heures et minuit le seul lieu de Paris où l'on sent vivre l'esprit d'un
temps à la fois parisien et européen.
Mme de Metternich proclame qu'elle est «le plus laid des singes».
Un galant
homme remarquera qu'elle exalte la
beauté des autres.
«Elle n'est pas jolie,
mais pire», dit-on.
Mais sa pétulance
étourdit et charme.
Au reste, elle est
d'une élégance raffinée.
La cour copie
ses toilettes.
Le couturier Worth doit à
ses conseils ses plus étonnantes créa
tions.
La princesse est surnommée
«Ma dame Chiffon».
Elle lance la mode des
robes d'un vert acidulé qui deviendra la
couleur préférée des dames royalistes
pendant la guerre
de 1866.
Il n'est pas de réception où Pauline de Metternich ne brille.
Sa gaieté commu
nicative déroute les fâcheux.
Elle sait
manier l'impertinence avec un art in
comparable.
Elle use volontiers de l'argot pour apostropher ses invités avec
la gouaille des titis parisiens.
Les petits
jeux en vogue exercent son imagination
1836-1921
fertile et son sens de la représentation.
Elle aime participer aux tableaux
vivants dont le second Empire est friand
et ne dédaigne pas de choquer les pudi
bonds.
Son interprétation du «Diable à quatre», un ballet pantomime un peu
osé qu'elle a inspiré, provoque un petit
scandale.
Ses figurations vivantes des
charades déclenchent toujours le fou
rire dans l'assistance.
Pauline de Metter
nich anime à elle seule un palais.
Dans les fëtes de charité qu'elle organi
se, elle n'a pas son pareil pour forcer la
main des acheteurs par des bouffonne
ries.
Elle aime dérouter et on la dit un
peu folle.
Sans doute hérite-t-elle son
originalité de son père, le comte Sandor,
qui s'est tué en voulant, pour un pari,
sauter le Danube avec son drag attelé de quatre chevaux.
Ses excentricités dé
fraient la chronique et effarent les gens
rassis.
Certains
ne lui pardonnent pas
son succès.
On raconte sur elle les pires
horreurs.
On l'accuse de faire la loi à la
cour.
Les journaux s'en mêlent mais, à
travers
elle, c'est surtout l'Autriche
qu'ils veulent .atteindre.
Par sa frivolité
même, Pauline
de Metternich demeure
l'une des silhouettes les plus étonnantes de la fëte impériale.
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