La Princesse de Clèves: une beauté à la Cour
Publié le 07/01/2022
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Princesse texte 1 Au XVIIe siècle, la cour de Louis XIV est gouvernée par le divertissement et les apparences, mais aussi marquée par de grandes œuvres moralistes, dans lesquelles l’étude des comportements et des apparences est omniprésente. C’est le cas de La Princesse de Clèves, premier roman d’analyse psychologique à la croisée entre préciosité et classicisme. Mme de Lafayette, son autrice, est une personnalité littéraire de premier plan qui se lie avec les plus grands écrivains de son temps, notamment La Rochefoucauld. La Princesse de Clèves raconte différentes intrigues amoureuses au sein de la cour d’Henri II, au XVIe, et notamment celles de Mlle de Chartres, jeune fille qui éblouit toute la cour par sa beauté et son esprit, du fait de son éducation exemplaire faite par Mme de Chartres. Cet extrait présente l’arrivée de Mlle de Chartres dans la cour du roi et le premier portrait de Mme de Lafayette dans ce roman. Pbtique : Comment ce 1er portrait idéalisé de l’héroïne met-il en place une réflexion didactique sur l’éducation morale et sa confrontation au milieu mondain ? I - Le portrait − 1 re phrase en rupture avec ce qui précède : passé simple + connecteur « Alors » − Forme impersonnelle retarde et met en valeur le sujet logique « une beauté » : métonymie sans nom propre : aura mystérieuse − fait penser à une héroïne de conte de fée : incarnation d’une perfection, d’un idéal irréaliste − registre épidictique : polyptote beauté / belle, adjectif « parfaite » − importance du lexique du regard : parut, attira les yeux, admiration, voir : entrée spectaculaire + théâtre + dit déjà que l’héroïne ne pourra échapper aux regards ou disposer d’une intimité dans cette société du paraître et de la rumeur à laquelle rien n’échappe, qui se comporte comme un public permanent − présence insistante du narrateur : modalisateur « on doit croire » + expression de la cause « puisque » > argument logique qui cherche à convaincre le lecteur − superlatif : importance du statut social − énumération ternaire hyperbolique sur les qualités de la mère > correspondance étroite, dans les représentations de cette société, entre qualités esthétiques et morales et noblesse du rang
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Princesse texte 1
Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire
que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si
accoutumé à voir de belles personnes.
Elle était de la même maison que le vidame de Chartres, et
une des plus grandes héritières de France.
Son père était mort jeune, et l’avait laissée sous la
conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient
extraordinaires.
/// Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la
cour.
Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l’éducation de sa fille ; mais elle ne
travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté, elle songea aussi à lui donner de la vertu
et à la lui rendre aimable.
La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de
galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner : Madame de Chartres avait une
opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce
qu’il a d’agréable, pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux ;
elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité ; les malheurs
domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d’un autre côté, quelle
tranquillité suivait la vie d’une honnête femme, et combien la vertu donnait d’éclat et d’élévation
à une personne qui avait de la beauté et de la naissance ; mais elle lui faisait voir aussi combien il
était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même, et par un
grand soin de s’attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d’une femme, qui est d’aimer son
mari et d’en être aimée.
///
Cette héritière était alors un des grands partis qu’il y eût en France ; et, quoiqu’elle fût dans
une extrême jeunesse, l’on avait déjà proposé plusieurs mariages.
Madame de Chartres, qui était
extrêmement glorieuse, ne trouvait presque rien digne de sa fille.
La voyant dans sa seizième
année, elle voulut la mener à la cour.
/// Lorsqu’elle arriva, le vidame alla au-devant d’elle ; il fut
surpris de la grande beauté de mademoiselle de Chartres, et il en fut surpris avec raison : la
blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à
elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de
charmes..
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