La Princesse de Clèves, Madame de la Fayette : fiche de lecture détaillée
Publié le 27/08/2021
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Chronologie et lieux : L’année 1559 marque en France le tournant capital à l'intérieur du XIXème siècle après l'éclat de règne de François Ier (1515-1547) et d'Henri II (1547-1559). La mort accidentelle du roi plonge le pays dans un sinistre crépuscule. Pendant 30 années vont se succéder 8 guerres de religion entre catholiques et protestants. De plus, cette année est riche en événements spectaculaires : le 17 novembre 1558 en Angleterre meurt Marie Tudor tandis que Élisabeth monte sur le trône ; Le 3 avril 1559 vaut la signature de l'important traité de paix du Cateau-Cambrésis. La même année se succèdent 3 mariages royaux : parmi les fêtes liées aux 2 derniers figurent le tournoi au cours duquel le roi sera grièvement blessé (le 30 juin) avant de mourir le 10 juillet. Enfin, le nouveau souverain François II est sacré à Reims le 21 septembre. Madame de Lafayette a lu de nombreux historiens et mémorialistes comme Brantôme. Les fêtes de la cour, dont certaines sont aussi des évènements politiques, scandent le récit : c’est au bal des fiançailles de Claude de France, fille du Roi, que l’héroïne rencontre le duc de Nemours. A la suite du traité de Cateau-Cambrésis, le mariage d’Elisabeth est célébré le, 22 juin ; le 28 juin ont lieu les fiançailles de Marguerite où Henri II est blessé à la tête par le jeune comte de Montgomery lors d’un tournoi. François II épouse Marie Stuart et la maison de Lorraine accède au pouvoir ; En novembre, une escortes de gentilhomme raccompagne Elisabeth en Espagne : c’est la dernière entrevue de la Princesse de Clèves et Nemours. Les lieux romanesques sont généralement peu nombreux, outres évocations fugaces correspondant à l’atmosphère de raffinement et de luxe (joailler, boutique de soie). L’ensemble du récit oscille entre la Cour, lieu mobile (Paris, Blois…) et ambigu et la Retraite, elle aussi mobile (dans la solitude, à la campagne, dans le cabinet). A l’ouverture de la cour répond le final sur la retraite, annoncée par 11 ralentis réflexive disséminés au cours du récit, où la princesse esquisse ce qui deviendra en un sens religieux la « fuite du monde ». La cour, avec son étiquette contraignante et l'exposition au regard oriente aussi vers une réflexion sur la distance entre notre vie véritable et l'obligation de jouer au moins en partie le rôle social qui nous est échu. Première partie : (Chronologie : Fin 1558) La première partie s’ouvre sur une sorte d’introduction, à la façon d’une exposition élogieuse de la cour (« Jamais Cour n’eut tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits ; et il semblait que la nature eût pris plaisir à placer ce qu’elle donne de plus beau dans les plus grandes princesses et dans les plus grands princes » l. 37). Elle pose le cadre historique, les négociations de paix. Cette présentation se conclut par la phrase « l’assemblée se rompit à la fin de novembre, et le Roi revint à Paris » (L. 234). Cette première partie plante le décor : la cour d’Henri II, ses intrigues, la focalisation sur le personnage principal de l’œuvre, son mariage (nœud de l’action), sa rencontre avec le Duc de Nemours, et finalement le décès de Madame de Chartres. Ce dernier élément va accélérer l’action puisque la princesse devra se débrouiller seule, sans les sages conseils que sa chère mère lui a toujours prodigués jusque-là. Dans ce roman d’analyse psychologique, l’analyse est un moyen de progression : analyse de la Cour et de ses composantes, analyses psychologiques des protagonistes, surtout. Ainsi, la fonction de ce premier acte consiste non seulement à accoutumer le lecteur à l’environnement de la Cour et ses personnages mais également à annoncer la suite du récit. Le roman s’ouvre à l’automne 1558. Autour du roi Henri II, alors âgé d'à peine 40 ans, gravite une cour brillante qui multiplie fêtes et spectacles. L’épouse d'Henri II, Catherine de Médicis semble résignée à la présence de la maîtresse du souverain, Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois depuis 1748. L’histoire s’ouvre sur une description détaillée de la Cour de France qui informe le lecteur sur l’identité des notables de la Cour, ainsi que des intrigues qui s’y déroulent. La cour est divisée en deux clans : d'un côté celui de la maîtresse du roi, la duchesse de Valentinois, et des Montmorency ; de l'autre celui de la reine, Catherine de Médicis, et des Guise. En toile de fond les négociations de la paix de Cercamp s'accompagnent de mariages princiers avec l'Espagne et la Savoie. On parle également d'un projet de mariage entre Elisabeth, reine d'Angleterre, et le duc de Nemours. L’ouverture, très travaillée, présente la cour et fait déjà entendre quelques-uns des thèmes majeurs qui se développeront ensuite : citation incisive sur l'être et le paraître qui annonce le règne des verbes « paraître » (134 fois), « cacher » (73), « sembler » (28), et croire (185) dans le roman. Le constat de l'impureté des actions humaines, du règne du désir de dominer et des amours médiocre ou encore le thème pascalien (lié au jansénisme) qui consacre les hommes au futile : dès cette ouverture se manifeste la séduction trompeuse des fêtes galantes. L’ironie presque purement lexicale fait hésiter sur le sens des mots entre le lumineux et le sombre : tel le cas de « galanterie », de « paraître » (éclat merveilleux ou faux-semblant ?), de « divertissement » et de « monde ». Mais Pascal n’éprouvait aucune complicité avec le faste et les amours : il n'en est pas de même des Précieuses, en particulier de Madame de Lafayette. Leur attitude est ambivalente, elles se déprennent difficilement du charme des fêtes de la séduction intense des amours alors même qu'elles en ressentent la folie et le danger. Puis, le personnage éponyme entre en action. « Il parut alors une beauté à la Cour, qui attira les yeux de tout le monde et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé de voir de belles personnes». (L.236-239) A la cour du roi Henri II au Louvre, à l’automne 1558, paraît pour la première fois Mlle de Chartres, âgée de 16 ans. C'était une jeune fille orpheline au caractère très vertueux, de par son éducation reçue par Mme de Chartres, sa mère. Cette dernière entreprend de l'éduquer de façon stricte et lui enseigne les préceptes de fidélité et de vertu ; elle la met en garde très jeune sur les dangers des sentiments amoureux tout en lui dépeignant les bons côtés de l’amour pur. A la Cour, Mlle de Chartres fait excellente impression, notamment auprès des hommes, comme le Chevalier de Guise et le Prince de Clèves, qu’elle rencontra chez un joaillier (l. 301-332 ; « Le lendemain qu’elle fut arrivée »). Le prince rend visite à la sœur du Roi et lui raconte sa rencontre avec Mademoiselle de Chartres et l’effet qu’elle a produit sur lui ; le lendemain est organisé une seconde rencontre entre le Prince et Mademoiselle de Chartres (l. 333-384 ; « Cette princesse était dans une grande considération… »). Madame de Lafayette peint le tableau d’une cour où règnent les intrigues et rivalités entre les proches de la Reine (Catherine de Médicis), ceux de la sœur du Roi, de la Reine Dauphine (Marie Stuart, qui a épousé le fils du Roi) et ceux de la Duchesse de Valentinois (Diane de Poitiers, favorite de Henri II, c’est-à-dire maîtresse du Roi). Ces conflits inquiètent Madame de Chartres qui veut protéger la vertu, l’honneur de sa fille. À cause de rivalités entre sa famille et celle de Mlle de Chartres, le Chevalier de Guise est empêché d’espérer se marier avec celle-ci. Le parent du Prince de Clèves semble s’opposer lui aussi au mariage de celui-ci avec Mlle de Chartres. Madame de Chartres, vexée, pense à marier sa fille avec le Prince Dauphin (c’est-à-dire le petit-fils du Roi), le meilleur parti de la Cour. Elle essaye d’organiser ce mariage avec la complicité de la Reine Dauphine et de son parent, le Vidame de Chartres. Évocation de Chastelart qui joue les entremetteurs avec M. d’Anville, dont on apprend l’amour pour la Reine Dauphine. Mais le mariage bute sur le refus du Roi qui a été averti par Madame de Valentinois. La Reine Dauphine explique à Mlle de Chartres ce refus qui est selon elle une vengeance qui fait suite à d’anciennes rivalités amoureuses entre sa mère, les Médicis et Madame de Valentinois. Le prince de Clèves, dont la rivalité avec le chevalier de Guise est maintenant amorcée (l. 385-434 ; « Le Chevalier de Guise et lui, qui étaient amis, sortirent… ») fait part de ses sentiments à Mlle de Chartres, puis fait officiellement sa demande en mariage (l. 627-721 ; « Personne n’osait plus penser… »). Mlle de Chartres consentit à ce mariage de raison, bien qu’elle n’éprouvât cependant aucune attirance envers son fiancé (L.602-605). M. de Clèves s’en accommode mais eut bien de la peine en constatant ce manque de sentiments. Mlle de Chartres devient la Princesse de Clèves : l.749-786 : « Ce mariage s’acheva… ». Le Prince, malgré le mariage et l’attitude irréprochable de la Princesse à la Cour où elle pourrait être courtisée, éprouve une jalousie qui le ronge (cette jalousie douloureuse qui naît est essentielle, elle va se développer, s’aggraver durant tout le roman). Lors du bal donné en l’honneur des fiançailles du Duc de Lorraine, Mme de Clèves rencontra le duc de Nemours et ressentit une grande passion ce prince de grande réputation dans toute l’Europe (présentation de Nemours qui avait passé la première partie du roman à Bruxelles, l.724-778) Comme le roi les incita à danser ensemble, ses sentiments s’embrasèrent. C’est une scène de coup de foudre. Mais, Mme de Chartres, qui s’en aperçut malgré le fait que sa fille tendait à les cacher, lui intima l’ordre de refouler ces sentiments, ce qu’elle s’efforça de faire. En outre, la Princesse est témoin de l’amour du Roi et de Madame de Valentinois, sa favorite (c’est important : ils sont un exemple d’amour réciproque pour la Princesse, qui va éclairer ses sentiments et qui annonce la suite de l’intrigue). La Princesse reproche à sa mère, à qui elle demande de la renseigner, de ne pas l’avoir instruite des relations amoureuses à la Cour. Madame de Chartres, dans une longue digression, raconte à sa famille toute l’histoire de Madame de Valentinois et de ses amours, sous le règne de François 1er, dont elle fut la maîtresse avant que d’être celle de son fils, Henri II (« Si vous jugez sur les apparences en ce lieu-ci, répondit Madame de Chartres, vous serez souvent trompée : ce qui paraît n’est presque jamais la vérité. »). Un bal est annoncé chez le Maréchal de Saint-André. Un soir, on rapporte à la Princesse les propos de Nemours, qui a exprimé ses sentiments sur le bal et son désarroi d’y voir la femme qu’il aime. La Princesse décide de ne pas aller au bal du Maréchal sous prétexte que celui-ci l’aime et veut en faire sa maîtresse (en réalité, elle ne veut pas y aller parce que Nemours n’y sera pas). Elle feint d’être malade. La feinte de la Princesse est devinée le lendemain du bal par la Dauphine, devant sa mère et Nemours qui devinent tous deux l’amour que celle-ci ressent pour lui, malgré l’alibi confirmé par Madame de Chartres (l.1178-1332). Puis Madame de Chartres essaye de dissuader sa fille de continuer de voir le Duc de Nemours sous prétexte qu’il a avec la Dauphine une relation galante (« L’on ne peut exprimer la douleur qu’elle sentit de connaître, par ce que lui venait de dire sa mère, l’intérêt qu’elle prenait au Duc de Nemours »). La Princesse est sur le point de tout avouer à sa mère, mais celle-ci tombe malade ; elle se rend chez la Dauphine qui raconte comme elle trouve le Duc de Nemours changé. La Princesse pense que ce changement est dû, comme le lui a dit sa mère, à ses sentiments pour la Dauphine, mais celle-ci la détrompe. Madame de Chartres est gravement malade, ce qui donne à Nemours l’occasion de lui rendre visite et de voir la Princesse, que l’amour qu’elle ressent trouble, entre douceur et douloureuse culpabilité. Madame de Chartres se meurt ; derniers conseils à sa fille sur la conduite à tenir vis-à-vis du Duc de Nemours (l. 1381-1509 ; « Elle alla le lendemain… »). Après le décès de cette dernière, et pour lutter contre ses sentiments devenus très forts envers le duc de Nemours, Mme de Clèves se retira à la campagne (l. 1510-1582 ; « Madame de Clèves était dans une affliction… »), en réponse à la promesse faite à sa mère mourante, qui la supplia de ne pas succomber aux sentiments qu’elle portait au duc de Nemours. Son époux reste quelques jours à Paris, le temps de réconforter un ami, M. de Sancerre avant de retrouver Mme de Clèves à la campagne.
«
Lettres TC – Œuvre n°1 – XVIIème siècle
La Princesse de Clèves , Madame de Lafayette
(1678) :
1.
Présentation de l’auteur :
MADAME DE LAFAYETTE (1634-1693) :
« La femme du monde qui a le plus d’esprit et qui écrit le mieux » , Boileau .
Nom de jeune fille : Marie-Madeleine Pioche de la Vergne
Origine : Famille provinciale du Havre, qui possède un hôtel particulier à Paris.
Tôt orpheline, sa mère
se remarie avec Renaud de Sévigné (oncle de Mme de Sévigné).
Chronologie :
1652 : Exil en province (Renaud de Sévigné compromis dans les Frondes)
1655 : Elle se marie, à 21 ans, avec François de Lafayette (veuf, 38 ans), le suit en province où ils ont
des enfants (2 fils).
1657 : Retour à Paris où elle recommence une carrière tout en s’investissant dans l’éducation de ses
enfants.
Elle ouvre un salon dans l’hôtel de famille.
1670 : À 36 ans, elle va vivre une retraite (influence janséniste)
Fréquentations :
- Gilles Ménage (rencontre dans les années 1650)
- La Rochefoucauld (amitié intense et co-écritures)
- Deux théoriciens du roman : Daniel Huet et Jean Regnault de Segrais
- Deux reines importantes : Anne d’Autriche (mère de Louis XIV) et Henriette d’Angleterre (nièce de
Louis XIII)
Œuvres :
1662 : La Princesse de Montpensier : Histoire d’amour dans un cadre historique.
« Brouillon » de La
Princesse de Clèves .
1670 : Zaïde (2 volumes successifs)
1678 : La Princesse de Clèves.
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