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La poésie doit elle nécessairement embellir le monde réel ?

Publié le 09/12/2021

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Le soin accordé au choix des mots passe souvent par la recherche de sens rares ou de néologisme ( on a donc un travail sur le sens même des mots) : Ex : « Soleils Couchants » de Verlaine où le poète opère à une remotivation du sens du mot « aube » en l'associant au coucher du soleil : Une aube affaiblie Verse par les champs La mélancolie Des soleils couchants. Le mot peut aussi être mis en valeur par des figures de style comme l'anaphore, l'oxymore, le chiasme etc... et bien sûr, la métaphore qui se présente comme la figure de style par excellence du genre poétique.   2)      La musicalité : fondatrice de la beauté poétique   La musicalité apparaît comme ce qui fonde le genre poétique, et comme la meilleure mise en valeur des mots. La poésie est donc musique, comme l'affirme Verlaine dans son Art poétique en réclamant « De La Musique avant toute chose ». On note une importance du rythme et de la rime dans la tradition poétique. La poésie est marquée par l'oralité et la musique de ses origines puisque la recherche de rythmes particuliers, comme l'utilisation des vers, et d'effets sonores, comme les rimes, avait une fonction mnémotechnique pour la transmission orale primitive. La poésie est placée à la fois sous l'égide d'Apollon (dieux des arts, jouant de la lyre et patron des Muses) et d'Orphée (symbolisant la musique avec sa flûte). C'est la musicalité qui crée souvent la poésie et la beauté de certains textes prosaïques tant par leur forme que par leur fond. Cf. la définition baudelairienne du poème en prose dans le Spleen de Paris : « une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ».

« Analyse du sujet et problématisation :Le sujet porte sur les fonctions de la poésie.

La poésie est un genre littéraire très ancien aux formes variées qui se constitue aussi bien en vers qu'en prose et dans lequel l'importance dominante est accordée à la "forme.

Lemot poésie vient du grec poiein qui signifie « faire, créer » ; le poète est donc un créateur de mots, un inventeur de formes expressives qui démultiplie la puissance de signification des mots par son travail. L'adverbe « nécessairement » signifie que la poésie aurait pour fonction indispensable et obligatoire d'embellir le monde réel : il implique une discussion et un débat autour de cette thèse. Le verbe « embellir » pose problème ici car il fait référence à divers types de poésie.

Par embellir, on peut entendre l'idée de la poésie comme simple ornement, ou l'idée d'une poésie ne retenant que les apparences belles dumonde (idée d'une beauté thématique), ou l'idée d'une poésie révélatrice d'une beauté insondée et inattendue. Par « monde réel », on entendra ici le monde dans lequel vivent les hommes (la réalité sociale, politique, culturelle), par opposition au monde imaginaire dans lequel errent les écrivains et les poètes. Problématique : La poésie a-t-elle pour véritable fonction de rendre la réalité plus belle ? I) Si la poésie peut embellir la réalité 1) La poésie : une invitation à un beau voyage La poésie, art placé sous l'égide du dieu Apollon et des muses, a une fonction esthétique indéniable ; son but, plus que tout autre genre littéraire semble la recherche du beau.

Ainsi le poète cherche-t-il à donner une visionsublimée de la réalité, en invitant son lecteur à un voyage idéal, parmi les beautés du monde réel.

C'est pourquoicertains thèmes apparaissent souvent comme plus poétiques que d'autres, car il permettent de montrer le monderéel sous son meilleur jour.

Ainsi la poésie a-t-elle longtemps été réduite à une fonction purement ornementale ou ades thèmes récurrents tels l'amour ( cf.

des poètes élégiaque de l'antiquité, aux poètes de La Pléiade et auxRomantiques) la beauté de la nature (dans le Romantisme) 2) Le poète : un transfigurateur du quotidien et un découvreur de merveilles La poésie a pour fonction de transfigurer le quotidien, en proposant une évasion de la morosité de certains aspects de la réalité.

Le poète se présente donc comme un transfigurateur du quotidien et un découvreur demerveilles.

La poésie vise à une transfiguration de la réalité par le langage, par le pouvoir des mots.

Elle a unefonction métaphorique et une puissance d'évocation qui tendent à transporter le lecteur dans un monde imaginaire.Elle cherche donc à transcender le monde quotidien par les images qu'elle invente.

La poésie est donc souvent une« invitation au voyage », pour reprendre le titre du poème Baudelairien. Ex : Etudier le poème de Baudelaire « L'invitation au voyage » véhiculant un exotisme sensuel.

Cette dimension artistique de la poésie est aussi traditionnellement associée au " don de poésie ", c'est à dire à une fonction quasi divine du poète inspiré, en relation avec le sacré, qui se présente comme un décodeur del'invisible, éclairant les hommes sur les vérités du monde. Ex : Rimbaud et sa conception du poète-voyant : le poète, « voleur de feu » et déchiffreur de l'inconnu.

(étudier ici la Lettre à Paul Demeny, dite « Lettre du Voyant ») II) Elle peut aussi refléter la vérité souvent triste et laide du monde réel La poésie est souvent un reflet fidèle de la réalité la présentant sans détour dans ce qu'elle a de plus triste et de plus atroce. 1) La poésie lyrique : une évocation des moments marquants de la vie La tradition lyrique fait souvent de la poésie le lieu de l'évocation des grands moments et sentiments de la vie.

Le poète lyrique transmet son expérience personnelle mais, à travers celle-ci, il vise une expérience universelle :« quand vous je parle de moi, je vous parle de vous » affirme Victor Hugo dans la préface des Contemplations .

Les grands thèmes lyriques sont souvent tristes et présentent la réalité et la vie comme désespérante, tels le désespoiramoureux, le rapport au temps et à la mort. Ex :· La poésie ronsardienne : l'évocation de la blessure amoureuse dans « comme un chevreuil » ( Les Amours de Cassandre ) ou de la mort dans « Je n'ai plus que les os » ( Derniers Vers ), poème où Ronsard élève l'évocation intime de sa propre mort à une dimension universelle. · Le lyrisme hugolien traitant, pour l'humanité entière, des grands moments de la vie : cf. le poème « On vit, on parle » des Contemplations , évoquant en quelques vers, une vie entière, sur un mode universel, grâce à l'utilisation du pronom indéfini « on ». 2) La poésie engagée : un reflet immédiat et fidèle de la réalité. »

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