La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai.
Publié le 19/12/2021
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Définition des termes du sujet:
Vérité
La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.
Elle se
définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours.
Qualité d'une proposition en accord avec son objet.
La vérité formelle, en logique, en
mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.
La vérité
expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de
mes énoncés à propos d'un donné matériel.
On distinguera soigneusement la réalité qui
concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui
concerne un jugement.
Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou
bien un jugement faux.
La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais
la valeur de mon assertion.
La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions
d'accès et des critères du jugement vrai.
Opinion
■Jugement sans fondement rigoureux, fondé sur des croyances ou des impressions
subjectives et qui se donne abusivement les apparences d'un savoir.
■Même quand elle tombe juste, « l'opinion pense mal» (Bachelard), car elle ne peut se
fonder rationnellement.
■La philosophie, comme quête de la vérité, est ainsi en lutte contre les opinions.
[Introduction]
Le terme d'opinion supporte des significations assez variées pour que, d'une part, ce qu'il
désigne comme jugement mal fondé soit condamné par la philosophie et que, d'autre part,
la « liberté d'opinion » se trouve proclamée par la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen de 1789.
Si les philosophes sont méfiants à l'égard de l'opinion, c'est qu'elle
désigne un avis sans rigueur, qui se donne néanmoins l'apparence d'une vérité : comme
la philosophie est en quête de vérités solides, elle considère presque nécessairement que
la fragilité de l'opinion lui interdit d'accéder à la vérité ; mais la vérité est-elle toujours
hors de portée de l'opinion ? N'y a-t-il pas des domaines où l'opinion serait suffisante ?
[I.
Subjectivité et anonymat]
Ce qui gêne les philosophes depuis Platon, c'est que l'opinion n'est fondée que sur des
impressions, des sentiments personnels, au mieux des croyances ou des jugements de
valeur qui semblent ne renvoyer qu'à la subjectivité de celui qui l'énonce.
Ainsi, l'opinion
s'annoncerait par un « moi, je pense que...
» ou un « de mon point de vue...
» qui
signaleraient immédiatement un enracinement dans la singularité, et ne laisseraient
présager, en guise de ce que l'on nomme si volontiers « débat d'opinions », qu'un
affrontement de jugements a priori dont ne pourrait sortir aucune idée claire, chaque
intervenant demeurant en général, à la fin d'un tel débat, sur ses positions initiales.
L'opinion, une fois affirmée par un individu, semble en effet lui appartenir en propre, faire
partie de lui-même, au point que devoir y renoncer lui semble impossible, parce que cela
signifierait une sorte d'appauvrissement de son être même.
Mais on peut souligner, d'un point de vue différent, que l'opinion n'est en fait jamais
personnelle : elle dépend d'une mentalité, d'un groupe social, d'une classe, et, sous cet
aspect, participe des «idées reçues », admises sans discussion comme des sortes
d'évidences, grâce auxquelles l'individu qui y adhère confirme du même coup son
appartenance à un collectif.
La revendication subjective serait ainsi en trompe-l'oeil, et il
est possible de considérer qu'elle n'est possible que parce que l'opinion est en fait
anonyme, et sans responsable initial repérable.
Adhérer à l'opinion, c'est ainsi faire sienne
une rumeur, un on-dit, et profiter de son absence d'auteur pour faire comme si elle était
sienne.
Choisir l'adhésion, c'est simplement admettre que l'opinion est suffisamment
vraisemblable pour n'avoir nul besoin d'être vérifiée.
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