Les origines et la spécificité de la réflexion philosophique
Publié le 23/05/2020
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«
«Les origines et la specificité de la reflexion philosophique INTR
ODUCTION GÉNÉRALE Quand on
commence à étudier la philosophie, dans le contexte d'un cours ou
de soi-même pour des raisons diverses,
il peut sembler naturel et légitime de commencer par poser la questio
n "qu'est-ce que la philosophie ?"
Pourtant, commencer par une définition qui prétendrait dévoiler
d'un coup la nature de la philosophie, et
même dans le cas où cette définition serait correcte, poserait
certaines difficultés spécifiques ou non à la
philosophie : · du point de vue de l'apprentissage, il est possible d
e soutenir que l'appropriation de la
définition d'une chose, ou, du moins, la connaissance la plus complè
te que l'on puisse en acquérir, est le
résultat d'une succession de processus cognitifs : chaque étape de
l'apprentissage, bien qu'insuffisant en
soi-même, est indispensable à la connaissance du tout.
Cela n'est
pas seulement valable pour la
philosophie, mais pour toutes les sciences, et pour toutes les activité
s humaines complexes, y compris les
activités du corps (danse, musique, etc.).
Tout l'intérêt de
cette difficulté est de mettre en lumière l'aspect
technique de l'apprentissage intellectuel, et, pour ce qui nous concerne
, cela pose la question de savoir
comment on peut enseigner la philosophie.
· si l'on formule une dé
finition en se dispensant de ces
difficultés de l'apprentissage, on ne proposera aux élèves et a
u commençants quels qu'ils soient, qu'une
abstraction, abstraction au sens où cela laisserait de côté l'i
dée que la philosophie est une activité et qu'elle
demande donc l'effort de certains exercices intellectuels.
Il apparaî
t donc préférable de montrer avant tout
que la philosophie commence par un apprentissage, et qu'elle n'est pas s
eulement une transmission d'un
savoir constitué et achevé : le professeur de philosophie n'a pas
pour but d'enseigner un tel savoir positif.
1
Ainsi, avant même de penser au contenu que l'on souhaite exposer dans
un enseignement de philosophie,
il faut penser aux moyens par lesquels on apprend à penser : comment
peut-on se rendre capable, ou
rendre quelqu'un capable d'atteindre une véritable compréhension d
e la philosophie, et par où
commencer ? Cela peut-être fait par la prise de conscience de certain
s problèmes spécififiques et une
assimilation des concepts guidée par le professeur ; le but est ainsi
de former la capacité de jugement des
élèves.
Sans cet exercice du jugement, on ne peut faire un philoso
phe, et, à plus forte raison, on rend
difficile l'accès à l'instruction et à la culture philosophique
.
D'un autre côté, on ne peut instruire ceux qui
refusent la philosophie et on ne peut faire un philosophe malgré lui.
C'est pourquoi, sans doute, certains
sont peu aptes à devenir philosophes.
On suppose donc ici au préal
able des esprits non encore instruits et
inexpérimentés, mais pour qui la philosophie peut être un excit
ant intellectuel.
Le but de cette introduction
n'est pas de donner une définition de la philosophie ; il est plus mo
destement de donner une idée générale
d'une notion qui ne se comprend qu'à travers l'étude de l'ensemble
de ses concepts et de son histoire.
C'est pourquoi le lecteur peut tout aussi bien commencer par lire les ch
apitres qui concernent les notions
du programme.
D'après ce que nous venons dire, une telle démarche
serait d'ailleurs préférable.
Se
demander ce qu'est la philosophie est un problème philosophique de pr
emier ordre, et c'est ce problème
qui sera surtout examiné dans cette introduction.
Il ne faut jamais o
ublier que de par sa démarche
intellectuelle et pratique, la philosophie n'est jamais quelque chose d'
évident et de définitif.
Nous
commencerons par l'analyse du mot, son étymologie, et nous examineron
s ses emplois dans le langage
ordinaire.
Puis nous ferons un bref exposé de l'origine de la philoso
phie, car la philosophie est aussi un
évènement historique, et on peut se demander pourquoi elle est né
e à tel endroit et à telle époque,
pourquoi elle s'épanouit dans telle civilisation et pas dans telle au
tre.
Nous chercherons ensuite ce qui fait
la spécificité de la philosophie, comment nous pouvons la distingu
er des autres activités ou croyances
humaines.
2 Sections · 1 Analyse du concept o 1.1 Étymologie o 1.2
Analyse d'expressions courantes o 1.3
Sens spécifiques o 1.4 Conclusion · 2 Origine de la philosophie o
2.1 Conditions matérielles 2.1.1 Les
influences culturelles o 2.2 Les premiers philosophes o 2.3 Socrate 2.3.1 L'invention du concept 2.3.2
Le dialogue socratique 2.3.3 La réflexion critique o 2.4 Platon o 2.5 La philosophie hellé
nistique o 2.6
Origines philosophiques · 3 Spécificité de la philosophie o 3.1
Philosophie, mythes et religion o 3.2
Philosophie et opinion 3.2.1 L'opinion 3.2.2 Philosophie et sophisme o 3.3 Philosophie et science
3.3.1 Liens entre la philosophie et la science 3.3.2 Points communs 3.3.3 Ce qui les distingue 3.3.4
Les problèmes spécifiques à la philosophie 3 · 4 Trois conce
ptions de la philosophie o 4.1 I.
Réflexion,
critique et autonomie de la pensée o 4.2 II.
Savoir, concepts, mét
hodes et divisions 4.2.1 Apprend-on la
philosophie ou à philosopher ? o 4.3 III.
Sagesse et art de vivre 4.3.1 Vocation de philosophe · 5 Place du
philosophe dans la société · 6 Vie et mort des philosophes ·
7 Critiques de la philosophie o 7.1 Critiques du
sens commun et inutilité pratique de la philosophie o 7.2 Dogmatisme
et vanité de la philosophie · 8
Synthèse et définition o 8.1 Définition o 8.2 Utilité d'une
bonne définition · 9 Pour travailler o 9.1 Sujets de
dissertations o 9.2 Vocabulaire o 9.3 Textes d'étude o 9.4 Bibliograp
hie pour commencer o 9.5 Outils de
travail 4 Analyse du concept Étymologie Le mot philosophie est un mot
d'origine grecque (philosophia,
φιλοσοφία ).
Il se décompose en philo- (verbe philein : aimer , chercher ) d
'une part, et, d'autre part, -sophie
(nom sophia : connaissance , savoir , sagesse ).
Le verbe philein a é
galement le sens de donner un baiser et.
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