La parole

« La parole Si l'homme a construit une civilisation aussi vaste et com­ plexe, il faut bien dire qu'il a été aidé considérablement par la puissance de la parole.

Le langage lui a permis de développer une culture et une organisation sociale qui de­ vancent de loin celui de tout autre créature.

La parole et la pensée sont étroitement liées, l'une étant virtuellement impossible sans l'autre.

Les 'mots' avec lesquels nous pensons sont les images mentales des variations de pres­ sion extrêmement compliquées qui se produisent dans l'air et qui propagent les signaux parlés.

Les nuances de la voix d'un individu qui permettent l'expression d'une Ci-dessus: Le Dr Harry F.

Oison avec sa machine à écrire phonétique.

Cette machine, mise au point pour "RCA , fut montrée au public en 1956.

Elle reconnaissait dix mots monosyllabiques prononcés par un seul locuteur, avec une précision de 98 %.

Il existe maintenant des ap­ pareils disposant d'un vocabulaire de plusieurs milliers de mots.

gamme très vaste de nuances dans une simple phrase, constituent la richesse et la variété essentielles de la com­ munication humaine.

La technologie moderne de la parole s'oriente vers deux pôles, le développement de machines réagissant à la paro­ le et la simulation mécanique de la parole.

Dans ces deux domaines de recherches, l'ordinateur joue un rôle cen­ tral, et on a déjà pu enregistrer des succès limités qui pourraient bientôt déboucher sur des progrès beaucoup plus importants.

Un des rêves des informaticiens est de pouvoir un jour dialoguer directement avec leurs machines.

Mais la mise au point de dispositifs réagissant à la parole devrait s'é­ tendre bien au-delà des ordinateurs classiques.

Par exem­ ple, on pourrait aussi dicter directement à une machine à écrire ou même 'dire' à un four quand il doit se brancher et se débrancher et à quelle température il doit cuire un repas.

Il est relativement aisé de construire un dispositif capable de reconnaître quelques mots prononcés par une seule .

voix.

Dès 1950, les laboratoires de Bell Telephone en construisirent un qui pouvait reconnaître les dix chiffres énoncés au téléphone par une personne déterminée.

Mais, lorsqu'une autre essayait d'utiliser le système, la fiabilité de ce système devenait insuffisante.

La difficulté essentielle de l'identification de la parole se trouvait ainsi accentuée: créer un appareil sensible à une large gamme de voix nettement différenciées par leurs accents et in­ flexions propres.

En 1956, un dispositif du même genre, mais amélioré, était inventé par la Radio Corporation of America (RCA) et utilisé pour commander une machine à écrire.

La machine pouvait reconnaître dix mots mono­ syllabiques prononcés par un locuteur déterminé.

La ba- Ci-dessous : Machine expérimentale capable de reconnaître les voyelles de la langue anglaise.

Elle fut mise en oeuvre par Brian Pay du Département des Sciences in­ formatiques du Laboratoire national de Physique.

se du système était constituée par une mémoire d'ordina­ teur conçue pour reconnaître les enchaînements de fré­ quences des différentes syllabes.

En 1961, la machine à écrire phonétique de RCA pouvait traiter cent syllabes et, en 1970, ce nombre avait été porté à deux mille.

RCA a également mis au point une technique d'identifi­ cation de la parole appelée Analog Treshold Logic (A TL) fondée sur un assemblage de circuits à transistors dont le fonctionnement est très proche de celui d'une cellule ner­ veuse.

Les circuits ATL sont reliés à un analyseur de fré­ quences qui découpe la chaîne sonore en bandes de fré­ quences.

Vers la moitié des années soixante, la technique A TL permettait de reconnaître un grand nombre de mots que pouvaient prononcer jusqu'à six personnes différen­ tes.

L' ATL était une telle réussite qu'un système expéri­ mental fut essayé par les services postaux américains pour le tri du courrier.

RCA a également travaillé sur une unité de manoeuvres pour astronautes pouvant compren­ dre jusqu'à quatorze commandes principales communi­ quées par le microphone du casque de l'astronaute.

Le plus grand défi dans le domaine de l'identification de la parole est la production verbale continue.

Aucune ma­ chine, en effet, ne peut scinder une phrase d'après ses éléments constitutifs, ou emmagasiner les connaissances. »