LA PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE AU XXe SIÈCLE
Publié le 20/09/2020
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État du Pacifique ; capitale Port Moresby. Peuplée par des Papous, selon le terme employé par les navigateurs européens, qui désigne en fait une population indigène mixte, d'origine mélanésienne et malaise (les Negritos), cette île fut découverte par le Portugais Jorge de Meneses dès 1526 et reçut son nom en 1545 de l'Espagnol Ortiz de Retes, qui avait été frappé par la ressemblance des indigènes avec les Noirs des côtes du golfe de Guinée. En 1606, l'Espagnol L. Vaez de Torres, en franchissant le détroit qui porte son nom, reconnut l'insularité de la Nouvelle-Guinée, mais cette découverte resta ignorée en Europe jusqu'en 1762 ; Cook en vérifia l'exactitude en 1770. Mais l'intérieur de l'île ne commença d'être exploré par les Européens qu'après 1860. Aux XVIIe et XVIIIe s., les sultans malais de Tidore, dans les Moluques, établirent leur suzeraineté sur la côte septentrionale, qui fut visitée également par la Compagnie hollandaise des Indes orientales. C'est seulement en 1828 que les Néerlandais commencèrent à affirmer leur autorité sur la partie occidentale de l'île. À partir des années 1840, celle-ci attira également l'intérêt de l'Angleterre et des commerçants allemands. Face aux ambitions germaniques, les Australiens du Queensland réclamèrent, dès 1883, l'annexion de la partie sud-ouest de l'île (Papouasie), mais le cabinet de Londres hésita à s'engager dans cette voie jusqu'au moment où la Compagnie allemande de Nouvelle-Guinée vint s'établir sur la côte nord-est (nov. 1884). Le partage de la Nouvelle-Guinée fut consommé par les accords anglo-germano-néerlandais de 1885. Les Néerlandais se voyaient reconnaître la plus grande partie de l'île, avec tous les territoires situés à l'O. du 141° de longitude E. L'Est de l'île était partagé entre les Allemands et les Anglais : le Nord-Est, attribué à l'Allemagne, prit le nom de Kaiser Wilhelmsland (terre de l'Empereur-Guillaume) ; le Sud-Est, officiellement annexé par l'Angleterre en 1888, fut confié en 1903 au Commonwealth australien et prit le nom de Papouasie. En 1914, dès le début de la Première Guerre mondiale, les troupes australiennes occupèrent la colonie allemande du Kaiser Wilhelmsland, qui fut transformée en 1921 en territoire sous mandat de la SDN confié à l'Australie ; il en fut de même pour l'archipel Bismarck, situé au N.-E. de l'île. Durant la Seconde Guerre mondiale, les Japonais débarqués à Lae (sur la côte nord-est) le 25 janv. 1942, occupèrent toute la côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée, ainsi que l'archipel Bismarck, et établirent une puissante base à Rabaul. La contre-attaque alliée commença en sept. 1943 et se termina en août 1944 ; la Nouvelle-Guinée et les îles avoisinantes servirent ensuite de base à la reconquête des Moluques et des Philippines. À partir de 1945, les deux parties de la Nouvelle-Guinée, jusqu'alors soumises à une colonisation d'origine européenne, ont connu des destins différents : a) La partie occidentale ou Irian Barat, dernier vestige des Indes néerlandaises, devint, à partir de 1949, l'enjeu d'une vive tension entre la nouvelle république d'Indonésie et les Pays-Bas. En 1962, des combats se déroulèrent entre Néerlandais et commandos indonésiens infiltrés en Nouvelle-Guinée. Les Néerlandais se résignèrent à remettre l'administration de la Nouvelle-Guinée occidentale à l'ONU (oct. 1962), et celle-ci transféra le territoire à l'Indonésie (1er mai 1963) ; b) La partie orientale, formée du Territoire de la Nouvelle-Guinée (ex-Kaiser Wilhelmsland), au N., et de la Papouasie, au S., resta, par décision de l'ONU, sous la tutelle de l'Australie. Elle reçut en 1964 une large autonomie, avec une Assemblée élue. Cette partie de l'île devint finalement indépendante, le 16 sept. 1975, sous le nom de Papouasie-Nouvelle-Guinée ; le nouvel État membre du Commonwealth, comprenait, non seulement la partie orientale de la Nouvelle-Guinée, mais encore l'archipel Bismarck et les îles de la Nouvelle-Bretagne, de la Nouvelle-Irlande et de Bougainville. L'île de Bougainville, très riche en minerais de cuivre, refusa de s'intégrer au nouvel État et proclama son indépendance (1er sept. 1975) sous le nom de république de Salomon du Nord. Cette sécession prenait fin quelques semaines plus tard (oct. 1975). En 1989, cependant, l'Armée révolutionnaire de Bougainville, après une année d'attentats, réussissait à paralyser complètement l'exploitation du cuivre dans l'île, asphyxiant l'économie papoue, privée ainsi de près de la moitié de ses exportations. L'État papou, dont le sous-sol est également riche d'or, d'argent et d'hydrocarbures, restait sous la tutelle économique et politique de l'Australie. Mais les changements sociaux rapides parmi les populations de la côte sud, proche de l'Australie, menèrent à l'instauration d'une démocratie pluraliste et d'un régime parlementaire moderne. Premier ministre de 1985 à 1987, Paias Wingti revint au pouvoir après les élections de 1992 et mena une politique de rigueur économique poursuivie par ses successeurs, Julius Chan de 1994 à 1997, Bill Skate de 1997 à 1999, Mekere Morauta de 1999 à 2002, et Michaël Somare depuis août 2002. Mais la Papouasie-Nouvelle-Guinée, avec plus de 50 % d'agriculteurs (cacao, banane, café), dépend du cours international des matières premières et des aléas climatiques. Par ailleurs, le conflit entre le gouvernement central et les séparatistes de l'île de Bougainville, a culminé en 1997, avec l'assassinat du Premier ministre de Bougainville, Théodore Miriung, et l'envoi de 1 500 militaires sur l'île. En avr. 1998, un accord de cessez-le-feu fut signé entre le gouvernement de la Papouasie et le gouvernement intérimaire de Bougainville, mettant fin à une guerre qui durait depuis dix ans. En mars 2000, les deux parties se mirent d'accord sur la tenue d'un référendum sur l'indépendance de Bougainville que les soldats de la paix australiens ont évacuée en juin 2003. Le gouvernement papou s'est aussi rapproché de la Malaisie, deuxième investisseur dans le pays ; les deux pays partagent la même hostilité envers l'Australie, l'OMC et la Banque mondiale.
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Article encyclopédique
Communément appelée « P-N-G » (phonétiquement « Piengi »), cet État du Pacifique
sud, séparé de l’Australie par le détroit de Torrès - peu profond et large de
200 à 400 kilomètres -, est constitué par la moitié orientale de l’île de
Nouvelle-Guinée (l’autre moitié- Papouasie occidentale -étant rattachée à
l’Indonésie), l’archipel Bismarck au nord, l’archipel de Louisiade au sud-est
(découvert et baptisé par La Pérouse en 1787) et l’île de Bougainville à
l’est-sud-est.
L’Allemagne et l’Angleterre se partagèrent cette partie orientale
de la grande île en 1884.
La partie britannique est confiée à l’Australie en
1906 ; celle-ci occupe la partie allemande dès 1914 et en obtient le mandat - de
la SDN (Société de Nations) - en 1920.
Les Japonais occupent la majeure partie de l’île début 1942, mais ils subissent
en juin leur premier échec militaire dans ses eaux, en mer de Corail.
Des
combats acharnés détruisent les régions côtières et les îles, mais l’intérieur
très montagneux demeure inaccessible.
La présence des troupes alliées provoque
cependant chez les populations autochtones un choc culturel profond.
L’Australie
se voit confier de nouveau l’administration de l’ensemble du territoire par la
Commission des tutelles de l’ONU en 1946.
Des élections sont organisées en 1972,
l’autonomie interne est établie en décembre 1973 et l’indépendance proclamée à
Port-Moresby, la capitale, le 16 septembre 1975.
Le groupe ethnique principal est constitué par les Papous que l’on rattache au
monde mélanésien, mais il n’existe aucune parenté linguistique entre les
centaines de langues pratiquées ; des minorités importantes en provenance du
monde malais et du continent asiatique occupent des fonctions actives dans le
secteur politique et surtout économique, non sans suciter des tensions internes.
L’île de Bougainville, siège de la majeure partie des richesses minérales
(cuivre surtout), a été pour cette raison le théâtre de conflits sociaux
endémiques recouvrant des tendances sécessionnistes (guerre ayant duré plus de
neuf ans dans les années 1990), stérilisant cette source de revenus et rendant
le pays étroitement dépendant de l’aide internationale, notamment de
l’Australie.
Jean-Pierre GOMANE.
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