La nature dans les Essais de Montaigne
Publié le 19/10/2021
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«
IUA 5 octobre 2021 Poitiers
Penser les relations avec les vivants en relisant les Essais
de Montaigne (1533-1592)
Je remercie Samuel Moreau et toute l’équipe de l’UIA qui ont permis que cette
conférence ait lieu.
Je salue les amis, les collègues et le public avec lesquels j’ai eu le plaisir de partager
quelques lectures : Jaurès, Proust, Colette, Liu Xiaobo…
Pourquoi relire Montaigne? Parmi de multiples raisons, d’abord le plaisir de la
lecture… j’ai choisi de réfléchir à sa pensée de la nature car aujourd’hui nous savons que
la situation est grave… Cette conférence s’inscrit dans un travail que je mène depuis deux
en vue d’un colloque à Cerisy « Que peu la littérature pour les vivants ? » en 2023 que je
prépare avec Pierre Schoentjes et Anne Simon.
Montaigne a écrit les Essais à un moment de crise : le délitement de la société féodale
au profit du pouvoir royal s’accompagnait de l’essor du commerce tandis que la
colonisation se développait.
Ces bouleversements ont eu des conséquences sociales
dramatiques, les famines jouent un rôle essentiel dans le développement du
protestantisme surtout en Allemagne.
Mais c’est aussi le moment d’une Renaissance
intellectuelle et artistique dont Montaigne est imprégné ; Lucrèce, par exemple est
l’auteur le plus cité des Essais .
Nous arrivons peut-être aujourd’hui aussi à la fin d’un cycle : les grandes idéologies
des 19 e
et 20 e
siècle ont montré leurs limites : les conséquences destructrices du progrès
industriel et de l’idéologie libérale sur le plan social comme sur le plan écologique d’une
part, l’échec du socialisme en Russie et en Chine de l’autre… Montaigne peut nous aider à
explorer et à inventer « une culture alternative, c’est-à-dire d’une manière différente
d’inventer et habiter le monde.
» (Cavallin, Valet noir )
Il est extrêmement difficile d’embrasser une œuvre si vaste et si complexe.
1200
pages dans La Pléiade, abordant de multiples aspects de la vie, de la culture, de l’histoire
et des événements de son époque.
« J’aime l’allure poétique à sauts et à gambades, et
vais au change [changement] indiscrètement et tumultuairement » III 9 Le lecteur passe
ainsi de la manière d’affronter la maladie à l’histoire romaine, des guerres de religion à
Lucrèce, du charme des vergers à Horace ou Socrate… Avec une petite musique en
leitmotiv : comment vivre en sage dans un monde livré à la folie de la présomption et de
la violence ?
Il y a eu d’innombrables lectures des Essais, mais, comme l’écrit Antoine Compagnon,
« ce n’est pas moi qui me plaindrai de l’usage ni de l’abus qu’on fait des textes, souvent
en dépit de leur contexte.
La meilleure défense de la littérature c’est l’appropriation non
le respect transi.
» ( Magazine littéraire , mai 2007).
Ainsi osons suivre les conseils de lecture données par Montaigne lui-même : « Un
suffisant lecteur découvre souvent ès escrits d’autruy des perfections autres que celles
que l’auteur y a mises et aperçues, et y prête des sens et visages plus riches » I, 23, p.
132
Il disait aussi « Je propose des fantaisies informes et irrésolues… non pour établir la
vérité, mais pour la chercher » 1, 56 335.
Nous aussi nous allons chercher à penser la
nature sur ses traces.
1.
»
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