La moyennisation de la société française : une illusion ?
Publié le 26/11/2023
Extrait du document
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La moyennisation de la société française : une illusion ?
20ème siècle = émergence d’un troisième bloc, intermédiaire, est désormais intégré à l’espace
social, en lui donnant une épaisseur variable selon les analyses.
Toujours est-il que cet «
intermédiaire » pose de très nombreuses questions.
Pourquoi parler d’illusion ?
Question du regard, de ce qu’on perçoit, la réalité derrière ce qu’on semble voir ?
Réalité à identifier à travers outils scientifiques, sociologiques, regard biaisé, illusion, d’où vient
cette croyance.
Question de la perception par les individus et de leur sentiment d’appartenance
(fort identification et affirmation des ouvriers par exemple, à l’origine d’un militantisme, vote
communisme, ici est-ce qu’il engage à un sentiment d’appartenance des classes moyennes ?
Niveau de vie de la population française augmente, tend à se stabiliser -> Toujours existence des
classes populaires et bourgeoises ou juste moins de représentation ? Illusion dans le sens ou la
société se moyennise ou juste impression car moins de représentation ?
Avec la forte hétérogénéité des classes moyennes en France, assiste-t-on
vraiment à une moyennisation de la population ou est-ce une illusion ?
I/ Une illusion politique
19ème siècle = popularisation du terme de « classes moyennes » mais désigne au début la
bourgeoisie qui veut accéder aux affaires = qui souhaite une mobilité sociale ascendante +
déjà distinction entre capital économique et capital culturel.
Emergence de nouveaux groupes sociaux avec l’extension du capitalisme, des grandes
entreprises et des administrations = employés et fonctionnaires qui refusent d’être
identifiés aux prolétaires = « cols blancs ».
Ils sont regroupés dans les classes moyennes.
Une figure se détache de cet ensemble disparate à la fin des années 1930, celle des cadres ->
étudiée par Luc Boltanski, dans son célèbre ouvrage (1982, Les Cadres), étudie la mobilisation des
cadres pour faire émerger une nouvelle figure et représentation sociale au tournant de la Guerre,
avec pour objectif de se démarquer des autres groupes sociaux constituant les classes moyennes.
Le cadre devient à la fois l’emblème des classes moyennes, mais contribue à creuser les écarts
avec les autres composantes des classes moyennes, notamment les indépendants.
Analyse de Boltanski :
Augmentation des effectifs.
Augmentation de la taille des entreprises.
Division du travail
de plus en plus intense dans les entreprises.
Besoin fort de personnel encadrant.
Niveau de
qualification en augmentation constante.
D’où l’apparition d’une nouvelle population dans
les usines d’un personnel qualifié, expert, scientifique, organisant le travail des ouvriers, et
exécutant les ordres des patrons.
Ni prolétaires, ni patrons.
Apparition d’un entre-deux :
entre les ouvriers et les patrons.
Il faut nommer cet entre-deux…
Forte hétérogénéité de cet entre-deux : ingénieurs scientifiques, spécialistes juridiques et
fiscaux, diplômés de grandes écoles, commerciaux…
Travail d’unification politique.
Le Front Populaire (gauche radicale, socialiste et communiste
réunies) gagne les élections en 1936.
Peur d’une radicalisation à gauche.
Des hommes
politiques du Parti Radical sont à la recherche d’une troisième voie, entre la gauche et la
droite, une sorte de centre qui ne dit pas son nom.
Là aussi, recherche d’un entre-deux,
entre « l’enclume de la ploutocratie et le marteau du prolétariat ».
Les ingénieurs et le
personnel encadrant sont bousculés par les travailleurs occupant les usines, ils ne
s’identifient ni au patronat ni au prolétariat contestataire de cette fin de décennie.
Les
hommes politiques du Parti Radical identifient en 1938-39 ce nouvel électorat qu’ils sont
censés représenter.
Ils les nomment les « cadres », rassemblant tout ce personnel qualifié
des entreprises, en forte augmentation.
–
Travail d’unification économique -> Naissance d’une représentation d’un style de vie «
cadre » dans la publicité et les représentations mentales.
La presse prend le pas.
Naissance
du magazine « L’Express » qui ne vise que ces nouveaux cadres.
–
Organisations professionnelles ou associations.
Les premiers syndicats d’ingénieurs
apparaissent en 1938/39.
Ils vont tous se rassembler dans la « Confédération générale des
Cadres » en 1944.
Le mot « cadre » a désormais une existence officielle.
Les cadres
obtiennent même un régime complémentaire spécifique de retraite, l’AGIRC en 1947, ce
qui souligne leur capacité de mobilisation et leur poids politique.
Les classifications Parodi
(classifications professionnelles) consacrent l’usage du terme de « cadre » qui est repris
par les CSP en 1954 (avec la distinction entre cadres moyens et cadres supérieurs).
–
Les Trente Glorieuses fixent durablement les représentations qui accompagnent le terme
de « cadre », il s’agit d’un salariat d’excellence axé sur la compétence et l’usage des
nouvelles technologies.
Les cadres incarnent la modernité : styles de vie nouveaux,
nouveaux loisirs (ski, tourisme tropical), libéralisme bien tempéré, conciliant le principe de
plaisir et l’impératif d’efficience.
Conclusion.
Tous ces éléments ont apporté une pierre à
l’édifice du travail symbolique qui consiste à donner naissance à un groupe social visible et
considéré comme tel par le pouvoir politique et par l’ensemble de la population français
Tous ces éléments ont apporté une pierre à l’édifice du travail symbolique qui consiste à donner
naissance....
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