La magie du « mot » dans la phrase littéraire. Essayez d'en rendre compte par des exemples empruntés à des textes étudiés en classe.
Publié le 19/12/2021
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La magie du « mot » dans la phrase littéraire.
Essayez d'en rendre compte par des
exemples empruntés à des textes étudiés en classe.
Introduction :
a) Les arts de littérature s'expriment par des mots, enchaînés dans des phrases, comme la
musique par les notes de la gamme, la peinture par le dessin et les couleurs.
b) D'où l'intérêt d'étudier le mot en lui-même, comme support de la pensée,
c) pour discerner la pluralité — quasi miraculeuse — de ses utilisations, et les conditions de
cette magie verbale.
I.
.
Polyvalence directe du mot :
C'est qu'un mot — quelle que soit sa nature : nom, adjectif, verbe, adverbe, etc.
— peut être
doué d'une quadruple valeur : intellectuelle, sensorielle, sentimentale ou musicale.
a) Valeur intellectuelle.
Il est d'abord toujours porteur d'un message pour l'intelligence.
Ainsi,
lorsque nous lisons ces vers du Pauvre Diable :
L'Abbé Trublet avait alors la rage D'être à Paris un petit personnage; Au peu d'esprit que le
bonhomme avait L'esprit d'autrui par supplément servait...
nous saisissons immédiatement les idées du texte; nous savons de qui il s'agit, en quel lieu il
est, quelles sont ses occupations et en quelle estime le tient Voltaire.
b) Valeur sensorielle.
Souvent aussi le mot nous permet de nous représenter une image, en
l'absence de l'objet.
On dit que nous « imaginons », en fonction d'un quelconque de nos sens,
mais plus particulièrement en fonction de la vue.
Comment, en effet, ne pas « imaginer »
Perrette, sur ce début de fable :
Perrette, sur sa tète ayant un pot au lait
Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue, elle allait à grands pas, etc..
mais trois vers sur quatre seulement ont cette valeur descriptive.
Le vers 3, qui semble une
réflexion d'auteur, reste purement de valeur intellectuelle et explicative.
c) Valeur sentimentale.
Lié ou non à ces deux premières valeurs, un mot peut encore prendre
une valeur affective agréable ou désagréable.
Les mots triste, tristesse, tristement,
mélancolique, martyr, etc.
ont directement une telle teneur.
Certains écrivains se caractérisent
par le fait qu'ils aiment écrire dans telle tonalité plutôt que dans telle autre : si Victor Hugo,
Chateaubriand, le Flaubert de Salammbô, insistent sur le registre sensoriel, Rousseau,
Lamartine, ne donnent bien souvent à notre esprit que ce retentissement sentimental dont nous
parlons, comme le montre cette période tirée
d'une lettre de Rousseau à M.
de Malesherbes :
« Quand mes douleurs me font tristement mesurer la longueur des nuits, et que l'agitation de
la fièvre m'empêche de goûter un seul instant de sommeil, souvent je me distrais de mon état
présent, en songeant aux divers événements de ma vie; et les repentirs, les doux souvenirs, les
regrets, l'attendrissement se partagent le soin de me faire oublier quelques moments mes
souffrances »..
»
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