La Madrassa
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
La Madrassa
Établissement de transmission et d'acquisition des sciences islamiques et lieu de convivialité.
L'un des apports principaux de l'Islam a été de favoriser l'accès À la connaissance et plus particulièrement à laconnaissance religieuse.
Aucune barrière n'est en effet dressée entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pasencore, entre les étudiants (talib) et l'objet de leur quête.
La connaissance en islam comporte trois degrésdifférents :
– Allah est Celui qui sait tout, Celui dont le savoir embrasse aussi bien les choses révélées aux hommes que ce qu'ilsignorent, ce grand mystère de l'Univers que les mystiques désignent par le vocable al-ghaïb.
Le Coran rappelleévidemment ce savoir incommensurable et en fait l'une des articulations de la vérité céleste : “ Dieu suffit commetémoin entre moi et vous ; lui qui possède la Science du Livre ” (Le Tonnerre, XIII, 43).
La notion de “ science deDieu ” (ilm Allah) apparaît, avec de nombreuses acceptions (Dieu sait tout, connaît tout, même le mystère, l'Heuredu jugement final ; il est parfaitement informé de l'action des hommes, sur leurs bienfaits ou de leurs méfaits, surleurs pensées, etc.), dans plus de trois cents versets coraniques et la quasi-totalité des sourates ;
– la science du Prophète Mohamed continue la science de la prophétie inaugurée par le premier des prophètesreconnus en islam, Adam.
En tant que dépositaire du plus récent monothéisme, Mohamed est riche des mille et unefacettes de la croyance et de la foi de tous les temps.
Lui-même, à l'intention de ses partisans et des fidèles, avaitprêché pour l'acquisition des connaissances, dussent-ils aller quérir jusqu'en Chine.
Ce propos prophétique estconsidéré comme authentique, car il a été rapporté par plusieurs collecteurs de traditions, dont les plus éminentssont El-Bokhari (810-870) et, au même siècle, Mouslim (817-875) ;– une troisième catégorie de lettrés est constituée des érudits musulmans et des savants, qu'ils soient versés dansle domaine des sciences islamiques, qu'ils apprennent le Coran par cœur, qu'ils l'interprètent ou qu'ils s'orientent versla résolution des conflits sociaux et interpersonnels en se spécialisant dans la jurisprudence islamique (fiqh).
Ceuxqui s'engagent dans des disciplines plus “ intellectuelles ”, comme la grammaire, l'historiographie, la rhétorique ettoutes les disciplines spéculatives comme la logique et la philosophie, que les musulmans regroupent sous le nom de‘ilm al-kalam, en font aussi partie.
C'est dans ce contexte que l'on peut situer l'émergence et l'épanouissement fulgurant de la madrassa, “ lieu d'étude”, du verbe darassa, étudier et darrassa, “ enseigner ”, où se perpétue la tradition du savoir en islam, en particuliercelle qui concerne le Coran et le hadith.
Cette école université peut légitimement se réclamer de deux institutions fameuses, d'un côté la Baït al-Hikma, la “Maison de la Sagesse ” abbasside que l'on édifia à Bagdad dès le IXe siècle (mais c'est Nizam al Mulk (XIe s.),puissant vizir du sultan Malik Chah, qui lui donna son impulsion) ; de l'autre, la mosquée université fatimide d'Al-Azhar qui vit le jour en 972 après J.-C.
au Caire, une ville également construite par les Fatimides en 969.
En réalité,la madrassa, ou médersa, selon la formulation maghrébine, n'est pas uniquement le lieu où se déroulent les cours etles longues heures de récitation du Coran (la mosquée les abrite avec plus d'efficacité et de confort), elle estsurtout un lieu de vie pour les nombreux étudiants qui la fréquentent, dont certains viennent des régions les plusreculées du monde musulman.
Chaque grande mosquée abrite en son sein une madrassa, mais certaines sont si belles et si prestigieuses qu'ellesont fini par acquérir une réputation universelle.
Ainsi, la madrassa Nouriya, dans le quartier des Khawaçin, à Damas,construite en 1167 et que décrivit Ibn Jobaïr (XIIe s.) : “ L'une de celles qui, en ce monde, offrent le plus beauspectacle aux yeux est celle de feu Nour-ad-Dîn, où se trouve son tombeau.
Que Dieu l'illumine ! C'est un palais desplus magnifiques : l'eau y vient couler, descendant d'abord dans une rigole du milieu d'un grand cours d'eau, puiss'écoule dans une fontaine de forme oblongue, avant d'aller tomber dans un bassin au milieu de l'édifice.
Le regardest surpris de la beauté de ce spectacle.
Tous ceux qui en jouissent réitèrent leurs oraisons en faveur de Nour-ad-Dîn.
” (Ibn Jobaïr, Voyages).
La somptuosité des médersas marocaines, en particulier celles de Fès ou de Marrakech(médersa Al-Attarine, XIVe s.
; médersa Bou Inania, XIVe s.
; médersa Ech-Cherratine, XVIIe s.), est aussiremarquable.
En marge de la mosquée et comme complétant la madrassa, il faut signaler l'existence de la zaouiya, sanctuaireabritant le mausolée d'un saint.
Édifice caractérisant l'islam maghrébin, la zaouiya est le lieu de transmission d'unhéritage et d'une mémoire de l'islam populaire.
Le Coran et les disciplines qui en découlent y sont habituellementenseignés.Par ailleurs, la zaouiya des campagnes, édifice modeste, sert également de mosquée.
Ceci accentue son image desanctuaire para islamique ou même hérétique compte tenu des pratiques maraboutiques qui s'y déroulent parfois..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓