La littérature d'idée trouve-t-elle une meilleure efficacité en divertissant son lecteur? Cette distraction provoquée par la légèreté ne risque-t-elle pas de détourner le lecteur (du message philosophique) des idées de l'auteur ? N'existe t-il pas d'autres stratégies plus aptes à faire adhérer le lecteur à ces idées ?

« La littérature d'idée trouve-t-elle une meilleure efficacité en divertissant son lecteur? Cette distractionprovoquée par la légèreté ne risque-t-elle pas de détourner le lecteur (du message philosophique) desidées de l'auteur ? N'existe t-il pas d'autres stratégies plus aptes à faire adhérer le lecteur à ces idées ? Analyse du sujet et problématisation :Le sujet pose le problème de l'efficacité de la littérature d'idée envisagée dans sa réception par le lecteur.

Parlittérature d'idée, on entend souvent les genres littéraires fondés sur un processus argumentatif, cherchant àdéfendre une thèse et donc à convaincre ou persuader le lecteur.Le sujet envisage le divertissement comme un moyen efficace pour défendre sa thèse, faire adhérer le lecteur à sesidées.

Implicitement, l'efficacité de la littérature d'idée est associée à la persuasion, acte qui consiste à faire appelaux émotions et sentiments du lecteur pour le faire adhérer à une idée.

Divertir c'est en effet faire appel à uneémotion du lecteur, de l'ordre du plaisir, afin de créer les conditions propices pour le rallier à sa pensée.

Mais comme l'affirme le sujet, le divertissement, s'il est une stratégie de persuasion, connaît cependant des limiteset certaines stratégies, plus « sérieuses », s'avèrent certainement plus aptes à faire adhérer le lecteur à ses idées,en cherchant notamment à le convaincre, c'est à dire, en faisant jouer une argumentation qui fait appel à sa raisonet se veut donc (en théorie) irréfutable.

Problématique : Le divertissement est-t-il un bon outil argumentatif ? Pour faire adhérer le lecteur à sathèse, faut-il tenter de le persuader – par le divertissement - ou de le convaincre, par d'autresstratégies ? NB : Le plan à adopter est suggéré par les différentes questions qui composent le sujet I) Les atouts argumentatifs du divertissement En quoi le divertissement permet-il de persuader le lecteur ? Sur quels ressorts se fonde-t-il ? 1) La simplicité du divertissement littéraire Pour distraire le lecteur, il faut avant tout lui proposer une littérature simple, immédiatement compréhensible, sanspour autant que cette littérature soit perçue comme simpliste.

La clarté et le caractère accessible d'un texte àvisée divertissante est gage de la bonne compréhension du message que l'auteur cherche à transmettre.Ex : Le genre de l'apologue : genre de prédilection dans la littérature d'idée à la simplicité de l'histoire permet souvent de mieux faire passer des idées subversives et complexes (cf.

« Le pouvoir des fables » de La Fontaineexpliquant l'efficacité des fables pour capter l'attention d'un auditoire, en opposition avec les « figures violentes »d'une démonstration rigoureuse qui ennuie et dans laquelle l'auditoire se perd) 2) La légèreté de ton et l'appel au rire : captatio bénevolentiae Le divertissement littéraire suscite le plaisir du lecteur souvent en le captivant par la mise en place d'une intrigue, en le dépaysant et en provoquant son amusement.

Le lecteur est plongé dans l'intrigue et désire enconnaître le dénouement : il ira donc jusqu'au bout du texte.

(Cf.

Candide de Voltaire : le héros va-t-il parvenir à retrouver Cunégonde et à l'épouser ?) C'est une assurance pour l'auteur que son message sera transmisintégralement, contrairement à d'autres formes d'expression plus rébarbatives et austères qui pourraient découragerle lecteur.

L'écrivain peut provoquer aussi par la fiction l'amusement du lecteur en usant d'humour et d'ironie.Ex :Dans Candide de Voltaire, le patronyme ridicule du baron de Thunder-ten-tronckh fait rire le lecteur, et permet également à Voltaire de faire une virulente satire de la noblesse.

La fiction divertissante permet de miner laphilosophie leibnizienne du « tout est bien » en ne laissant d'autre choix au lecteur que de constater son caractèreabsurde.

II) Les écueils du divertissement dans sa capacité à délivrer un message 1) Le risque de la futilité Une littérature divertissante et séductrice prend le risque de la futilité.

C'est le cas du genre de l'apologue et, enparticulier, des Fables de La Fontaine.

L'apologue est considéré comme un genre de l'enfance, simpliste, ayant pour seul message, une prescription morale didactique et élémentaire.Ex : Les Fables de La Fontaine peuvent souffrir de leur destination première soit à un public enfantin, soit à un auditoire mondain (pour son divertissement dans les salons) qui renvoie d'elles une image de futilité.

Cette imagefutile fait d'ailleurs partie, chez La Fontaine (et chez de nombreux auteurs d'apologues) de toute une stratégie decontournement de la censure.

Mais si les censeurs ne prennent pas véritablement au sérieux les Fables , on peut supposer qu'il en sera de même pour certains lecteurs.. »