La littérature brésilienne
Publié le 21/06/2020
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« Manuel Bandeira (1886-1968). Le doyen des poètes brésiliens; moderniste, a utilisé aussi bien les techniques cubistes, l'écriture semi-automatique et la versification traditionnelle : Carnaval, 1919; La Cendre des heures, 1917; Le Rythme rompu, 1924; Libertinage, 1930; Itinéraire de Parsagades, 1954. Josué de Castro (1908-1973). Ce n'est pas un écrivain, mais un anthropologue et un géographe. Son livre, Géographie de la faim (1949), en cinq volumes (dont le premier consacré au Brésil), est l'un des premiers et importants ouvrages de géographie humaine sur ce problème tragique. Gilberto Freyre (né en 1900). C'est un sociologue plus qu'un écrivain. Son essai Maîtres et esclaves (1933) relève de la science anthropologique, mais Telles du sucre (Nordeste, 1937), malgré son caractère scientifique, est un modèle de prose soutenue lucide et claire. Joào Guimaràes Rosa (1908-1967). C'est un sertaoiste; mais il a su éviter à la fois le naturalisme facile d'Afonso Arinos et des écrivains du XIXe siècle, et le régionalisme trappe dans laquelle tombent bien des écrivains latino-américains avec des oeuvres qui tendent à l'universel; en 1956 ont été publiés : Corps de ballet, Diadorim, Les Nuits da Sertào. Le cadre tragique du sertào est un lieu où Guimaràes Rosa tout en utilisant les éléments locaux (langue, paysages, moeurs, etc.) situe le grand combat entre le bien et le mal, traduisant le mal métaphysique dont tous les hommes souffrent avec les matériaux de la tradition littéraire brésilienne. Le fait le plus important de l'oeuvre de Guimaràes Rosa est son utilisation du langage : il en fait un moyen presque mystique de contemplation intérieure; le sertâo et les paroles du sertanejo marchant inévitablement et presque joyeusement vers la mort sont, comme l'écrit le préfacier de Buriti, Xavier Domingo, « un prisme transparent» qui résume en lui-même la Totalité, tout en en multipliant les images par ses facettes. José Lins do Rêgo (1901-1957). Il a dépeint la décadence des grandes familles de planteurs, mais le lyrisme de son style lui fait dépasser le simple roman à.thèse : Feu mort (1944), L'Enfant de la plantation (1947) dont Blaise Cendrars, préfacier, a écrit « ...quand je lis ces pages, des oiseaux sautent d'une ligne à l'autre»; Cangaceiros (1949), histoire de hors-la-loi contée sur un rythme dramatico-épique, a donné à Rêgo une notoriété mondiale. Joào Cabral de Melo Neto (né en 1920). Un poete rigoureux, qui assure la transition entre les modernistes et l'avant-garde des années 1950-1960 (recherches linguistiques et sémantiques). ...»
«
866
Rappelons que la langue du Brésil est le portugais.
866.1 -DES ORIGINES AU XIXe SIÈCLE.
A -Avant l'indépendance.
• Si l'on ne tient pas compte des écrits établis
par les premiers conquérants portugais (comptes
rendus, descriptions, etc.) au XVI e
siècle, on peut dire
que les XVIe, XVIIe et XVIII• siècles ne témoignent
guère de l'existence d'une littérature brésilienne.
On
peut, certes, citer des noms comme ceux de Pero de
Magalhiies Gandavo (fin XVIe
siè,cle) ou du' P.
Car
dim (env.
1548-1625) qui ont dépeint le Brésil à
leurs compatriotes européens; ou encore le prédica
teur Ant6nio Vieira (1608-1697).
On date souvent les
débuts de la littérature brésilienne de l'œuvr� du poète
Greg6rio de Matos (1623-1696), qui est cependant
plus portugais que brésilien.
• A la fin du XVIII• siècle se fait sentir l'in
fluence de la révolution nord-américaine et celle des
philosophes français.
Il se trouve alors au Brésil des
· intellectuels qui pensent pouvoir soustraire leur pays
à la tutelle portugaise pour en faire un État indépen
dant.
Le mouvement s'est d'abord développé dans la
région de Minas Gerais; s'y rattachent : le poète
Claudio Manuel da Costa (1 729-1 789), le poète
mulâtre Manuel Ignacio da Silva Alvarenga (1749-
1814) et d'autres écrivains, médiocres imitateurs des
Européens dans l'ensemble; sinon peut-être José
Basilio da Gama (1740-1795), auteur de L'Uru�Py
(1769).
B -Après l'indépendance.
• L • indépendance du Brésil (1822) intervi oot
au moment où le romantisme se répand en Europe.
Elle s'accompagne d'une exaltation de ce qui n'est pas
portugais, c'est-à-dire de l'indianité et, bien entendu,
du �^ante Brasil que chante Ant6nio Gonçalves Dias
(1823-1864).
Il faut citer également José de Alencar
(1829-1877), auteur du roman O Guarani.
Enfin,
l'homme qui a combattu :_ par la plume et par l'action
politique -pour l'abolition de l'esclavage des Indiens
est Joaquim � à(1849-1910), diplomate, essayiste,
historien.
•La poésie lyrique se continue, après Dias,
par Ant6nio de Castro Alves (184 7-1871 )
; puis le
romantisme débouche sur l'art figé du Parnasse (Ray
mundo Corrêa, 1860-1911 ; Alberto de Oliveira,
1857-1937; Olavo Bilac, 1865-1918) et, en fin de
siècle, sur le symbolisme (Joiio da Cruz e Souza,
186 1-1898; Alphonsus de Guimaraës, 1870-1921).
• Le naturalisme brésilien est marqué par l'in
térêt porté par les écrivains à cette vaste région déshé
ritée appelée le sertào (Brésil du �BEà et qui
inspire encore romanciers et - surtout -cinéastes.
Principaux noms : Afonso Arinos (1868-19 16),
H.
M.
Coelho �ià(1865-193 4), Afrânio Peixoto
(1876-1947), Euclydes da Cunha (1866-1909), auteur
de Os
Sertoes (1902), admirable essai sociologique.
Joaquim Maria Machado de Assis (1839-1908),
poète parnassien
( Chrysalides,
1864 ), est surtout un
romancier réaliste, une sorte d'Anatole France brési
lien, avec un peu plus de pessimisme que de scepticisme
(Mémoires d'outre-tombe de Braz Cubas, 1880;
Quincas Sorba, 1891 ; Dom Casmurro, 1900).
866.2 -LE XXe SIÈCLE.
A -Généralités.
Trois étapes sont à retenir dans l'évolution littéraire
du Brésil au XXe
siècle.
• Le début du siècle voit s'affirmer l'académisme
(Parnasse et symbolisme); en réaction, le moder
nisme (sans rapport avec celui de Rubén Dario)
apparaît vers 1922 (Mario de Andrade, 1893-1945;
Oswald de Andrade, 1890-1954; José Pereira de
Graça Aranha, 1868-1931); il est marqué par la défi
nition de nouveaux moyens d'expression.
• A partir de 193 0 : expansion de la culture; LITTÉRATURE
BRÉSILIENNE
Tout naturellement, les plus créateurs des intellectuels brésiliens contemporains se sont tournés
vers le cinéma.
C'est ainsi que par l'image et le texte, Glauber Rocha chante la misère et la beauté
du sertllo, lieu tragique de ses films Le Dieu noir et le Diable blond et, ci-dessus.
Antonio das
Mortes.
intérêt pour l'histoire et la sociologie.
Les écrivains
- et les critiques -sont de plus en plus préoccupés
de problèmes sociaux (libéralisme) et le modernisme
devient l'un des véhicules des idées révolutionnaires
après l'installation de la dictature en 1933.
• Après 1945, retour -illusoire -à la « démo
cratie ».
Fait important : le développement du cinéma
brésilien, à
l'évolution duquel sont liés les écrivains de
la génération de 1945 (problèmes étudiés : les
favelas -bidonvilles -, la misère des villes, les ques
tions sociales, la décadence des grandes familles, le
sertào).
B -Quelques écrivains importants.
� à citons ci-dessous les principaux noms de la
littérature brésilienne au XX• siècle, par ordre alpha
bétique; il faudrait y ajouter bien des écrivains que
nous ne pouvons étudier ici : Jorge de Lima, Oswald
de Andrade, Murilo Mendès, Augusto Frederico
Schmidt, Graciliano Ramos, Erico Verfssimo, Vinfcius
de Morais, Lucio Cardoso, Clarice Lispector.
etc.
• Jor�W
Amado (né en 1912).
Certainement
l'un des romanciers brésiliens d'aujourd'hui les mieux
connus hors de son pays.
Presque toute son œuvre, d'un
réalisme mêlé de poésie, est empreinte de préoccu
pations sociales (Cacao, Bahia de tous les saints,
Les Pâtres de la nuit.
Gabriela, �^uq[W et cannelle, etc.).
• Manuel B andeira ( 1886- 1968).
Le doyen des
poètes brésiliens; moderniste, a utilisé aussi bien les
techniques cubistes, l'écriture semi-automatique et la
versification traditionnelle : Carnaval, 1919; La
Cendre des heures, 1917; Le Rythme rompu, 1924;
Libertina�W 1930; Itinéraire de Parsa�PTW| 1954.
• Josué
de Castro (1908-1973).
Ce n'est pas
un écrivain, mais un anthropologue et un géographe.
Son livre, Géo�vPs]^W de la faim (1949), en cinq volu
mes (dont le premier consacré au Brésil), est l'un des
premiers et importants ouvrages de géographie
humaine sur ce problème tragique.
• Gilberto
Freyre (né en 1900).
C'est un socio
logue plus qu'un écrivain.
Son essai Maitres et esclaves
(1933) relève de la science anthropologique, mais
Terres du sucre (Nordeste, 1937), malgré son carac
tère scientifique, est un modèle de prose soutenue
lucide et claire.
• Joào
Guimaràes Rosa (1908-1967).
C'est
un sertaoiste; mais il a su éviter à la fois le naturalisme
facile d'Afonso Arinos et des écrivains du XIX e
siècle,
et le régionalisme -trappe dans laquelle tombent bien
des écrivains latino-américains -avec des œuvres
qui tendent à l'universel; en 1956 ont été publiés :
Corps de ballet, Diadorim, Les Nuits du Sertào.
Le
cadre tragique du sertào est un lieu où Guimariies
Rosa -tout en utilisant les éléments locaux (langue,
paysages, mœurs, etc.) -situe le grand combat entre
le bien et le mal, traduisant le mal métaphysique dont
tous les homrnes souffrent avec les matériaux de la
tradition littéraire brésilienne.
Le fait le plus important
de l'œuvre de Guimariies Rosa est son utilisation du
langage : il en fait un moyen presque mystique de
contemplation intérieure; le sertâo et les paroles du
sertanejo marchant inévitablement et presque joyeuse
ment vers la mort sont, comme l'écrit le préfacier de
Buriti, Xavier Domingo, « un prisme transparent» qui
résume en lui-même la Totalité, tout en en multipliant
les images par ses facettes.
• José
Lins do Rê�q (1901-1957).
Il a dépeint
la décadence des grandes familles de planteurs, mais
le lyrisme de son style lui fait dépasser le simple roman
à.thèse : Feu mort (1944), L'Enfant de la plantation
(1947) dont Blaise Cendrars, préfacier, a écrit
« ...
quand je lis ces pages, des oiseaux sautent d'une
ligne à l'autre»; Can�PSW^uq| (1949), histoire de
� hors-la-loi
contée sur un rythme dramatico-épique, a
!l donné à Rêgo une notoriété mondiale.
Josué de Castro (1908-1973).
!
Joào
Cabral
de Melo Neto (né en 1920).
...: Un po!te rigoureux, qui assure la transition entre les
� modernistes et l'avant-garde des années 1950-1960
(recherches linguistiques et sémantiques)..
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