La liberté de croire ce qu'on veut est-elle compatible avec la vérité ? (ou de la compatibilité entre croyance et vérité)
Publié le 15/05/2020
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La liberté de croire ce qu'on veut est-elle compatible avec la vérité ? (ou de la compatibilité entrecroyance et vérité)
Introduction
La croyance est un terme problématique.
Il peut avoir un sens péjoratif si on l'apparente à de la superstition ou à de l'ignorance.
Au sens étymologique, credere signifie « faire confiance ».
C'est effectivement le sens de confiance aveugle que l'on met souvent sous ce terme.
Au sens philosophique, la croyance est l'adhésion incertaineà une idée par opposition au savoir.
C'est donc une disposition de l'esprit qui peut être plus ou moins négative si onl'assimile au préjugé, à la naïveté, à l'erreur ou à la foi.
Par définition, la croyance semble s'opposer à la vérité.
La recherche de la vérité et la croyance ne peuvent-elles pas cohabiter dans un même esprit ? Pour rechercher lavérité, faut-il renoncer à croire ?
De prime abord, la croyance semble constituer un obstacle à la recherche de la vérité, dans la mesure où une véritédevrait s'appuyer sur un savoir pour être certaine.
Or croyance et savoir semblent s'exclure l'un l'autre.
Néanmoins,on pourrait opter avec Kant pour une croyance raisonnable, c'est-à-dire, dans les limites de la raison.
Enfin, on peutse demander si la vérité n'est pas un objet de croyance en elle-même, celui du philosophe.
I- Pour chercher la vérité, il faut renoncer à la croyance
Comment prétendre chercher la vérité en continuant à adhérer à des opinions ? Cela sembleraitcontradictoire.
Pour Descartes, en effet, la première chose à faire pour chercher la vérité et de se débarrasser detoutes ses croyances.
Depuis l'enfance, nous avons accumulé en nous un grand nombre de préjugés.
Dans sesPrincipes de philosophie , Descartes écrit : « Comme nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens lorsque nous n'avions pasencore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à laconnaissance de la vérité ».
Descartes oppose clairement vérité et croyance, et les présente comme incompatibles.
Comment renoncer à la croyance et chercher la vérité ? Comment se débarrasser de nos préjugés et empêcher quede nouveaux préjugés se forment ? Pour cela, Descartes propose une méthode.
Dans le Discours de la méthode , il donne quatre règles à suivre strictement.
La première est la règle d'évidence qui consiste à ne rien recevoir pourvrai et à éviter la prévention (c'est-à-dire la persistance des préjugés de l'enfance) et la précipitation (le jugementrapide).
La seconde règle est celle de l'analyse, selon laquelle il faut examiner un par un les éléments à mettre endoute.
La troisième règle est celle de l'ordre qui consiste à « conduire par ordre ses pensées ».
Enfin, il y a la règledu dénombrement selon laquelle tous les éléments de connaissance doivent être énumérés afin qu'aucun ne soitoublié.
La démarche cartésienne est proche d'une démarche mathématique, et a pour objectif l'acquisition d'unsavoir, par opposition à la croyance.
II- Laisser une place à la croyance dans la recherche de la vérité
« J'ai donc dû supprimer le savoir pour y substituer la croyance », déclarait Kant dans la préface de la seconde édition de la Critique de la raison pure .
Il ne faut pas se méprendre sur le sens de cette affirmation.
Aussi, la distinction des divers sens que recouvre le mot de croyance présente-t-elle un intérêt.
Il s'agit ici de la croyancecomme foi et non comme opinion.
Kant rejette la croyance au sens d'opinion infondée, qu'il dénonce enmétaphysique.
La métaphysique qu'il remet en cause est une métaphysique perdue dans d'interminablescontradictions.
Cela est dû au fait qu'elle prétend donner des réponses et offrir un savoir sur des questionsauxquelles la raison ne peut répondre.
En revanche, la croyance est valorisée chez Kant au sens de foi.
Même si elle est placée en dessous de la science,une foi raisonnable est revendiquée par Kant.
En effet, c'est une foi qui doit rester « dans les limites de la simpleraison », (en référence à l'ouvrage de Kant intitulé La Religion dans les limites de la simple raison ).
Il faut maintenir un type de croyance afin de rendre possible les idées de Dieu, de liberté et d'immortalité.
Il y a une nécessité de lacroyance.
Citation : « Je dus donc abolir /mettre de côté le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance » / « Ich.
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