LA LIBERTE
Publié le 05/12/2021
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Si nous voulons proposer de la liberté une définition suffisamment large pour qu’elle s’applique à toutes les formes de liberté, nous ne pouvons adopter que cette définition : la liberté est l’absence de contraintes. On parlera dès lors de libertés au pluriel car il y a sans doute autant de libertés que de contraintes dont on s’affranchit. Tout ceci nous amène à différents problèmes : de quelle servitude l’homme souffre-t’il ? Toute autorité est-elle nécessairement aliénante ? 1) La liberté est-elle l’acceptation de la nécessité ? Le stoïcisme apparaît en 332 avant JC et il est crée par Zénon. Le stoïcisme continue à être enseigné jusqu’au IIème siècle après JC avec Cicéron, Sénèque, Marc-Aurèle. L’épicurisme apparaît à la même époque. En rejetant toutes deux les philosophies de Platon et d’Aristote, ces deux philosophies sont des doctrines morales ; elles proposent des règles de vie propre à atteindre le bonheur et la sagesse. Le bonheur a pour nom ataraxie (= absence de troubles, pais de l’âme). Ces deux philosophies proposent un détachement de la vie politique. Pour les Stoïciens, il s’agit de vivre en accord avec la nature ce qui implique une soumission au cours des évènements. Les Stoïciens pensent donc que le Monde et les évènements qui s’y passent sont parfaitement organisés. Il y a une loi rationnelle qui dispose chaque chose, chaque être à sa place. Cette loi rationnelle est appelée destin. Les Stoïciens ne se révoltent pas contre la souffrance, la guerre ou la mort, puisque tout ce qui arrive devait arriver. L’ataraxie provient d’une soumission de l’âme au cours des choses : le sage doit même se réjouir de ce qu’il lui arrive. La sagesse est donc la soumission du destin. La liberté, c’est le pouvoir que nous donne notre esprit de maîtriser son jugement sur ce qu’il lui arrive ; il s’agir donc d’une liberté intérieure. C’est également dans la maîtrise de notre jugement que réside le bonheur. Epictète écrit : « Il n’y a qu’une route vers le bonheur, que cela soit présent à ton esprit dès l’aurore, jour et nuit : c’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté ». Ainsi, pour Epictète, il s’agit de méditer jour et nuit, de se répéter la pensée pour que puisse naître un être nouveau. La pensée transforme à condition de se l’assimiler. S’il ne dépend pas de nous qu’un tyran nous menace de mort, mais nous pouvons nous comporter comme un lâche qui implore ou comme un homme courageux, mourrant librement (le modèle des Stoïciens est Socrate). Il appartient à l’homme de maîtriser son jugement sur la mort. En effet, si j’ai peur de la mort et quelqu’un me menace de mort, je vais céder à toutes ses demandes, mais pourquoi avoir peur de la mort ? Elle est inconnaissable pour l’homme. Pourquoi serait-elle effrayante ? Les choses qui dépendent de nous est notre jugement sur les choses. Ce qui dépend de nous, c’est tout ce qui nous arrive ; c’est également notre corps, la richesse, la célébrité, le pouvoir. Tout ce qui nous empêche d’être autosuffisant. CRITIQUE DU STOÏCISME : Les Stoïciens ne réduisent-ils pas la liberté à la résignation ? Celui qui est né esclave devra converser sa place d’esclave sans révolte. D’une certaine manière, pour les Stoïciens, l’homme ne peut véritablement rien tenter pour transformer sa situation, puisque le stoïcisme repose sur la croyance que tout est parfaitement bien utilisé. Le stoïcisme porte la marque d’une vision de l’homme qui a évolué ; grâce au développement de la science et des techniques, l’homme parvient à comprendre et à maîtriser les forces de la nature. On envisage plus la nature comme parfaitement bien ordonnée et possédant un dessein, un finalisme qui serait décidé par des Dieux. II) Puis-je savoir avec certitude que je suis libre ? Descartes reprendra en partie la perspective stoïcienne en concevant dans un premier temps la liberté du jugement ; plus exactement, c’est par la suspension du jugement que l’homme expérimente sa liberté. Cependant, Descartes conçoit l’homme comme responsable de ses actions. Le doute est donc l’expérience de notre liberté, mais il existe selon Descartes une liberté plus grande : « si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bien, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement, quel choix je devrais faire et ainsi, je serais entièrement libre sans jamais être indifférent ». Il fait allusion à la liberté d’indifférence qui est selon lui « le plus bas degré de la liberté ». La liberté d’indifférence est liée à l’ignorance du vrai et du bien ; elle existe donc lorsque je ne sens rien qui me pousse à choisir ; elle se confond avec l’exercice du hasard. Selon Descartes, il est impossible de ne pas adhérer au vrai et au bien lorsque je le connais par évidence. La véritable liberté pour Descartes, c’est le résultat d’un choix soit par la raison seule, soit grâce à notre communauté d’essence avec Dieu. Pour Descartes, Dieu existe et l’homme penche naturellement vers le bien. Descartes renoue avec la perspective de Socrate selon laquelle nul n’est méchant volontairement. Si l’homme se trompe ou se dirige vers le mal, c’est parce qu’il a mal utilisé sa raison et c’est donc là le plus haut degré de la liberté. Il y a deux notions importantes pour comprendre et cerner la liberté : le choix et la volonté : L’homme est libre parce qu’il choisit, il prend parti. La volonté, c’est la faculté de se déterminer à agir ou à s’abstenir en pleine connaissance de cause et après réflexion. Descartes insiste donc sur trois formes de liberté : liberté d’indifférence, le doute, la détermination à agir après réflexion. Cependant, Descartes accorde donc notre liberté avec la toute puissance divine. Est-ce possible ? Quelle place reste-t’il vraiment pour ma liberté ? Pour Descartes, l’incompatibilité entre la liberté humaine et l’existence de Dieu existe mais est totalement incompréhensible. Pour Sartre, la liberté de Descartes n’est donc qu’une fausse liberté. En effet, si l’homme n’est pas créateur de ses propres valeurs, en autre celles du bien et du mal, il n’est donc pas véritablement puisqu’il s’en remet à quelqu’un d’autre qu’à lui-même. Selon Sartre, la véritable liberté implique la création et l’ivention de sa vie et de ses valeurs. III) Suis-je libre de ne pas être libre ? La nature humaine désigne l’ensemble des réalités qui constitue l’homme avant toute expérience ou toute existence. Pour Sartre, elle n’existe pas. Être responsable : cela signifie tout d’abord qui est l’auteur, la cause volontaire et consciente de quelque chose et cela signifie également celui qui doit accepter et subir les conséquences de ses actes et en répondre. Selon Sartre, Dieu n’existe pas ; il appartient donc à l’homme de construire sa vie et de réaliser ses valeurs. L’existence précède l’essence ; c’est le point de départ de la philosophie existentialiste. Aucune humanité n’est définie à l’avance ; il n’existe pas de nature humaine. L’homme doit se faire ou se définir à travers les choix qui dirigent sa vie puisque Dieu est nié ; il n’existe par là-même aucune norme morale transcendante (c’est-à-dire provenant d’une nature supérieure à l’homme et séparée du monde sensible), ni aucune signification pour l’existence humaine. Pour Sartre, l’avenir est totalement ouvert, inattendu et l’homme se doit de créer sa vie et son sens. L’homme est donc responsable absolument de lui-même. Cette liberté totale et cette absence de Dieu peuvent être à l’homme angoissantes. Il aura donc tendance à essayer d’échapper à sa liberté en se cherchant des excuses (en étant de mauvaise foi). C’est bien sûr par rapport au groupe dont je fis partie et à l’histoire qu’il m’a transmise que mon existence et mon action authentique, c’est-à-dire ma liberté, peuvent trouver leur sens. L’homme n’est pas Dieu, il n’y pas de création à partir de rien (ex nihilo) Sartre utilise deux concepts : la contingence et l’angoisse. L’angoisse correspond chez Sartre à la conscience de la responsabilité totale qui découle de la liberté de l’homme qui doit exister sans excuse puisque rien ne s’impose à lui. D’une manière générale, on différencie l’angoisse de la crainte. La peur ou la crainte ont un objet déterminé tandis que l’angoisse est éprouvée comme étant sans objet. La contingence s’oppose à la nécessité, c’est-à-dire la vie de l’homme n’a pas d’emblée de sens ; de même, le monde n’a pas de sens ; l’homme est donc souvent confronté à l’absurde. La contingence est ainsi opposée au destin. Critiques de la philosophie de Sartre La philosophie de Sartre repose sur l’idée qu’il n’existe que la conscience, or l’homme se définit-il uniquement par elle ? Peut-on totalement refuser l’hypothèse de l’inconscient de Freud ? L’homme ne doit-il pas tenter de se libérer du passé, le peut-il ? S’il est libéré de son passé, alors il peut exercer sa liberté comme Sartre la définit, c’est-à-dire une création, une invention. Sartre ne néglige-t’il pas le poids des circonstances extérieures. Ces circonstances extérieures sont quelquefois difficiles à dépasser. Il est parfois difficile d’exercer sa liberté (ex : dans un pays où la pauvreté est grande). C’est alors la recherche de la satisfaction des besoins premiers qui est essentielle.
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