La guerre éclair des "taliban"
Publié le 10/09/2020
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Afghanistan 1994-1995
La guerre éclair des "taliban"
L'année 1994 a vu un changement brutal dans l'équilibre des forces en
Afghanistan, avec l'arrivée de nouveaux protagonistes, les taliban, et
l'affaiblissement de la coalition opposée au dirigeant Ahmed Shah Massoud et au
président Burhanuddin Rabbani.
Quatre forces, essentiellement fondées sur des divisions ethniques, se battaient
pour Kaboul depuis sa prise par les mudjaheddin en avril 1992.
Les Tadjiks,
regroupés dans le Jamiat-i Islami (islamistes modérés) du président Rabbani et
du commandant A.
Massoud; les Hazaras chiites, unifiés dans le Hizb-i Wahdat
dirigé par Cheikh Ali Mazari et soutenu par l'Iran; les Ouzbeks, regroupés
autour du général Rashid Dustom, avec l'appui de l'Ouzbékistan, et enfin
Gulbuddin Hekmatyar, chef du très radical Hizb-i Islami, composé essentiellement
de Pachtou et soutenu depuis vingt ans par les services secrets pakistanais.
Le Jamiat tenait la Présidence depuis fin 1992, s'appuyant sur les Ouzbeks de R.
Dustom et la neutralité des chiites pour contrer G.
Hekmatyar, qui, quoique
officiellement Premier ministre, s'efforçait de chasser les troupes
gouvernementales de Kaboul.
En janvier 1994, un renversement d'alliances unit le
Hizb-i Islami, R.
Dustom et le Hizb-i Wahdat contre le gouvernement.
Cette
coalition échoua encore à renverser le président.
De durs combats se déroulaient également au nord, ayant pour enjeu la ville de
Kunduz, passant régulièrement des mains des forces gouvernementales à celles de
R.
Dustom.
Quant au reste du pays, il restait divisé entre une multitude de
petits commandants locaux, d'où a émergé l'"émirat de l'Ouest", dirigé par
Ismaïl Khan, membre du Jamiat-i Islami, mais qui restait à l'écart de la
bataille de Kaboul.
L'impasse militaire était totale jusqu'à l'automne 1994.
Le représentant spécial
du secrétaire général de l'ONU, Mahmoud Mestiri, s'efforçait de mettre sur pied
une formule politique prévoyant le remplacement du président Rabbani par un
conseil de personnalités apolitiques représentant les différentes provinces de
l'Afghanistan, assisté d'une force d'interposition composée de troupes venues de
tout le pays.
A peine accepté par les différents acteurs en janvier 1995, ce
plan devenait caduc du fait de l'émergence des taliban.
La politique afghane du Pakistan
Le mouvement des taliban est apparu en août 1994 dans la région de Kandahar.
Il
réunit des "étudiants en théologie" provenant de la ceinture tribale pachtou,
plus particulièrement des confédérations pachtou Dourrani et Ghilzay (sud de
l'Afghanistan).
Ils ont été formés dans des madrasa (écoles religieuses),
installées de part et d'autre de la frontière avec le Pakistan, sous l'influence
de l'école dite déobandie (fondée à Deoband), représentée au Pakistan par le
parti Jamiat-i Ulama Islami (Rassemblement des oulémas de l'islam, JIU), dirigé
par Maulana Fazlur Rehman.
Ce parti est plutôt fondamentaliste, mais opposé, au
Pakistan, à l'islamisme politique du Jamaat-i Islami (Rassemblement islamique,
JI) et au wahhabisme saoudien.
Adversaire du général Mohammad Zia-ul Haq - qui
avait renversé Ali Bhutto en 1977 -, il a soutenu la fille de ce dernier,
Benazir Bhutto, redevenue Premier ministre du Pakistan en 1993.
Durant la guerre contre l'URSS (1979-1989), les taliban, dépourvus
d'organisation propre, adhéraient globalement au parti Harakat-i Enqelab Islami
de Nabi Mohammedi.
Leur brusque transformation en un mouvement
politico-militaire lors de l'été 1994 a résulté de plusieurs facteurs:
- l'impasse politique et la lassitude de la population,- le fait que les
Pachtou, qui ont toujours détenu le pouvoir central depuis la création de
l'Afghanistan, refusaient d'être représentés par G.
Hekmatyar;- et, surtout, un.
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