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LA GRÈCE AU XXe SIÈCLE

Publié le 15/09/2020

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État du sud-est de l'Europe, à l'extrémité de la péninsule des Balkans ; capitale Athènes. • La préhistoire et la protohistoire • La Grèce des temps obscurs (XIe/IXe s.) • Révolutions politiques et colonisation (VIIIe/VIe s. av. J.-C.) • La Grèce sous la menace des Perses (500/449 av. J.-C.) • Athènes, Sparte et Thèbes • La Macédoine • La Grèce alexandrine et romaine • La Grèce au Moyen Âge et sous la domination ottomane • La conquête de l'indépendance (1770/1830) • La Grèce de 1830 à 1923 • La dictature de Metaxás • La Seconde Guerre mondiale et ses suites • Les crises de la Grèce contemporaine La préhistoire et la protohistoire Peuplée à partir du paléolithique inférieur, la Grèce possède de nombreux sites couvrant tout le paléolithique. Elle fut touchée assez tôt par la diffusion de la civilisation néolithique du Proche-Orient, comme le prouve la découverte, en Thessalie, à Sesklo et à Argissa-Magoula, d'un néolithique d'abord précéramique, puis avec céramique peinte, dans la seconde moitié du VIIe millénaire, en Thessalie ainsi qu'en Grèce centrale et dans le Péloponnèse (Lerne, Franchthi). Les hommes de ce temps vivaient dans des maisons de brique crue ou de torchis ; ils cultivaient le blé et certaines légumineuses ; ils avaient domestiqué la chèvre et le mouton. À la fin du VIIe millénaire, la plastique en terre cuite apparaît à Sesklo, avec des statuettes féminines qui vont devenir de plus en plus nombreuses. Les constructions sont désormais en brique crue, sur des fondations de pierre ; les agglomérations de Sesklo et de Dimini (Thessalie) sont protégées par des murs d'enceinte. Le néolithique récent, à partir du début du Ve millénaire, est bien connu par de nombreux sites, en particulier par la civilisation de Dimini, qui conserve les principaux caractères de Sesklo mais renouvelle le décor céramique (apparition de la spirale et de la grecque) et un habitat complexe avec l'apparition de la maison à mégaron. Pendant la dernière période de Dimini, le métal est connu sous forme de haches en cuivre et de boucles d'oreilles en or, mais il s'agit sans doute d'objets importés. Vers le milieu du IIIe millénaire, la Grèce insulaire prend son essor, avec les civilisations du bronze qui vont s'épanouir dans les Cyclades (v.) et dans la Crète minoenne (v. CRÈTE). Dans la Grèce continentale, l'âge du bronze est connu sous le nom d'helladique ; on le divise en trois phases, qui se succèdent entre 3250 et 1050 av. J.-C. À partir de la fin du IIIe millénaire, la métallurgie (essentiellement le cuivre) est très active à Sitagroi, Kythos, Poliochni ou Thermi. À l'époque du bronze moyen (2000/1550 av. J.-C.) commencent les infiltrations de peuples balkaniques, peut-être indo-européens, qui pénètrent jusque dans le Péloponnèse ; pasteurs et agriculteurs, ces arrivants amenaient avec eux le cheval et certaines techniques métallurgiques de l'Europe centrale ; sans avoir complètement abandonné les haches de pierre polie, ils se servaient de nombreuses armes en cuivre et en bronze. On leur attribue encore l'introduction d'usages funéraires nouveaux (tombes à ciste et tombes à chambres ou tholoi), ainsi qu'une poterie caractéristique, dite « minyenne », dont la couleur uniforme rappelait le bronze et l'argent. Il est cependant possible que l'ensemble de ces innovations relèvent simplement d'évolutions locales. 000200000E0300000D20 DFD,De la fusion de ces Proto-Hellènes avec les indigènes est née, aux environs de 1600 avant notre ère, la civilisation mycénienne, celle des guerriers achéens, qui a entretenu des relations étroites avec la civilisation crétoise, avant de la supplanter définitivement à partir de la conquête de l'île vers le milieu du XVe s. Devenus marins, les Achéens ont noué des relations commerciales lointaines, avec la Syrie et l'Égypte, et, vers l'ouest, avec l'Italie du Sud. En Grèce continentale, la base principale de leur puissance était l'Argolide, au N.-E. du Péloponnèse, où se trouvaient les places fortes de Mycènes, d'Argos, de Tirynthe, aux murs cyclopéens dont la signification est ambiguë : fortifications nécessaires dans un monde perpétuellement en conflit, ou plutôt constructions de prestige plus que d'usage défensif ? Entre la fin du XIIIe s. et 1150 env., des traces de destruction peuvent s'expliquer par des conflits internes, les mouvements des Peuples de la Mer et ceux de bandes d'Achéens en quête de rapines. La civilisation mycénienne a disparu au XIe s., dans un contexte de violences où commença la migration de plusieurs peuples continentaux vers les rivages de l'Asie Mineure, en même temps qu'arrivaient du nord des peuples doriens. Apparemment, seules l'Arcadie et l'Attique furent épargnées par ces profonds bouleversements. La Grèce des temps obscurs (XIe/IXe s.) À partir du XIe s. sans doute, on pouvait distinguer dans le monde égéen une nouvelle répartition des peuples grecs en fonction de leurs dialectes : a) les Éoliens, établis sur le continent en Béotie et en Thessalie et sur la côte d'Asie Mineure entre les Dardanelles et le golfe de Smyrne, et dans l'île de Lesbos ; b) les Ioniens qui avaient leurs bases en Attique et en Eubée ; ils occupèrent la plupart des Cyclades, Paros, Naxos, Délos (qui fut leur centre religieux), et ils furent le principal groupe des Grecs d'Asie (Milet, Priène, Éphèse, Colophon, Téos, Phocée, Chio, Samos...) ; c) les Doriens, installés dans l'isthme de Corinthe et dans la plus grande partie du Péloponnèse, tenaient également la Crète, Mélos, Théra, Rhodes, Cos et la côte asiatique au S. de Milet, avec Cnide. Au centre du Péloponnèse subsistaient les Arcadiens. La partie occidentale du Péloponnèse et l'Épire appartenaient aux Grecs du Nord-Ouest. La disparition de la civilisation mycénienne fut suivie d'un affaiblissement marqué dans tout le monde grec ; le commerce international fut limité à quelques centres (Eubée, Crète) ; l'écriture elle-même cessa d'être employée jusqu'à la fin du Xe s. C'est à cette époque que remonte l'émiettement politique de la Grèce. C'est au cours de ces temps obscurs que se forma, sans qu'on puisse en distinguer les étapes, le cadre politique, économique et religieux typique de la civilisation grecque à l'époque historique : la cité (en grec polis). Réduite le plus souvent à la dimension d'un petit centre urbain et de quelques villages, avec un territoire qui allait de quelques dizaines à quelques centaines de km2, la cité grecque était tout autre chose qu'un bourg ou une ville modernes ; elle formait un organisme, dont tous les membres se disaient les descendants d'un ancêtre commun. Sur un territoire cinq fois moins grand que celui de la France actuelle, des centaines de petites cités-États se sont constituées. Chacune avait son organisation politique, ses divinités poliades et ses fêtes religieuses. Leur particularisme allait se traduire par d'innombrables conflits et, même en cas de danger pour la Grèce entière, une difficulté permanente à s'unir. 000200000D3800001B1D D32,Malgré ce morcellement, les Grecs eurent cependant le sentiment de former une unité de civilisation : ils avaient en commun une langue, une culture, des mœurs et des dieux. Dans des sanctuaires panhelléniques tels que Delphes et Olympie, toutes les cités se retrouvaient pour participer à des cérémonies religieuses et à des jeux qui suscitaient une vive émulation (jeux Olympiques, à partir du VIIIe s., Pythiques, Isthmiques, Néméens). Les poèmes d'Homère ont contribué à sceller l'unité morale de la Grèce ; ils furent composés, peut-être par des auteurs différents, durant le VIIIe s. av. J.-C., en Ionie. Révolutions politiques et colonisation (VIIIe/VIe s. av. J.-C.) Après un premier mouvement de colonisation, essentiellement en direction de l'Occident (v. GRANDE-GRÈCE), qui bénéficia du recul des positions phéniciennes à la suite des conquêtes assyriennes (VIIIe s.), un nouvel essor colonial grec partit des villes asiatiques d'Asie Mineure, et tout particulièrement de l'Ionie. Ses causes furent diverses : la surpopulation, les luttes civiles qui forçaient les membres des partis vaincus à s'éloigner de leur patrie, mais plus encore les nécessités économiques. La plupart des Grecs vivaient sur un sol étroit et pauvre, il leur fallait trouver des céréales pour se nourrir, des matières premières (bois et métaux) pour alimenter leur industrie, des esclaves pour répondre aux besoins croissants en main-d'œuvre. Les pionniers de la colonisation grecque furent les grandes cités comme Milet, Chalcis, Érétrie, Corinthe, alors que les régions agricoles, comme l'Attique et le centre du Péloponnèse (Sparte), entrèrent plus modestement ou plus tardivement dans cette évolution. Les premiers établissements furent fondés au VIIIe s. en Occident et en mer Égée, sur les côtes de la Thrace et de la Chalcidique (région dont le nom vient des colons de Chalcis). Milet, la cité la plus prospère de l'Ionie, prit ensuite l'initiative de la colonisation dans le Pont-Euxin (la mer Noire). Au VIe s., les Mégariens (Doriens) fondèrent Héraclée du Pont et Mésembria. Au sud de l'Asie Mineure, plusieurs comptoirs furent établis en Lycie (Phasélis), en Pamphylie (Aspendos, Sidê, Pergè) et en Cilicie (Tarse). En Égypte, l'installation grecque fut facilitée par l'envoi de mercenaires dont les pharaons avaient besoin pour résister aux Assyriens et aux Perses : Milet, présente dans le delta du Nil au VIIIe s., put ainsi fonder avec plusieurs autres cités non une colonie de peuplement, mais un important comptoir (emporion) à Naucratis. Sur la côte d'Afrique, les Doriens de Théra créèrent, vers la fin du VIIe s., la puissante base de Cyrène, qui permettait aux Grecs de concurrencer l'activité des Phéniciens en Méditerranée occidentale. La colonisation hellénique s'orientait en effet aussi bien vers l'ouest que vers l'est : en 734, Corinthe avait occupé Corcyre (Corfou), à l'entrée de l'Adriatique. L'Italie méridionale et la Sicile avaient été atteintes dès le VIIIe s. Les Étrusques empêchèrent les Grecs de remonter plus au nord de l'Italie. Mais les Phocéens, partis de leur cité d'Asie, doublèrent la Sicile et la Sardaigne, s'aventurèrent jusqu'au-delà du détroit de Gibraltar, puis, non loin du delta du Rhône, ils fondèrent Massalia ou Marseille (vers 600) ; celle-ci à son tour établit de nombreux comptoirs sur les côtes du golfe du Lion et de la Provence. 000200000D030000284F CFD,À partir de la fin du Ve s., le commerce grec s'était ainsi étendu sur la plus grande partie de la Méditerranée et sur la mer Noire. En général, les Grecs n'essayaient guère de conquérir les territoires de l'intérieur au-delà des terres nécessaires à la vie économique et à la sécurité des cités coloniales. Les colons restaient séparés des indigènes, avec lesquels ils entretenaient des relations limitées. Chaque colonie était une réplique de sa métropole. Elle conservait des liens très forts avec celle-ci, mais elle était réellement indépendante, se gouvernait par elle-même et à son tour créait de nouvelles colonies. L'expansion rapide du monde grec provoqua un afflux de richesses nouvelles et entraîna de profonds bouleversements politiques : l'aristocratie, qui, dans la plupart des États grecs, avait supplanté les rois à partir du VIIIe s., intégra rapidement dans certaines cités les nouvelles élites urbaines (armateurs et commerçants), tandis que la partie la plus pauvre du peuple cherchait à obtenir l'égalité des droits. Tout le VIIe s. grec fut rempli par des conflits sociaux d'une extrême violence. On vit apparaître alors des législateurs, qui s'efforçaient de ramener la paix chez leurs concitoyens notamment par la rédaction des lois dont la noblesse, qui les conservait oralement, disposait à son gré : tels furent Dracon et Solon (v.) à Athènes, Pittacos à Mytilène. Mais la figure vraiment typique de cette période, c'est le tyran, généralement un noble qui s'était fait le champion du peuple contre les factions aristocratiques concurrentes afin d'asseoir son pouvoir personnel. Presque toutes les cités grecques, aux VIIe/VIe s., eurent leur tyran. Les premiers connus furent Orthagoras à Sicyone, Cypsélos à Corinthe, puis, au VIe s., Pisistrate à Athènes, et, aux Ve/IVe s., Denys l'Ancien (v.) et Denys le Jeune à Syracuse. La tyrannie grecque mit la violence au service d'une certaine politique sociale ; elle imposa parfois par la force le partage des terres, la redistribution des fortunes, l'abolition des dettes qui écrasaient les pauvres et l'abolition de l'esclavage pour dettes ; elle donna un grand essor au commerce maritime. C'est du temps de Pisistrate (v.) que date le début de l'expansion athénienne. Finalement, l'aristocratie réussit à renverser les fils de Pisistrate (510), mais elle ne recouvra point toute sa puissance passée. La tyrannie avait sans doute favorisé une mutation vers la démocratie athénienne. C'est elle qu'établirent les réformes de Clisthène (508). À ces luttes sociales s'ajoutaient les guerres endémiques de cité à cité qui constellèrent toute l'époque archaïque : Chalcis et Érétrie se disputaient l'Eubée ; Mégare et Athènes guerroyaient pour la possession de l'île de Salamine, qui resta finalement aux Athéniens ; victorieuse des Messéniens, d'Argos, de l'Arcadie, Sparte (v.) enfin prenait, au milieu du VIe s., la tête de la ligue du Péloponnèse et s'affirmait comme la première puissance territoriale de la Grèce. Cette époque a été aussi celle de l'aurore de la science et de la philosophie grecques, avec l'école naturaliste ionienne (Thalès, Héraclite) et l'enseignement de Pythagore en Italie ; elle vit le premier épanouissement de la poésie lyrique (Archiloque, Alcée, Sapho, Anacréon) et la naissance du théâtre issu du culte de Dionysos. 00020000126B0000354C 1264,La Grèce sous la menace des Perses (500/449 av. J.-C.) C'est l'absence de tout danger extérieur sur les rives de l'Égée qui avait rendu possible l'expansion hellénique en Méditerranée. La situation changea avec le développement de l'Empire perse achéménide. En 545, après avoir détruit l'État lydien de Crésus (v.), Cyrus (v.) imposa sa domination aux villes grecques d'Ionie. Plutôt que de se soumettre, les Phocéens préférèrent abandonner leur ville et fonder leurs colonies de Provence (Marseille, Olbia, Antipolis) et de Corse (Alalia) ; mais ils se heurtèrent à la coalition des Étrusques et des Carthaginois, qui leur infligèrent une grave défaite navale (bataille d'Alalia, 535). En 499, les cités d'Ionie, sous la conduite d'Aristagoras, tyran de Milet, se révoltèrent contre la Perse et surprirent Sardes, capitale de la satrapie, qui fut incendiée. Le roi de Perse Darius Ier réprima la révolte et détruisit Milet (494), mais il voulut aussi conquérir la Thrace et la mer Égée tout en se vengeant d'Athènes et d'Érétrie, qui avaient apporté leur aide aux rebelles. En 492, le général perse Mardonios lança une expédition en Thrace et en Macédoine, qu'il soumit. Puis Darius somma les États grecs de lui donner la terre et l'eau, signe d'allégeance. De nombreuses cités se soumirent ; d'autres, et notamment Athènes et Sparte, refusèrent. Les Perses traversèrent la mer Égée, détruisirent Érétrie, en Eubée, puis débarquèrent à Marathon, en Attique, mais furent rejetés à la mer par 10 000 Athéniens, commandés par Miltiade, et 1 000 Platéens. Les Spartiates arrivèrent après la bataille. Cette victoire de Marathon (automne 490) fut à l'origine de la vocation impériale d'Athènes ; celle-ci eut le sentiment d'avoir réellement sauvé l'Hellade. Elle considéra que sa mission était désormais de rassembler les Grecs pour livrer la bataille décisive à la Perse. En 480, après avoir maté une insurrection de l'Égypte, Xerxès Ier, successeur de Darius, réunit une nouvelle armée à laquelle il fit franchir les Détroits (Hellespont) sur des ponts de bateaux (481/480). Athènes, qui avait mis ces années à profit pour construire une importante flotte de guerre et aménager le port du Pirée, comme le conseillait Thémistocle, fut l'âme de la résistance grecque. La flotte de Xerxès fut anéantie à Salamine (480). Voir MÉDIQUES (guerres). Athènes, Sparte et Thèbes La victoire sur les Perses, qui permit l'épanouissement de la Grèce classique, était surtout celle d'Athènes, qui, après Salamine (mai 480), avait conservé l'initiative. Après leur évacuation par les Perses et le retrait spartiate du conflit, les îles de la mer Égée se tournèrent vers Athènes pour leur protection. En 478/477, Athènes organisa la ligue de Délos, vaste confédération égéenne, dont elle fit rapidement un instrument de son impérialisme en réduisant ses alliés au rang de cités tributaires. Sous Périclès (v.) (461/429), Athènes paracheva ses institutions démocratiques, mais resserra encore sa mainmise sur ses alliés. Elle brisa impitoyablement les révoltes et transféra dans ses murs le trésor commun, dont une partie servit à construire les admirables monuments de l'Acropole (Parthénon, Propylées...). Le danger perse écarté, cette politique heurta profondément le particularisme des cités. Les Athéniens durent faire face aux révoltes de Naxos (471), de Thasos (465/463), de Mégare (446), de l'Eubée (446/445), de Samos (441/439). Sparte profita du mécontentement qui se développait contre Athènes : depuis 462, ses relations avec Athènes s'étaient détériorées. En 446/445, les deux rivales conclurent une trêve de trente ans, mais le conflit entre Corinthe et sa colonie Corcyre et l'intervention d'Athènes aux côtés de cette dernière déclenchèrent en 431 la guerre du Péloponnèse. La lutte entre Sparte et Athènes se transforma rapidement en un conflit général, presque tous les États grecs se rangeant dans l'un ou l'autre camp, et s'étendit même à la Sicile (415/413). Cette guerre fut particulièrement dévastatrice ; des populations furent massacrées ou vendues comme esclaves ; des fléaux naturels (famine, peste à Athènes) ajoutèrent au chaos. Finalement, après presque trente ans d'hostilités, Athènes dut capituler et livrer sa flotte (404). C'est pourtant au milieu de cette crise terrible que la pensée, la littérature et l'art grecs atteignirent leur apogée ; ce fut le siècle de Périclès : dans l'architecture avec Callicrate et Ictinos ; dans la sculpture avec Calamis, Myron, Phidias ; dans la création théâtrale avec Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane ; dans la poésie lyrique avec Pindare ; en histoire avec Hérodote et Thucydide ; dans la science et la philosophie avec les sophistes et Socrate. 000200000ECB000047B0 EC5,À la faveur de la défaite, le parti oligarchique athénien, encouragé par Sparte, établit un gouvernement dit des Trente Tyrans (404), qui exerça la terreur. Il fut renversé en 403 et la démocratie fut restaurée ; mais on doit expliquer par une crise morale exceptionnelle la condamnation et l'exécution de Socrate, sous l'accusation d'impiété et de corruption de la jeunesse (399). L'hégémonie en Grèce était passée à Sparte, dont la domination ne tarda pas à éveiller un mécontentement général. Quand le roi spartiate Agésilas se trouva engagé dans une guerre contre la Perse (396/394), les Grecs se soucièrent peu d'opposer un front commun aux « Barbares ». Athènes accepta l'or perse pour reconstituer son armée et sa flotte et s'allia avec Corinthe et Thèbes contre Sparte. Les Spartiates, qui devaient mener la guerre à la fois en Perse et en Grèce, négocièrent la « paix du Roi » ou d'Antalcidas (386), qui abandonnait les villes grecques d'Asie Mineure au roi de Perse. Par la faute de leurs divisions, les Grecs perdaient ainsi les acquis des victoires remportées depuis les guerres médiques. Tandis qu'Athènes reconstituait une confédération maritime, la lutte de Sparte contre Thèbes prit un tournant décisif avec la victoire du Thébain Épaminondas à Leuctres (371). La suprématie militaire spartiate était brisée et l'hégémonie passait à Thèbes pour quelques années. Épaminondas remporta à Mantinée (362) une ultime victoire sur Sparte. Mais sa mort au combat signifiait l'effacement de Thèbes. Athènes reprit la suprématie dès 360. La Macédoine Au nord de la Grèce, le royaume de Macédoine s'était de plus en plus hellénisé. Il n'avait encore joué aucun rôle important en Hellade, mais sa force résidait dans sa monarchie héréditaire et dans son armée (phalange et cavalerie lourde). De 357 à 336, Philippe II de Macédoine sut mettre à profit les divisions des cités pour étendre sa domination sur toute la Grèce. Progressant tantôt par les armes, tantôt par la diplomatie et la corruption, il se rendit maître de la Thessalie et de la Grèce centrale. Dans la plupart des cités, des partis favorables au roi de Macédoine se formèrent. À Athènes, alors que Démosthène appelait ses concitoyens à la résistance, les partisans de la paix, comme Eschine, et ceux qui rêvaient à un panhellénisme renouvelé, comme Isocrate, faisaient aussi entendre leur voix. En 341, le parti antimacédonien triompha et Athènes forma une alliance avec la Béotie, Corinthe, l'Eubée, Byzance... Mais en 338, Philippe écrasa Athéniens et Thébains à Chéronée. Au lieu d'imposer à la Grèce une domination brutale, il l'organisa en confédération (assemblée de Corinthe, 337), dont il se fit donner l'hégémonie, et il orienta l'hellénisme vers un grand destin historique : la conquête de l'Asie, que réalisa son fils, Alexandre (v.). La Grèce alexandrine et romaine L'expédition d'Alexandre porta le rayonnement de la langue et de la civilisation grecques dans tout l'Orient, jusqu'aux confins de l'Inde. Les structures de la Grèce elle-même, toujours fidèle au modèle de la cité, évoluèrent assez peu, en dépit de l'essor des monarchies hellénistiques et des fédérations. Alexandre favorisa le mélange des peuples et donna l'exemple en épousant des filles de la famille des rois achéménides ; à son retour de l'Inde, au printemps 324, il présida à Suse les noces de 10 000 de ses soldats avec des femmes iraniennes. En fait, l'élément grec, toujours minoritaires, l'emporta dans la plupart des grandes monarchies hellénistiques, même dans l'Égypte des Ptolémées. Alexandrie et Pergame devinrent des centres de culture grecs au moins aussi brillants qu'Athènes. La formation intellectuelle et morale du monde grec fut préservée, et gagna même les élites indigènes par l'institution du gymnase (v.). 000200000DE300005675 DDD,Pourtant la Grèce des cités ne désespérait pas de recouvrer son indépendance : après le soulèvement de Thèbes au moment de la mort de Philippe (336), elle s'insurgea encore à la mort d'Alexandre, mais fut soumise par les armées macédoniennes d'Antipater (guerre lamiaque, 323/322), avant d'être définitivement écrasée au terme de la guerre de Chrémonidès (vers 267/262). Deux grandes confédérations se formèrent : la ligue Étolienne (qui groupa tous les peuples de la Grèce centrale, ainsi que l'Élide et l'Arcadie) et la ligue Achéenne (une soixantaine de cités, autour de l'isthme de Corinthe). La seconde surtout connut des épisodes brillants, sous Aratos et sous Philopœmen. Mais Étoliens et Achéens usèrent leurs forces à se combattre, recherchant l'alliance, qui de la Macédoine, qui de Rome. Après la victoire romaine de Cynoscéphales (197), l'ambitieux Philippe V fut confiné à la Macédoine. L'année suivante, aux jeux Isthmiques, le général romain Flamininus proclama solennellement la liberté de toutes les cités grecques d'Europe et d'Asie. Ce fut une joie générale, mais cette décision n'eut d'autre résultat que de rendre la Grèce à ses divisions, sous hégémonie romaine. Les Étoliens favorisèrent le débarquement en Grèce d'Antiochos III de Syrie et furent battus (192). Sous la direction de Philopœmen, la ligue Achéenne imposa sa brève suprématie sur le Péloponnèse (208/183) mais dut l'abandonner sous la pression de Rome ; enfin, Persée de Macédoine, successeur de Philippe V, voulut prendre sa revanche sur Rome. Son armée fut écrasée par Paul Émile à Pydna (168), et la Macédoine fut démembrée, puis réduite en province romaine (146). Un dernier soulèvement, inspiré une fois encore par les Achéens, aboutit au sac de Corinthe par L. Mummius (146) et à la mainmise totale de Rome sur la Grèce. La Grèce elle-même, si elle ne fut pas immédiatement réduite en province romaine, n'en passa pas moins définitivement sous la domination de Rome. Encore relativement prospère à la fin du IIe s. av. J.-C., elle fut ravagée par la première guerre de Mithridate (prise d'Athènes par Sylla, 86), par les incursions des pirates, par les guerres civiles romaines (bataille de Pharsale, 48). Enfin, en 27 av. J.-C., Auguste organisa la Grèce en province d'Achaïe. Athènes, Sparte et Delphes restèrent des cités libres ou « fédérées ». La Grèce était dépeuplée et son économie réduite à quelques industries de luxe ; le pays ressemblait de plus en plus à un musée qui attirait les touristes et les étudiants de tout le monde romain (bien que de nombreuses œuvres d'art aient été transportées à Rome depuis le IIe s. av. J.-C.). Le centre de l'hellénisme s'était déplacé à Alexandrie ; c'était là, ou en Italie, qu'émigrait l'élite grecque pour occuper la plupart des professions intellectuelles ou artistiques. Beaucoup de cités jadis importantes étaient devenues de simples villages, d'autres avaient complètement disparu, mais Corinthe avait été reconstruite sur l'ordre de César et Thessalonique s'enrichissait grâce au commerce balkanique et danubien ; le sanctuaire d'Esculape à Épidaure attirait des curistes venus de tous les points de l'Empire ; Rhodes restait le carrefour de toutes les lignes commerciales de la Méditerranée orientale ; Athènes enfin, dont l'université fut réorganisée par Marc Aurèle en 176, conservait son prestige intellectuel. Au IIIe s. commencèrent les invasions germaniques : après celui des Goths et des Hérules, le passage des Wisigoths d'Alaric, à la fin du IVe s., fit en Grèce de terribles dévastations. 000200000F7C00006452 F76,La Grèce au Moyen Âge et sous la domination ottomane Après la mort de Théodose (395), la Grèce fit partie de l'empire d'Orient (v. BYZANTIN, empire. De la mort de Théodose Ier à la dynastie d'Héraclius, 395/717), qui, pendant plus d'un millénaire, maintint la civilisation hellénique chrétienne. La gnose hérétique puis la gnose chrétienne de l'école d'Alexandrie (IIIe s.) avaient inauguré la fusion du christianisme et de la philosophie grecque. La première littérature chrétienne fut rédigée en langue grecque, et la patristique grecque connut son apogée lors des grandes querelles théologiques du IVe s., avec Athanase (v.), Grégoire de Naziance, Basile, Grégoire de Nysse et Jean Chrysostome. Mais la Grèce elle-même prit peu de part à ce mouvement ; elle resta longtemps attachée à la tradition païenne jusqu'à la fermeture des écoles d'Athènes (529). Malgré les infiltrations slaves en Thrace et en Macédoine, les raids des Arabes (qui occupèrent la Crète pendant les IXe et Xe s.) et les attaques des Normands de Sicile (XIe/XIIe s.), la Grèce connut une nouvelle prospérité à l'époque byzantine. La vie économique refleurit, surtout à Corinthe et à Thèbes, qui devinrent des centres de l'industrie de la soie. La menace des invasions bulgares fut écartée par les victoires de Basile II (1014). Mais la quatrième croisade et la prise de Constantinople par les Latins (1204) entraînèrent de grands bouleversements. Elle fut morcelée entre des principautés grecques (despotat d'Épire, v.) et latines : le royaume de Thessalonique, attribué à Boniface de Montferrat ; le duché d'Athènes, qui passa en 1311 de la famille de La Roche aux Catalans, puis aux Acciaiuoli (1388), avant de tomber aux mains des Turcs en 1456/58. Au sud, le Péloponnèse devint la principauté franque d'Achaïe ou de Morée ; elle fut gouvernée d'abord par les Villehardouin, puis progressivement reconquise, à partir de 1260, par les Byzantins. Mistra, gouvernée par des despotes issus de la famille impériale, devint au XIVe siècle le centre de la renaissance culturelle et artistique des Paléologues, au moment où le reste de l'Empire était submergé par les Turcs. La Morée byzantine fut enfin conquise par Mehmet II en 1458/60. Venise se tailla un important domaine maritime en annexant les îles Ioniennes ainsi que Modon, Coron, Argos, Nauplie et d'autres places de Morée, la Crète, l'Eubée, Lemnos, Naxos, Rhodes. Les Vénitiens réussirent à défendre leurs positions plus longtemps que les autres Latins : Nauplie ne tomba aux mains des Turcs qu'en 1540, la Crète en 1669. La domination latine laissa de fâcheux souvenirs en Grèce, ce qui explique que la domination turque, à partir de la seconde moitié du XVe s., y fut d'abord assez bien accueillie. Les Turcs montrèrent une grande tolérance religieuse et laissèrent l'administration locale aux mains des Grecs. Leur domination se limita, en fait, à une occupation militaire, au paiement des impôts et à l'enrégimentement d'enfants chrétiens dans les janissaires, où ils faisaient souvent de belles carrières. Le défaut essentiel de cette domination était son caractère arbitraire : tout dépendait de l'humeur des sultans et de leurs pachas. De nombreuses régions furent abandonnées à une insécurité permanente, livrées aux brigands et aux armatoles, sorte de police supplétive que les Turcs avaient mise sur pied pour combattre le banditisme, mais qui n'était elle-même qu'un ramassis de brigands. Dans cette anarchie endémique, les Grecs ne comptèrent que sur eux-mêmes ; ils maintinrent pendant des siècles le sentiment de leur culture et de leur langue, dont l'Église était devenue la gardienne. Des Grecs réussirent à s'infiltrer dans les hauts postes de l'Empire : les Phanariotes (les Grecs du quartier de Phanar, à Constantinople), devinrent une bourgeoisie riche et influente et confisquèrent pratiquement certaines fonctions, entre autres celle de gouverneur des provinces danubiennes de Moldavie et de Valachie. 000200000F9E000073C8 F98,Jusqu'au XVIIIe s., la Grèce ne connut aucune révolte importante. Le combat pour l'indépendance commença avec le soulèvement du Péloponnèse, en 1770 : loin d'ailleurs d'être un mouvement local spontané, ce fut l'œuvre d'agents russes, mais Catherine II n'hésita pas à abandonner les Grecs en signant avec la Porte le traité de Kütchük-Kaïnardji (1774), et les Turcs purent écraser l'insurrection. C'est encore la Russie qui provoqua la révolte des Souliotes d'Épire et d'Albanie méridionale (1786) et qui, une fois de plus, abandonna ses alliés : après quelques succès, les Souliotes devinrent la proie du féroce Ali Pacha, gouverneur de Jannina. La conquête de l'indépendance (1770/1830) La fin du XVIIIe s. et le début du XIXe s. furent marqués par plusieurs grands événements qui allaient rendre possible l'indépendance de la Grèce : les principes de la Révolution française, le succès des mouvements d'indépendance des colonies anglaises et espagnoles d'Amérique créaient un climat psychologique favorable ; la décadence de l'Empire ottoman s'accentuait et le pacha de Jannina, Ali Pacha, était entré en sécession dans son fief d'Épire ; l'occupation des îles Ioniennes par les Français (1797/99, 1807/14), par les Russes (1799/1800), enfin par les Anglais (à partir de 1814), permit aux patriotes de la Grèce continentale de trouver en Russie à la fois un refuge et une base. Le tsar Alexandre Ier avait auprès de lui deux conseillers grecs, Capo d'Istria et Ypsilanti. Ce dernier accepta, en 1820, de prendre la tête du combat pour l'indépendance. En févr. 1821, il passa en Roumanie, où il essaya de soulever contre les Turcs les chrétiens orthodoxes ; mais les Roumains, qui avaient conservé un mauvais souvenir des voïvodes grecs imposés par la Porte, restèrent indifférents. Ypsilanti se vit désavoué par la Russie, et cette tentative n'aboutit qu'à une nouvelle répression. C'est l'archevêque de Patras, Germanos, qui, le 25 mars 1821, donna le signal de la guerre de libération. Les Grecs commencèrent à massacrer les Turcs, qui massacrèrent les Grecs de Constantinople. Le mouvement souleva rapidement Athènes, puis les îles ; les insurgés disposèrent bientôt d'une flotte, commandée par Miaoulis et Kanáris. Un congrès national, réuni à Épidaure, proclama l'indépendance de la Grèce (12 janv. 1822). Mais les Turcs se ressaisirent ; en févr. 1822, ils vinrent à bout d'Ali Pacha, qui avait fait cause commune avec les insurgés grecs, puis ils massacrèrent la population de Chio (avr. 1822). Malgré la vague d'indignation qui se répandit en Europe, la politique de la Sainte-Alliance empêchait les puissances d'intervenir. Cependant, des volontaires (parmi lesquels le poète Byron) partaient au secours des Grecs. Le sultan Mahmoud II fit appel à son puissant vassal, le pacha d'Égypte Méhémet- Ali, qui avait constitué une flotte et une armée modernes avec l'aide de techniciens français. En févr. 1825, le fils de Méhémet-Ali, Ibrahim, débarqua en Morée avec une armée de 20 000 hommes ; il reconquit rapidement toute la Morée, s'empara de Navarin (1825), de Missolonghi, dont les défenseurs grecs préférèrent se faire sauter plutôt que de se rendre (25 avr. 1826), enfin de l'Acropole d'Athènes, que défendait le colonel français Fabvier (5 juin 1827). Déjà, plus de 200 000 Grecs étaient morts. La Russie, l'Angleterre et la France se décidèrent enfin à intervenir et firent une offre de médiation (6 juill. 1827), que le sultan repoussa. Une flotte anglo-franco-russe détruisit la flotte turco-égyptienne à Navarin (20 oct. 1827) et un corps expéditionnaire français libéra la Morée. En mai 1828, les troupes russes envahirent la Turquie. Voyant sa capitale menacée, le sultan se décida à traiter : au traité d'Andrinople (14 sept. 1829), il reconnut l'indépendance de la Grèce, qui fut confirmée par le protocole de Londres (3 févr. 1830) ; cependant, la Thessalie, l'Épire, la Macédoine, la Thrace, la Crète et la plupart des îles de l'Égée restaient aux mains des Turcs. 0002000011E100008360 11DA,La Grèce de 1830 à 1923 Élu président provisoire en avr. 1827, Capo d'Istria fut bientôt critiqué en raison de son gouvernement autoritaire et de sa politique trop favorable à la Russie. Une guerre civile éclata en 1830 et Capo d'Istria fut assassiné (oct. 1831). Les trois puissances protectrices de la Grèce (Angleterre, Russie, France) imposèrent alors l'établissement d'une monarchie. La couronne fut offerte à Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha (le futur roi des Belges), qui refusa, puis au prince Othon de Bavière, fils du roi Louis Ier de Bavière, qui s'était acquis des titres de reconnaissance pour son action philhellène. Le prince Othon, qui n'était encore qu'un adolescent, fut élu par l'assemblée de Nauplie (8 août 1832). Devenu majeur en 1835, Othon (1832/62) s'attira l'animosité de ses sujets en écartant les vétérans de la guerre d'indépendance et en s'entourant de Bavarois. En sept. 1843, une insurrection le contraignit à promettre à la Grèce une Constitution, qui fut votée par l'Assemblée nationale (1844). Othon fut renversé par une insurrection en oct. 1862 et l'Assemblée nationale, sous l'influence de l'Angleterre, offrit la couronne au beau-frère du prince de Galles, le prince Guillaume de Danemark, qui devint roi sous le nom de Georges Ier (31 oct. 1863, v.), et dont la famille a régné jusqu'en 1973 sur la Grèce. Georges Ier donna satisfaction à une vieille revendication des patriotes grecs en obtenant de l'Angleterre la cession des îles Ioniennes (1863) ; en 1881, la conférence de Constantinople permit à la Grèce d'acquérir la Thessalie et une petite partie de l'Épire. La Crète, où le soulèvement de 1866 avait échoué, fut occupée par les troupes grecques en févr. 1897, mais les grandes puissances imposèrent l'évacuation de l'île. Lorsque l'Assemblée nationale crétoise vota son rattachement à la Grèce, en oct. 1908, le gouvernement grec, par crainte de complications internationales, ne donna pas suite à cette demande. Mais la politique d'expansion et de rassemblement de toutes les terres helléniques l'emporta avec l'arrivée au pouvoir de Venizélos (v.) (janv. 1910). La participation de la Grèce, en 1912/13, aux deux guerres balkaniques lui permit d'annexer l'Épire du Sud, avec Jannina, et la Macédoine, avec Salonique, ainsi que la Crète. Après l'assassinat à Salonique du roi Georges Ier (18 mars 1913), le trône passa à son fils, Constantin, qui, beau-frère de l'empereur Guillaume II, avait des sympathies pour l'Allemagne. Durant la Première Guerre mondiale, il s'efforça de maintenir la Grèce dans la neutralité, tandis que Venizélos, qui voulait poursuivre les conquêtes territoriales aux dépens de la Bulgarie et de la Turquie, alliées de l'Allemagne, militait en faveur de l'entrée en guerre aux côtés des Alliés. Pour forcer la main au roi, Venizélos engagea les Alliés à s'installer à Salonique. Le chef de l'armée d'Orient, Sarrail, fit débarquer au Pirée des fusiliers marins français, puis exigea l'abdication de Constantin au profit de son fils, Alexandre (12 juin 1917). La Grèce déclara alors la guerre aux Empires centraux. Les traités de Neuilly et de Sèvres (1919/20) lui assurèrent la Thrace orientale, les îles d'Imbros et de Ténédos, Smyrne et une grande partie des provinces égéennes de l'Asie Mineure. Les kémalistes turcs refusant d'accepter ce traité, les Grecs, poussés par Lloyd George, occupèrent tout l'ouest de l'Anatolie. Mais cette guerre était assez impopulaire en Grèce. Après la mort du roi Alexandre (oct. 1920), le nationaliste Venizélos fut battu aux élections du 14 nov. 1920 et un plébiscite rappela le roi Constantin (15 déc.). Cependant, les troupes grecques essuyaient en Turquie une série de défaites, et le gouvernement dut signer l'armistice de Moudanya (11 oct. 1922). Les Turcs avaient reconquis toute l'Anatolie et reprenaient possession de la Thrace orientale. Les milieux militaires contraignirent le roi Constantin à une nouvelle abdication en faveur de son fils aîné, Georges II (oct. 1922). Au traité de Lausanne (24 juill. 1923), la Grèce dut accepter la fixation de sa frontière de Thrace sur le cours de la Maritza, renonça à Smyrne, aux îles d'Imbros et de Ténédos et se vit imposer la démilitarisation des îles proches de la côte turque ; la souveraineté italienne sur Rhodes et le Dodécanèse était confirmée. La Grèce avait en outre à résoudre le problème de l'immigration d'un million et demi de réfugiés d'Asie Mineure. L'échec extérieur et les difficultés économiques amenèrent le retour au pouvoir des vénizélistes et l'abdication de Georges II (déc. 1923). 000200000E4F0000953A E49,La dictature de Metaxás La république, proclamée en mars 1924 et placée sous la présidence de l'amiral Koundouriótis, fit ses débuts dans une atmosphère troublée. Après une éphémère dictature militaire du général Pángalos (janv./août 1926), les élections de 1928 permirent à Venizélos, qui avait passé plusieurs années en exil, de reprendre la direction des affaires. Au cours de son dernier ministère (1928/32), le vieil homme d'État se montra beaucoup plus prudent que dans le passé ; il s'employa à améliorer les relations de la Grèce avec les États voisins (Roumanie, Turquie, Yougoslavie), et ces efforts aboutirent à la conclusion de l'Entente balkanique (févr. 1934). À cette date, Venizélos, victime de la crise financière, avait déjà quitté le pouvoir. La victoire des « populistes » (droite) de Tsaldharis aux élections de sept. 1932 prépara la restauration de la monarchie. Un plébiscite permit au roi Georges II de rentrer à Athènes (nov. 1935). La situation politique n'en restait pas moins très instable, car aucune majorité ne sortit des élections de janv. 1936. Invoquant la menace d'un coup de force communiste, l'ancien chef d'état-major, le général Metaxás, établit un gouvernement dictatorial (4 août 1936). Tout en maintenant le régime monarchique, il conserva le pouvoir jusqu'à sa mort, en janv. 1941. Ce régime, qui s'apparentait au fascisme, obtint un large soutien populaire. En dépit des sympathies politiques qui pouvaient l'attirer vers Mussolini, Metaxás n'obéit, dans sa politique extérieure, qu'au souci de l'indépendance grecque : il resserra l'Entente balkanique, puis, après l'occupation de l'Albanie par l'Italie, il accepta de faire garantir l'indépendance de la Grèce par l'Angleterre (avr. 1939). La Seconde Guerre mondiale et ses suites Au début de la Seconde Guerre mondiale, Metaxás tenta de conserver au pays sa neutralité, mais les troupes italiennes commencèrent l'invasion de la Grèce le 28 oct. 1940. Les Grecs résistèrent victorieusement aux confins gréco-albanais. Leur résistance inattendue a même contribué à faire changer l'issue de la guerre mondiale : les difficultés de son allié italien obligèrent Hitler à retarder le déclenchement de l'opération Barberousse contre l'URSS. Au cours d'une campagne foudroyante, la Wehrmacht submergea la Yougoslavie et la Grèce (avr. 1941), mais c'est seulement à la fin de juin qu'elle put entreprendre sa campagne contre l'URSS, après avoir perdu deux mois précieux qui lui eussent permis d'atteindre Moscou avant l'hiver. À la fin de 1941, la résistance grecque déclencha des opérations de guérilla contre les troupes d'occupation. Deux grands mouvements de résistance, bientôt rivaux, se constituèrent : l'EAM-ELAS, contrôlé par les communistes, et l'EDES, monarchiste, du général Zervas. Durant l'été 1944, les communistes constituèrent un gouvernement grec clandestin, qui cessa de reconnaître le roi et le gouvernement grec réfugiés au Caire. Le roi Georges II répondit en formant avec le libéral vénizéliste G. Papandréou un gouvernement de coalition composé de représentants de toutes les tendances. Pour prévenir un passage de la Grèce au communisme, Churchill fit débarquer les troupes britanniques au Pirée (oct. 1944), aussitôt après la retraite des forces allemandes. La résistance communiste engagea le combat avec les Anglais et domina rapidement la quasi-totalité de la Grèce, à l'exception de Salonique et d'Athènes. Sous la pression de Staline, l'EAM-ELAS accepta la trêve de Várkiza (févr. 1945), et la régence fut exercée par le métropolite d'Athènes, Mgr Damaskinos, jusqu'au retour de Georges II, qui eut lieu après un plébiscite (sept. 1946). 0002000012690000A383 1262,Mais la guerre froide commençait à opposer les Alliés. Rompant la trêve, les communistes déclenchèrent une guerre civile, conduite par Márkos, qui, soutenu par la Yougoslavie et le bloc soviétique, établit un gouvernement révolutionnaire à Kónitza, en Épire. De 1946 à 1949, de violents combats se poursuivirent, dans des conditions souvent atroces, entre les communistes et le gouvernement, lequel reçut des secours de l'Angleterre, puis des États-Unis. La rupture entre Tito et Staline laissa Márkos coupé de ses sources de ravitaillement, et les partisans communistes durent déposer les armes (oct. 1949). Les crises de la Grèce contemporaine La Grèce, sous le règne de Paul Ier (1947/64), entreprit sa reconstruction grâce à l'aide américaine du plan Marshall. En 1948, elle annexa formellement les îles du Dodécanèse, que l'Italie avait dû, l'année précédente, lui céder par le traité de Paris. Elle s'intégra au système occidental en entrant au Conseil de l'Europe (1949) et dans l'OTAN (1951). Mais le pays souffrit d'une grande instabilité gouvernementale jusqu'aux élections de nov. 1952, qui donnèrent 49,5 % des voix et la majorité absolue des sièges parlementaires au Rassemblement grec du maréchal Papagos. Papagos (1952/55) interdit le parti communiste, accorda le droit de vote aux femmes et conclut avec la Turquie et la Yougoslavie titiste un traité d'alliance (1954). Sa politique fut poursuivie par le président du Conseil Constantin Caramanlis (1955/63), mais les élections de 1958 virent les progrès de l'opposition de gauche, rassemblée dans l'Union de la gauche démocratique (EDA), et, en 1961, Georges Papandréou fonda un autre mouvement d'opposition, l'Union du centre. L'affaire de Chypre (v.) (indépendante le 19 févr. 1959) altéra quelque peu les relations de la Grèce avec les Anglo-Saxons. Après la démission de C. Caramanlis (nov. 1963), les élections de févr. 1964 donnèrent la majorité à Papandréou, qui devint chef du gouvernement. Il voulut épurer l'armée des éléments d'extrême droite, et son fils, Andréas Papandréou, se trouva compromis avec une organisation d'extrême gauche, l'Aspidha, accusée de noyauter les milieux militaires. Le jeune roi Constantin II, qui avait succédé à Paul Ier en mars 1964, renvoya Georges Papandréou (15 juill. 1965). Cette décision déclencha une grave crise politique, qui alla en empirant jusqu'au moment où, à la veille d'élections générales, un groupe d'officiers s'empara du pouvoir (21 avr. 1967). Cette junte militaire, animée par le colonel Papadopoulos, fit arrêter de nombreuses personnalités du centre et de la gauche, établit la censure, renvoya les élections sine die et institua un régime autoritaire qui proclamait sa résolution de lutter contre le communisme et d'éliminer l'ancienne classe politique corrompue. Après une vaine tentative de contre-coup d'État, le roi Constantin s'exila en Italie (13 déc. 1967) et le général Zoitakis devint « régent ». En sept. 1968, fut approuvée (à la majorité de 92,2 % des voix) une nouvelle Constitution qui maintenait le régime monarchique mais avec des pouvoirs très limités pour le roi. Soutenu par les Américains, ce « régime des colonels » était suspect aux démocraties de l'Europe occidentale qui lui reprochaient ses atteintes aux libertés fondamentales et ses méthodes policières. Le colonel Papadopoulos devint régent en mars 1972 ; il déposa officiellement le roi Constantin et fit approuver par référendum la proclamation de la république (29 juill. 1973). Mais la crise mondiale remit en question les progrès économiques faits par la Grèce depuis 1967, et l'inflation devint spectaculaire. Ces difficultés hâtèrent la fin de cet épisode autoritaire. En 1974, le conservateur C. Caramanlis, rappelé d'exil, fut chargé de trouver une solution à la récession économique. Celui-ci fit approuver la république par référendum (déc. 1974) et promulgua une Constitution démocratique en 1975. Ces mesures permirent l'intégration de la Grèce dans la CEE, ce qui stimula l'économie du pays. En oct. 1981, la gauche remportait les élections législatives, et A. Papandréou devint Premier ministre. Reconduit par les électeurs en 1985, il imposait C. Sartzetakis comme successeur de C. Caramanlis au poste de président de la République. Le gouvernement d'A. Papandréou se montra incapable de contrôler les dépenses publiques, de contenir l'inflation et la dette extérieure, alors que des scandales financiers hâtaient la décomposition du pouvoir. Les élections de juin 1989, nationales et européennes, sanctionnaient le PASOK (parti socialiste panhelléniste). Un gouvernement d'Union nationale, incluant le PASOK, fut formé en nov. pour mener le pays jusqu'aux élections d'avr. 1990. 000200000C080000B5E5 C02,Ce scrutin d'avr. 1990 permit de dégager une majorité ; le chef de la Nouvelle Démocratie, C. Mitsotakis, forma un gouvernement. Le Parlement élut à la tête de l'État, le 4 mai 1990, C. Caramanlis, pour un mandat de cinq ans. Le gouvernement mit en place une politique d'austérité : blocage des salaires, réformes des retraites et assurances sociales, réduction du nombre des fonctionnaires et privatisations. Cependant, l'inflation (16 % en 1992) et le chômage (9 % en 1992) persistèrent, tandis que le déficit commercial se creusa, malgré les subventions accordées par l'Union européenne. Cette relative dépendance vis-à-vis du budget européen explique que le traité de Maastricht ait été ratifié à une large majorité, en juill. 1992, par le Parlement. En oct. 1993, la Nouvelle Démocratie, minoritaire aux élections législatives, dut céder la place au PASOK. A. Papandréou, ainsi revenu au pouvoir, maintint l'orientation économique du gouvernement sortant. Sur le plan extérieur, le gouvernement socialiste durcit sa politique. Le conflit qui depuis 1991 opposait la Grèce à la Macédoine (contentieux sur le nom du pays et le drapeau macédonien) s'exacerba en févr. 1994, avec la décision grecque de fermer la frontière gréco-macédonienne, par laquelle transitait l'essentiel du commerce macédonien. Un contentieux frontalier opposait également la Grèce à son voisin albanais, tandis que se rallumait le conflit avec la Turquie à propos de l'extension des eaux territoriales, et de l'usage des ressources et du contrôle aérien en mer Égée. La Grèce était par ailleurs accusée par ses partenaires européens de mener une politique proserbe dans le cadre du conflit yougoslave. En janv. 1996, le Premier ministre Papandréou, gravement malade, démissionna. Le socialiste modéré Costas Simitis lui succéda et fut confirmé par les élections de sept. 1996. En 1996, la Turquie, qui contestait l'extension à douze milles des eaux territoriales grecques, s'empara de quelques îlots, justifiant ainsi le poids du budget militaire grec et l'intransigeance de ses dirigeants. Malgré cette persistance des tensions turco-grecques, C. Simitis obtint, au printemps 1997, que la Grèce fît partie du groupe d'arbitres européens susceptibles d'intervenir en Albanie. Le pays continuait cependant d'afficher ses réserves face au projet de règlement présenté par les États-Unis et l'Europe, qui voulaient entériner l'occupation du nord de Chypre par l'armée turque. En conséquence, la Grèce accrut sa coopération militaire avec Chypre. L'asile accordé par l'ambassade de Grèce au Kenya au leader kurde Abdullah Öcalan, puis son enlèvement en févr. 1999 pour être livré aux autorités turques soulevèrent une grande émotion dans le pays et ranimèrent l'animosité envers les Turcs. Le déclenchement des opérations militaires de l'OTAN pour le Kosovo replaça la Grèce dans la situation délicate qu'elle avait connue lors de la guerre de Bosnie, à cause des sympathies de l'opinion pour les Serbes orthodoxes ; cela ne l'empêcha pas d'honorer ses obligations internationales pendant le conflit. 0002000001560000C1E7 150,La victoire du Premier ministre C. Simitis et de son parti, le PASOK, aux législatives anticipées d'avr. 2000, confirma le soutien global de la population au projet d'intégrer la zone euro, malgré la politique de rigueur et la réduction des dépenses publiques qu'imposaient les critères de convergence fixés par le traité de Maastricht.

« LA GRÈCE AU XXe SIÈCLE La Grèce actuelle a été fondée en six étapes.

Le premier royaume de Grèce, créé sous la protection de la Grande-Bretagne, de la France et de la Russie en 1830, correspond aux régions contemporaines du Péloponnèse, de la Grèce centrale, et aux îles Cyclades.

En 1863 viennent s’ajouter les îles Ioniennes, auparavant sous protectorat britannique.

En 1881, la Grèce annexe la Thessalie ; en 1912, l’Épire, la plus grande partie de la Macédoine, les îles proches de l’Asie Mineure et la Crète ; en 1920, la Thrace et, enfin, en 1947, le Dodécanèse, possession italienne. Les trois puissances garantes de l’indépendance grecque conservent officiellement leur tutelle jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.

Elles contrôlent le pays par le biais des finances et de l’institution royale appuyée par une oligarchie foncière.

Les libéraux font leur révolution en 1909, amenant au pouvoir un homme charismatique, Eleuthérios Vénizélos (1864-1936).

Celui-ci, tout en entreprenant une réforme agraire - la première des pays européens méditerranéens - destinée à briser les grandes propriétés et réalisée en une vingtaine d’années, se lance dans l’accomplissement du grand dessein national : la réunion des Grecs des Balkans et de l’Asie Mineure sous le drapeau hellénique. Frontières et échanges de population. Les guerres balkaniques (1912-1913) permettent la récupération de l’Épire et de la Macédoine grecque actuelle ; à l’issue de la Première Guerre mondiale, la Grèce annexe par ailleurs la Thrace occidentale.

Mais la grande aventure grecque en Asie Mineure (1919-1922) se solde par une catastrophique défaite face aux troupes de Mustafa Kemal.

Les Turcs rétablissent leur frontière de Thrace (traité de Lausanne, 1923).

Les populations grecques de Turquie et turques de Grèce sont échangées (à l’exception des Grecs d’Istanbul et des Turcs de la Thrace occidentale).

Au terme de cette décennie, la quasi-totalité des Grecs des Balkans, de la Turquie et de la Russie (environ un million et demi au total) sont regroupés sur le sol hellénique, forgeant ainsi l’unité grecque. Le choc de la guerre et l’arrivée des réfugiés projettent le pays en avant (proclamation de la Ire République en 1924, fondation d’un important Parti communiste), mais le retour des périls et la dégradation de l’environnement général dans les Balkans contribuent à une reprise en main par les puissances occidentales.

La royauté est de retour en 1935.

L’année suivante, une dictature est instaurée.

Dirigée par Ioannis Metaxas, elle est d’inspiration fasciste mais pro-Alliés. Les ambiguïtés de l’entre-deux-guerres traversent la Seconde Guerre mondiale et se prolongent au-delà.

La résistance à l’occupation allemande est notamment communiste et anti-royaliste, tandis que les Britanniques, de nouveau tuteurs de la Grèce, maintiennent la vieille tradition de contrôle du pays par le biais de l’institution royale. De la guerre civile à la dictature des Colonels. Le conflit, alimenté par la Guerre froide, éclate au grand jour sous l’aspect d’une guerre civile qui durera de décembre 1944 à août 1949 et comportera deux. »

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