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La gestion des risques technologiques tend à se soumettre au « principe de précaution »

Publié le 09/09/2020

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« La gestion des risques technologiques tend à se soumettre au « principe de précaution » Les risques technologiques ont longtemps été considérés comme des aléas anticipés, dont la science pouvait identifier les facteurs et la technique conjurer les effets.

C’est sur la base de cette interprétation que leur traitement a pu s’opérer au sein d’arènes restreintes, réservées aux seuls spécialistes.

L’expertise produite par les scientifiques et techniciens était censée permettre une prise de décision «rationnelle», allant dans le sens d’une parfaite « maîtrise » des risques.

Dès lors, la contestation des décisions était attribuée à l’ignorance et à l’irrationalité des «profanes».

Ce mode de gestion des risques est ébranlé par une crise profonde.

La multiplication des débats publics autour des choix technologiques et de leurs conséquences futures en est sans doute le signe le plus manifeste.

La mise en place par les pouvoirs publics de procédures de consultation ou encore l’édiction de nouveaux principes d’intervention comme le « principe de précaution » peuvent s’analyser comme autant de réponses institutionnelles à cette crise. C’est à la faveur d’un certain nombre d’affaires marquantes, dans le domaine de l’environnement et de la santé notamment, que le thème des risques collectifs s’est imposé de manière durable dans l’espace public.

De la crise dite de la « vache folle » (encéphalopathie spongiforme bovine - ESB) aux polémiques sur le stockage des déchets nucléaires, en passant par les conflits autour de la diffusion des organismes génétiquement modifiés - OGM [voir « L’industrie du vivant tente de faire main basse sur le patrimoine génétique de la planète »], les années 1990 ont été marquées par de violentes controverses trouvant leur source dans le développement scientifique et technologique. La fin du monopole des blouses blanches Pour être différentes, ces controverses n’en présentent pas moins des caractéristiques communes.

Tout d’abord, elles font intervenir un nombre toujours plus grand de protagonistes.

Le monopole de la parole légitime sur ces questions, autrefois détenu par les scientifiques, se voit de plus en plus contesté par les représentants d’intérêts économiques ou les nombreux porte-parole du « public ».

Groupes socioprofessionnels, journalistes, mouvements de consommateurs, associations de protection de l’environnement, on n’en finirait pas de recenser tous les acteurs qui estiment avoir un droit de regard sur la gestion des risques collectifs et qui sont porteurs de revendications et d’intérêts souvent opposés. Le résultat le plus significatif de cette entrée en scène des non-spécialistes est incontestablement l’enrichissement du débat.

Loin de se limiter à l’échange d’arguments de nature scientifique, celui-ci se voit lesté de considérations politiques, éthiques, économiques, qui apparaissent comme inextricablement mêlées.

La notion de risque elle-même se transforme, devenant plus opaque, et tendant àêtre envisagée comme une construction sociale, c’est-à-dire comme le résultat de l’interaction d’une multitude d’acteurs aux identités très diverses. Cette reformulation du problème des risques semble d’autant plus justifiée que les incertitudes sont grandes.

Est-il possible de garantir la sûreté d’un stockage de déchets nucléaires dont la nocivité s’étale sur des milliers d’années ? Peut-on assurer la « traçabilité » de certains aliments contaminés ? La science et la technique se révèlent souvent incapables de répondre de manière assurée à ces questions.

La production d’expertise, loin de clore la controverse, a bien souvent pour effet de l’alimenter en rendant visible l’ampleur des incertitudes.

Devant l’élargissement du temps et de l’espace à prendre en considération, les experts sont amenés à reconnaître de larges zones d’ignorance. Dans ce contexte d’incertitude, la prise de décision devient délicate.

Pour être. »

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