La France et la construction européenne, des lendemains de la Seconde Guerre mondiale à nos jours ?
Publié le 16/05/2020
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Introduction
La France, grande puissance coloniale avant la Seconde Guerre mondiale, est sortie affaiblie de la guerre.
Elle s'estretrouvée in extremis dans le camp des vainqueurs.
Quand la guerre froide éclate, elle se retrouve solidementancrée dans le camp occidental.
C'est au départ, sous l'insistance des Américains, que les premières pierres de laconstruction européenne sont posées.
Puis rapidement, la construction européenne apparaît comme le seul moyenpour la France de maintenir son rôle de puissance.
L'arrivée au pouvoir du général de Gaulle en 1958 ne remet pasen cause la construction européenne, mais celui-ci veut en faire un moyen de prendre ses distances par rapportaux Américains.Pour lui, l'axe de la construction européenne ne peut être que l'axe franco-allemand, mais de Gaulle bloque leprocessus de construction politique.
Son départ en 1969 lève les hypothèques et la France peut redevenir le moteurde la construction européenne.
Première partie : la France aux origines de la construction européenne
• La France propose la création de la CECA
L'idée de la création de la CECA appartient au Français Jean Monnet.
Celui-ci était alors commissaire au Plan et ilavait conçu l'idée de réunir dans une structure supranationale les industries charbonnières et sidérurgiqueseuropéennes afin d'accélérer la reconstruction de l'Europe Mais pour Jean Monnet, l'Europe politique était unenécessité si on voulait éviter de nouvelles guerres en Europe.
Pour lui, la construction économique n'était que lapremière étape de la construction politique, ce qu'il appelait de ses voeux, c'était les États-Unis d'Europe.
Laréalisation de l'idée de Jean Monnet doit beaucoup à Robert Schuman, ministre des Affaires Étrangères de sensibilitédémocrate-chrétienne.
En 1950, au cours d'une réunion prévue pour la mise en place du plan Marshall, il soumetdonc l'idée de Jean Monnet aux représentants de cinq autres pays européens : l'Italie, la RFA, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.
Ces trois pays constituaient depuis 1945 une entité économique, le Benelux.
En 1951, leprojet devient réalité, la CECA naît.
Une haute autorité supranationale dirigée par Jean Monnet est chargée demettre en commun les ressources en charbon et en acier.
Le succès de la démarche est patent : les productionsdes produits concernés augmentent sans susciter de tensions concurrentielles entre les États membres.
• L'échec de la CED
Nous l'avons vu, pour Jean Monnet, la CECA n'était qu'une étape vers une Europe politique.
En 1952, ceux que l'on aappelés les « pères de l'Europe », Jean Monnet et Robert Schuman, et d'autres d'ailleurs, proposent la constitutiond'une armée européenne qui permettrait le réarmement allemand.
Le projet est vivement encouragé par les États-Unis, qui veulent faire de la RFA un bastion avancé dans la défense du « monde libre » face au danger soviétique.Nous sommes alors au plus fort de la guerre froide, la guerre de Corée bat son plein.
Le projet de CED est acceptépar tous les gouvernements des États concernés.
Mais en France, le projet n'est pas ratifié par le Parlement du faitde l'opposition conjointe des gaullistes et des communistes.
Pour les gaullistes, qui sont dans l'opposition depuis1946, la CED est coupable à leurs yeux de brader une part de la souveraineté nationale de la France, pour lescommunistes, qui représentent alors presque un quart de l'électorat, la CED est dénoncée comme étant dirigéecontre l'URSS et les démocraties populaires.
Le Parlement italien, en refusant également le projet, contribuera aussià l'échec de la CED.
L'Europe politique supranationale est alors enterrée, mais paradoxalement le réarmementallemand se fera tout de même l'année suivante avec l'intégration de la RFA dans l'OTAN.
Transition
L'abandon du projet de CED montre l'ambivalence de la position française en matière de construction européenne.Les responsables politiques français sont, globalement, favorables à la construction européenne mais craignent quel'opinion publique ne les suive pas.
Ce sont donc des considérations de politiques intérieures qui guident laconception française sur la construction européenne.
Mais la seconde partie des années 1950 voit la prise deconscience du déclin international relatif et, surtout, la mort de la IV République, dont l'histoire se confond, pourune partie, avec les prémices de la construction européenne.
Deuxième partie : la France, en retrait du second souffle de la construction européenne
• 1956, la crise de Suez accélère la reprise de la construction européenne et aboutit aux traités de Rome
L'expédition de Suez, en 1956, est un fiasco pour les responsables britanniques et français, parce qu'elle se heurte àl'opposition, non concertée pourtant, des deux grands qui ne veulent pas prendre le risque de voir un conflit localdégénérer en conflit régional, voire mondial.
L'affaire de Suez fait prendre conscience aux dirigeants français que,désormais, la France n'a plus les moyens d'une politique autonome par rapport aux Américains.
La France va doncrésolument orienter sa politique étrangère vers l'Europe.
Mais, après l'échec de la CED, les initiatives ne viennentplus seulement de France.
Au contraire, ce sont les autres pays européens qui font les propositions les plusimportantes..
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