La france depuis 2017 : une crise de régime ?
Publié le 28/02/2025
Extrait du document
«
LA FRANCE
DEPUIS 2017 :
UNE
CRISE DE
RÉGIME ?
1
Sommaire
1
............................................
Introduction au sujet
..........................................................
L’incarnation
2 “jupitérienne”
du pouvoir par E.Macron dans
l’esprit de la Ve République
3
4
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Les remises en causes
du régime de la Ve République
............................................
La crise politique de
2024 : un paroxysme d’instabilité
5
............................................................
Conclusion
6
........................................................
Bibliographie
2
Introduction
La Vème république a été fondée en 1958, afin de permettre plus de stabilité
politique, s’opposant ainsi à la IVème république, marquée par une forte instabilité
ministérielle.
La constitution de la Vème république permet donc un pouvoir
exécutif, représenté par le gouvernement et le président de la République, plus fort.
Cela permet, en théorie, une plus grande stabilité gouvernementale.
Depuis cette
première version de la constitution de 1958, plusieurs révisions constitutionnelles ont
permis de donner au président un rôle central.
Tout d’abord, dès 1962, le président
est élu au suffrage universel direct et non plus par des grands électeurs, renforçant
ainsi sa légitimité auprès du peuple.
De plus, en 2001, le calendrier électoral est
inversé : les députés de l’Assemblée nationale sont maintenant élus quelques
semaines après le président de la République, qui effectue des mandats de 5 ans,
de même durée que celui des députés.
Ce système, qualifié de régime semi-présidentiel ou de “régime parlementaire avec
un exécutif fort”, a permis, par le passé, de répondre aux différentes crises
politiques.
Ainsi, lors des différentes cohabitations, le pouvoir est réparti entre le
président et le premier ministre, permettant aux institutions de répondre à cette
crise, évitant ainsi une crise de régime.
Or, depuis l’élection d’Emmanuel Macron, 8ème président de la République, en
2017, cette vision traditionnelle des institutions semble voler en éclat.
En effet,
depuis 2017, les crises politiques et sociales se succèdent, jusqu’à en arriver à cette
situation inédite où, en 2024, 4 premiers ministres se succèdent à Matignon, ce qui
n’était jamais arrivé, même sous la IVème république.
L’incarnation du pouvoir par Emmanuel Macron a-t-elle provoqué une crise de
régime ?
Dans une première partie, nous montrerons que l'incarnation dite “jupitérienne” du
pouvoir par Macron s’est d’abord faite dans l’esprit de la Vème république.
Nous
étudierons ensuite quelles ont été les principales remises en cause de ce régime.
Pour finir, nous verrons comment la crise politique a atteint son paroxysme en
2024, si bien que certains parlent aujourd’hui d’une crise politique.
3
Tout d’abord, l’incarnation du pouvoir par Emmanuel Macron est, dans un
premier temps, faite dans l’esprit de la Vème république.
Ainsi, le président de la
République est souvent comparé à Charles de Gaulle, le principal rédacteur de la
Constitution de 1958 et premier président de la Vème république.
En effet, si ce
dernier est apparu en figure d’homme providentiel lors de la crise algérienne en
1958, il en est de même pour la figure de Macron.
Ce dernier s’est ainsi fait élire en
2017 comme un homme neuf permettant de rassembler, en annonçant vouloir
dépasser le clivage “gauche-droite”.
C’est notamment l’annonce du dépassement
de ce clivage qui l’avait fait élire, provoquant le déclin des partis traditionnels (le PS
à gauche et le parti LR à droite) et exacerbant les extrêmes (oui mais il y avait la fin
de la rigueur et cest ce que les gens voulaient et le PS et le LR étaient déja en
déclin sinon Macron n'auraient pas été élu).
Cela est visible sur le graphique cidessous, qui présente les pourcentages des voix obtenues par les principaux partis,
à l’issue du premier tour, lors des élections présidentielles de 2012, 2017 et 2022.
On y observe bien la baisse des voix pour les partis du PS et LR, et une hausse des
voix pour des partis plus radicaux, voire extrêmes que sont le RN et LFI.
Macron est aussi comparable à De Gaulle sur la vision du rôle de l’Etat et du
pouvoir exécutif.
En effet, lors de la campagne pour les élections présidentielles de
2017, Macron annonce vouloir être un président “jupitérien”, se démarquant de son
prédécesseur, François Hollande, qui voulait incarner un “président normal”.
Cela
est tout à fait en adéquation avec la façon dont De Gaulle exerçait le pouvoir, qui
se caractérise par une grande verticalité.
En effet, selon la vision politique de ce
dernier, le président doit avoir un rôle central, être le chef de l’Etat et le pouvoir
exécutif doit être fort.
Cette vision politique est exprimée dès 1946 lors du discours
de Bayeux et est retranscrite dans la Constitution.
Ainsi, lorsque Emmanuel Macron
affirme vouloir être le “maître des horloges” en 2016, cela est dans l’esprit de la
Vème république et est permis par la Constitution.
En effet, selon l’article 8, il
nomme le Premier Ministre et le gouvernement.
Cela implique que souvent, le
premier ministre est dit “collaborateur”, c'est-à-dire qu’il existerait une relation de
subordination entre le président et le premier ministre (ce type de relation est
4
théorisé dès 1958 par De Gaulle).
De plus, le fait que l’Assemblée nationale soit élue
quelques semaines après le président de la république fait émerger le “fait
majoritaire” : le parti majoritaire à l’Assemblée nationale est très souvent celui du
président, ce qui renforce son pouvoir.
Pourtant, cette incarnation “jupitérienne” du pouvoir Macron est rapidement l’objet
de contestations et cette figure de l’homme providentiel ne satisfait plus.
Selon
Vincent Ferré, il manque à Emmanuel Macron une légitimité que De Gaulle ou
encore les Napoléon allaient tirer dans leur histoires personnelles, étroitement liées
aux crises françaises (résistance lors de la Seconde Guerre mondiale, combats
contre les forces royalistes lors de la Révolution française…).
Ainsi, selon l’opinion
publique, il représenterait plutôt celui qui a “mis un masque d’homme providentiel”.
Ce mécontentement se traduit par une baisse de la popularité du président, qui
était pourtant plutôt élevée après son élection, comme le montre cette étude menée
par l’institut de sondage BVA.
Ainsi, dès le mois de novembre 2018, et afin de protester contre le prix croissant du
carburant, des centaines de milliers de personnes se rassemblent dans la France
entière.
C’est le début du mouvement des “gilets jaunes”, qui ne s’arrêtera
réellement qu’à partir de la crise du Covid-19.
Ce mouvement est né spontanément
et, malgré les tentatives de récupération politique, ne s’est revendiqué d’aucun
parti.
Rapidement, les revendications de ce mouvement s’élargissent : ils dénoncent
la baisse du pouvoir d’achat, et manifestent pour des mesures sociales, telles que la
retraite à 60 ans ou une revalorisation du SMIC.
Ils contestent aussi le président et
les institutions, en réclamant l’instauration du Référendum d’Initiative Citoyenne, qui
permettrait des référendums voulus par le peuple, pour pouvoir abroger ou
déposer des lois, modifier la Constitution ou révoquer un responsable politique.
Cette mesure devient la principale revendication du mouvement.
5
Cette crise politique révèle une fracture sociale entre le peuple et ses
gouvernants.
En effet, le mouvement des “gilets jaunes” est issu des classes
moyennes et populaires, alors que Macron a principalement été élu grâce aux voix
des classes socio-professionnelles supérieures (dites CSP+) et des habitants des
métropoles.
Ainsi, sur les cartes ci-dessous, on observe une corrélation entre la
proportion d’habitants appartenant aux classes moyennes et supérieures (carte de
gauche) et aux territoires ayant voté pour Macron au premier tour des élections
présidentielles de 2017 (en orange plus foncé sur la carte de droite).
(Sources : le
démographe Hervé Le Bras pour la carte de gauche et Les Décodeurs du Monde
pour la carte de droite)
Le président l’admet lui-même le 14 novembre 2018, il n’a pas “réussi à réconcilier
le peuple français avec ses dirigeants”.
Ce décalage entre les “gilets jaunes” et les
dirigeants s’illustre aussi par le fait qu’aucun communiqué du gouvernement ne
parvient à apaiser la situation : au contraire, les mobilisations ont tendance à
repartir à la hausse après ces dernières.
Après de violentes répressions, Macron
annonce vouloir lancer le “grand débat national”, dès le 15 janvier 2019.
Ce débat,
qui dure 2 mois environ, a pour but d’instaurer une communication entre la
population et le gouvernement, autour de 4 thèmes choisis par le gouvernement : la
transition écologique, la fiscalité et les dépenses publiques, la démocratie et la
citoyenneté et l’organisation de l’Etat et des services publics.
C’est notamment à
cette occasion que sont rédigés plus de 19 500 cahiers de doléances, écrits par
plus de 2 millions de français.
Pourtant, l’application de ces mesures est critiquée
par certains.
En effet, l’organisation de débats autour de thèmes fixés par le
gouvernement et l’impossibilité de contribuer en ligne autrement qu’avec un
questionnaire à réponses fermées fait polémique et pousse une partie des gilets
jaunes à lancer en parallèle le “Vrai débat”.
De plus, les profils sociologiques des
participants au grand débat national sont très éloignés de ceux des gilets jaunes,
comme le montrent les 2 graphiques ci-dessous, réalisés à partir d’une étude
menée par l’ObSoCo sur le profil des gilets jaunes et d’une étude menée par le
Cevipof sur le profil des participants au grand débat.
6
Répartition des gilets jaunes et des participants au “Grand débat national”, selon....
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