La Forêt-Noire

« L'OR VERT DU RHIN GERMANIQUE Sœur jumelle autant que germaine des Vosges, la Forêt-Noire fait pendant au massif montagneux français, sur la rive orientale du Rhin, qu'elle domine sur 160 km, du nord, à Durlach, jusqu'à la frontière suisse, au sud, elle aussi délimitée par le Rhin qui dessine un coude jusqu'au lac de Constance à l'est Cette vieille montagne qui culmine à moins de 1 500 m doit son nom -Schwarzwald en allemand - à son épaisse couverture forestière, assombrie par la densité des conifères, qui alternent avec les prairies sur les plateaux.

La forêt, austère et majestueuse en altitude, cède la place aux vignobles étagés en gradins sur la vallée du Rhin, qui égayent un paysage dont le romantisme favorise le tourisme, principale activité de cette région occupant la partie sud-ouest du Land de Bade-Wurtemberg.

C'est à la lisière de la Forêt-Noire, très faiblement peuplée, que se concentrent les principales villes et les centres d'activité économique.

DE LA PLAINE A LA MONTAGNE • Séparée des Vosges par le fossé rhénan, la Forêt-Noire est la réplique allemande de l'ensemble français constitué de l'Alsace et du massif vosgien.

La région s'étend sur 6 000 km' et occupe environ 17 % du Land de Bade-Wurtemberg.

• S'élargissant au nord à partir de Karlsruhe, aux confins du Land de Rhénanie-Palatina� la plaine sur la rive orientale du Rhin se rétrécit au sud pour laisser la place, vers Fribourg-en-Brisgau, au piémont du massif de la Forêt-Noire, qui domine de façon plus abrupte le cours du Rhin délimitant, de Bâle au lac de Constance, la frontière avec la Suisse.

UN MASSIF SCHiffiUX • La Forêt-Noire proprement dite est un massif hercynien schisteux très érodé dont l'altitude augmente du nord -où il se confond avec le plateau du Kraichgau -au sud - où il culmine à 1 483 m au Feldberg.

Si dans le nord dominent les hauts plateaux boisés s'étageant entre 800 et 1 000 m d'altitude, au sud, les sommets, généralement arrondis, alternent avec des formations rocheuses plus élancées.

·À l'est, la Forêt-Noire cède la place aux monts d'altitude plus modeste du Jura souabe, culminant, sur la rive orientale du Neckar, à 1 015 m.

i!Ji!hH·il • Située à 48 • de latitude nord, la Forêt-Noire présente toutes les caractéristiques d'un climat continental tempéré, avec les nuances propres à la nature montagneuse de la région, qui est privée de l'Influence océanique par la barrière des Vosges.

• L'hiver, les températures moyennes vont de 2 •c à- 3 •c, et l'enneigement est très important, surtout en altitude ; l'été, les températures vont de 14 •c à 24 •c et sont plus douces dans la vallée du Rhin, abritée et donc plus sèche et plus ensoleillée.

• Sur le versant oriental du massif, le climat est plus rude et les amplitudes thermiques plus prononcées.

L'épaisseur de la couverture forestière, sur les plateaux de la Forêt-Noire, entretient une humidité constante, dans une région où la pluviosité est déjà importante.

• Bien irriguée, la Forêt-Noire est traversée par la ligne de partage des eaux entre l'Atlantique et la mer Noire.

Le Rhin, qui contourne le massif par le sud puis l'aue� donne son identité à la région, même si elle n'est drainée que par quelque 300 km de ce fleuve qui se jette dans la mer du Nord après un cours de 1320 km.

Né dans les Alpes suisses, le Rhin se jette dans le lac de Constance (560 km�.

grande nappe d'eau douce au sud-est de la Forêt-Noire avant de poursuivre son cours, ponctué de chutes, comme à Schaffhouse en Suisse, creusant un fossé entre le massif montagneux allemand et le Jura suisse, pour remonter vers le nord, en passant entre les Vosges et la Forêt-Noire.

• À l'ouest, de nombreux affluents du Rhin, comme le Kinzig et le Murg.

ont creusé des vallées dans la montagne, formant des gorges étroites, dont la plus célèbre est celle de I'Hôllental.

Au nord, les profondes vallées des rivières Nagold, Alb et Enz, bras du Neckar, lui-même affluent du Rhin, entaillent les plateaux boisés.

C'est la partie septentrionale de la Forêt­ Noire qui abrite les principales stations thermales de la région, réputées pour leurs sources minérales, comme Baden-Baden.

• Véritable ch3teau d'eau, la Forêt­ Noire donne naissance au plus grand fleuve d'Europe- hors Russie -, le Danube, qui prend sa source sur le versant oriental du massif, près de Villingen, pour s'écouler vers l'est.

Non loin de là, prend aussi sa source le Neckar, qui traverse le massif en direction du nord pour rejoindre le Rhin à Mannheim, après un cours de 367 km.

• La région est enfin criblée de lacs d'origine glaciaire, les cc Karseen », petits plans d'eau de forme ronde ou lacs plus importants, tels le Schluchsee ou le Titisee.

lA FLORE • Comme son nom l'indique, ce massif montagneux est recouvert d'une épaisse forêt où dominent les conifères, sapins surtout et mélèzes.

Dans la masse sombre des forêts, les prairies, que les fleurs parent d'un revêtement polychrome au printemps, sont des trouées de lumière qui contribuent au charme des paysages.

Au fond des vallées, les cultures et les vergers cèdent progressivement la place aux vignobles qui s'emparent des pentes dominant le Rhin.

• La partie nord du massif est la plus boisée et renferme la zone forestière la plus étendue de tout le Bade­ Wurtemberg.

sinon de l'Allemagne, intégrée au Parc naturel de la Forêt­ Noire Centre-Nord.

Avec une surface de 375 000 hectares, c'est la plus grande région protégée d'Allemagne, où tout est fait pour que l'homme respecte la diversité des espèces et des espaces naturels.

• Le phénomène des pluies acides, dues aux rejets de l'industrie dans l'atmosphère, a toutefois causé de graves dommages à la végétation de la Forêt-Noire comme des autres forêts de l'Allemagne méridionale.

• Au centre du massif, la vallée du Kinzig.

affluent du Rhin, est recouverte d'épaisses forêts de sapins.

Plus escarpée, la partie méridionale du massif comporte néanmoins elle aussi de belles • duc ..

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Les conifères cohabitent avec des feuillus, comme le hêtre ou le chêne, le contraste plus marqué qu'ailleurs entre forêt dense et vastes prairies contribuant à la beauté des paysages.

La vallée de la Wutach, classée parc naturel, avec ses gorges surplombées par d'imposantes parois rocheuses, renferme une flore et une faune particulièrement riches.

LA FAUNE • La Forêt-Noire se flatte d'avoir su préserver, mieux qu'aucune autre région d'Allemagne, une faune sauvage et variée.

Des siècles durant, le loup a régné en maitre dans ces forêts giboyeuses, partageant son territoire de chasse avec le lynx et bien sûr l'homme.

Dans la profondeur des forêts, on croise des cerfs et des sangliers, plus rarement des chamois, qui ont été réintroduits dans la région, tandis que les marmottes se laissent parfois surprendre dans les prairies d'altitude.

Les rapaces, aigles, buses et autres chouettes sont les maîtres du ciel, qu'ils partagent avec les perdrix, faisans et bécasses, les cigognes cohabitant pacifiquement avec l'homme, dans la plaine du Rhin, comme en Alsace.

Les rivières et torrents enfin, regorgent de truites et autres poissons, qui ont aussi retrouvé leur place dans le Rhin, en convalescence après les dommages causés par la pollution industrielle.

UNE HISTOIRE TRÈS ANCIENNE • Connue depuis la plus haute Antiquité, la région, située aux confins du monde romain et du monde barbare peuplé par les tribus germaniques, était appréciée par les Romains pour ses sources thermales.

Ce sont eux qui l'ont baptisée cc Forêt-Noire » au IV' siècle en raison de la couleur vert sombre des aiguilles des sapins.

• En 260 de notre ère, des moines chrétiens auraient élu domicile dans ces forêts et y auraient fondé plus tard des monastères et abbayes, comme à Alpirsbach ou Sankt -Trudpert .

• Attestée par de puissants châteaux, comme à Berneck, Ettlingen, Altwindeck/Bühl ou encore Neuenburg, la féodalité s'implantera durablement à partir du Xl' siècle, quand la région, intégrée plus tard au margraviat puis au grand-duché de Bade, bénéficia du développement du commerce et d'un afflux de population.

• Devenue un enjeu politique du fait de la proximité de la Suisse et de l'Alsace, la Forêt-Noire connut un nouvel essor au XIX' siècle, les stations thermales, de Baden­ Baden notamment, attirant la noblesse européenne, prémices d'un tourisme vert qui s'est démocratisé et désigne la région comme un laboratoire écologique.. »