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LA FONTAINE, L'Horoscope, v. 55 à la fin (Fables VIII, 16)

Publié le 15/05/2020

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« LA FONTAINE, L'Horoscope, v.

55 à la fin (Fables VIII, 16). De ces exemples il résulteQue cet art, s'il est vrai, fait tomber dans les mauxQue craint celui qui le consulte ;Mais je l'en justifie, et maintiens qu'il est faux.Je ne crois point que la natureSe soit lié les mains, et nous les lie encor,Jusqu'au point de marquer dans les cieux notre sort.Il dépend d'une conjonctureDe lieux, de personnes, de temps ;Non des conjonctions de tous ces charlatans.Ce Berger et ce Roi sont sous même planète ;L'un d'eux porte le sceptre et l'autre la houlette :Jupiter le voulait ainsi.Qu'est-ce que Jupiter ? un corps sans connaissance.D'où vient donc que son influenceAgit différemment sur ces deux hommes-ci ?Puis comment pénétrer jusques à notre monde ?Comment percer des airs la campagne profonde ?Percer Mars, le Soleil, et des vides sans fin ?Un atome la peut détourner en chemin :Où l'iront retrouver les faiseurs d'horoscope ?L'état où nous voyons l'EuropeMérite que du moins quelqu'un d'eux l'ait prévu ;Que ne l'a-t-il donc dit ? Mais nul d'eux ne l'a su.L'immense éloignement, le point, et sa vitesse,Celle aussi de nos passions,Permettent-ils à leur faiblesseDe suivre pas à pas toutes nos actions ?Notre sort en dépend : sa course entre-suivie,Ne va, non plus que nous, jamais d'un même pas ;Et ces gens veulent au compas,Tracer les cours de notre vie !Il ne se faut point arrêterAux deux faits ambigus que je viens de conter.Ce Fils par trop chéri, ni le bonhomme Eschyle,N'y font rien.

Tout aveugle et menteur qu'est cet art,Il peut frapper au but une fois entre mille ;Ce sont des effets du hasard. INTRODUCTION La Fontaine a condamné l'astrologie, c'est-à-dire la science qui prétend lire l'avenir en scrutant les astres, dansdeux fables importantes : L'Astrologue qui se laisse tomber dans un puits (II, 13) et L'Horoscope (VIII, 16).

Dans lapremière de ces fables il montre combien il est invraisemblable de supposer que la Providence ait voulu nousrenseigner par les astres sur un avenir qu'elle nous cache avec sagesse; dans la seconde il analyse les difficultés quirendent cet art tout à fait chimérique. I.

- REFUS DU DÉTERMINISME ASTROLOGIQUE (v.

55 à 64) La morale débute pur une double condamnation : ou bien cet art est vrai; dans ce cas il cause les morts qu'il prédit,puisque les deux personnages ont été précisément victimes des précautions prises à la suite des prédictions.

Oubien il est condamnable parce qu'il est faux, et La Fontaine « l'en justifie », c'est-à-dire fait remarquer ironiquementqu'il ne peut par lui-même causer de maux.

Ce raisonnement de La Fontaine peut être illustré par l'exemple dumathématicien Jérôme Cardan, amateur d'astrologie : ayant vu dans son horoscope la date exacte de sa mort, il selaissa, dit-on, mourir de faim à 75 ans (en 1575) pour réaliser cet horoscope (son cas était encore vivement discutéau XVIIe siècle).Ensuite l'auteur rejette comme absurde le déterminisme astral : la Nature et l'homme sont libres.

Notre sort dépenddes conjonctures de la vie, c'est-à-dire des causes particulières et de leurs combinaisons, de leurs résultantes(comme le voulait aussi Bossuet).

Les conjonctions sont des rencontres de deux planètes réunies dans un mêmesigne du Zodiaque.

Selon les astrologues, les conjonctions sont tantôt bonnes, tantôt maléfiques. II.

- DIFFICULTÉS D'ÉTABLIR UN RAPPORT DE CAUSE A EFFET. »

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