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La fin du siècle

Publié le 09/12/2021

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La fin siècle commence en 1885, à la mort de Victor Hugo. Date importante : la même année, Mallarmé ouvre aux jeunes poètes sa salle à manger de la rue de Rome, et Edmond de Goncourt, aux jeunes romanciers, son Grenier d'Auteuil. Certes, les cénacles n'avaient pas attendu 1885 pour s'affirmer en tant que foyer d'activité novatrice. Depuis l'hôtel de Rambouillet ­ si l'on fait abstraction des cours d'amour ­ les poètes avaient toujours éprouvé le besoin de s'assembler pour échanger des idées, réciter leurs vers et se faire admirer les uns des autres. A l'époque romantique, il y avait eu le cénacle de la Muse française, celui de la rue Notre-Dame-des-Champs et celui de la rue du Doyenné, plus tard celui de la rue des Canettes et de la rue Hautefeuille, plus tard encore celui du passage Choiseul. On peut soutenir cependant qu'en 1885 s'est ouverte une ère nouvelle destinée à finir quarante ans plus tard par le triomphe de la N.R.F. et de la littérature non-conformiste.   

« La fin du siècle La fin siècle commence en 1885, à la mort de Victor Hugo .

Date importante : la même année, Mallarmé ouvre aux jeunes poètes sa salle à manger de la rue de Rome, et Edmond de Goncourt , aux jeunes romanciers, son Grenier d'Auteuil.

Certes, les cénacles n'avaient pas attendu 1885 pour s'affirmer en tant que foyer d'activité novatrice.

Depuis l'hôtel de Rambouillet si l'on fait abstraction des cours d'amour les poètes avaienttoujours éprouvé le besoin de s'assembler pour échanger des idées, réciter leurs vers et se faire admirer les uns des autres.

A l' époque romantique , il y avait eu le cénacle de la Muse française, celui de la rue Notre-Dame-des-Champs et celui de la rue du Doyenné, plus tard celui de la rue des Canettes et de la rue Hautefeuille, plus tard encore celui du passage Choiseul.

On peut soutenir cependant qu'en 1885 s'est ouverte une èrenouvelle destinée à finir quarante ans plus tard par le triomphe de la N.R.F.

et de la littérature non-conformiste.

Pourquoi donc l'esprit de cénacle , de chapelle, s'exaspéra-t-il à la fin du XIXe siècle ? Sans doute parce qu'à ce moment s'aggrava la séparation d'une littérature toujours plus quintessenciée et d'une société bourgeoise toujours plus matérialiste et jouisseuse.

Le règne des poètes avait prisfin avant la mort de Hugo , avant même celle de Lamartine .

Dès le second Empire P5T04 avait commencé celui des romanciers.

A la littérature poétique avait succédé la littérature d'observation à prétentions scientifiques.

Il était naturel que, perdant de plus en plus l'audience du public, lespoètes cherchassent une revanche au sein de leur propre confrérie.

La Rive gauche poétique prit corps et conscience dans les cafés du Quartierlatin, cependant que Montmartre voyait commencer son règne au Chat Noir dont l'installation rue de Laval date, comme le Grenier d'Auteuil et la salle à manger de Mallarmé , de cette même fatidique année 1885.

Dès lors, la géographie littéraire de Paris peut se décrire de la façon suivante : l'Académie et ses salons dont, à l'époque parnassienne, lasouveraineté était restée incontestée, le Boulevard dont la décadence ne devait pas tarder à se précipiter, le milieu naturaliste, et enfin la bohème,c'est-à-dire Montmartre et la Rive gauche où Verlaine L230 n'allait pas tarder à connaître la célébrité.

A l'Académie, la poésie, c'était Sully Prudhomme L1875 , François Coppée L1239 , Théodore de Banville L1066 , Leconte de Lisle L1536 , Heredia L1439 ; c'était le Parnasse KW147 , en somme.

Le roman, c'était Octave Feuillet L1336 , Victor Cherbuliez L1215 , Paul Bourget L1141 , Pierre Loti L1556 , Anatole France L078 , André Theuriet L1901 ; la critique, c'était Désiré Nisard L1652 , Taine L216 , Brunetière L1161 , Jules Lemaitre L1539 , Émile Faguet L1325 ; le théâtre, Henri de Bornier L1131 , Victorien Sardou L1805 , Meilhac L1607 et Halévy L1426 , Dumas fils L1302 , Labiche L1517 , Augier L1053 , Pailleron L1676 .

L'histoire : Renan L180 , Albert Sorel L1850 , Henry Houssaye L1452 , Hanotaux L1428 ...

L'Académie représentait à la fin du siècle une puissance dont ces noms ne peuvent malheureusement plus donner l'idée.

Cinq poètes à l'Académie ! Que l'on compare ce nombre aux poètesacadémiciens d'aujourd'hui et l'on mesurera l'importance sociale qu'a perdue la poésie.

Le nombre des auteurs dramatiques n'est pas moinscaractéristique et l'on peut en dire autant de la critique.

On ne prétend pas que la qualité moyenne ait baissé à l'Académie, mais son recrutementsouffre du malentendu qui ne cesse de s'aggraver entre elle et le public, malentendu provoqué par l'effacement de l'esprit bourgeois et de l'esprituniversitaire dont elle était le rempart.

La bourgeoisie n'a plus de romanciers et la critique universitaire a pratiquement cessé d'exister en tant quetelle.

A la fin du siècle, l'ancien esprit du Boulevard survivait tant bien que mal dans les journaux L155M2 et dans les cafés.

Quelques boulevardiers plastronnaient encore aux terrasses.

Aurélien Scholl L1818 avait pour successeurs Mendès L1610 , La Jeunesse L1515 , Courteline L1245 , Jean de Bonnefon, Jean Lorrain L1555 , René Maizeroy L1572 , Louis Marsolleau, Jean de Mitty, Alphonse Allais L1020 , Georges Maurevert, sans oublier Joseph Renaud, arbitre dans toutes les affaires d'honneur alors si nombreuses.

Le Figaro , le Gil Blas L239M2 , fondé en 1879, l' Écho de Paris , en 1885, le Journal , en 1892, tenaient un peu le rôle de nos journaux L155M2 littéraires.

L' Affaire Dreyfus KW016 fut pour la presse un âge d'or.

La polémique y connut une prospérité sans précédent.

A côté des quotidiens littéraires, des journaux L155M2 graves à très grand format, le Gaulois, le Temps et les Débats, succursales des grandes revues, touchaient un public plus sérieux.

Là régnaient la chronique académique et la critique officielle.

Les vedettes du journalisme non politique de la fin du sièclefurent, outre ceux que nous avons déjà dits, Jules Claretie L1227 , Adolphe Brisson L1153 , François Coppée L1239 , Octave Mirbeau L1621 , Alfred Capus L1185 , Léon Daudet L1263 , Octave Uzanne L1932 , Armand Silvestre L1837 , Séverine L1829 , Émile Bergerat L1101 , Paul Adam L1003 , Pierre Mille L1618 , etc.

Tous n'étaient pas des boulevardiers, mais tous se rencontraient sur le boulevard, lieu géométrique de ce qui subsistait de la légèreté légendaire de Paris.

Paul Bourget L1141 était le peintre attitré de la mondaine fin de siècle.

Dans ses premiers romans, il démontait, avec une minutie non exempte de lourdeur et de pédanterie, états d'âme et sentiments.

En 1889, année où Barrès L1074 publia Un homme libre , le Disciple souleva une grande discussion sur la responsabilité intellectuelle ; le déterminisme de Taine L216 y était visé.

Cependant, en 1894, Bourget était encore tenu pour un esprit inquiétant.

Le roman bourgeois gardait à l'Académie des représentants qualifiés et elle en recrutait qui s'annonçaient capables de prolonger et même derenouveler le genre.

A côté de Bourget, imbu de la tradition de Balzac L011 et de Stendhal L209 , Anatole France L078 incarnait le classicisme élégant et délié, l'humanisme, l'épicurisme, le scepticisme renanien.

Son roman le plus accompli, le Lys rouge , évoque l'existence oisive, saturée d'art, des privilégiés de ce temps-là, de même que les romans de Bourget de la première époque nous permettent de reconstituer les complicationssentimentales où s'exténuait délicieusement le coeur des belles comtesses.

Maupassant L133 s'était rallié à l'école psychologique et mondaine ; il rivalisait de faveur avec Paul Bourget L1141 dans les salons israélites et aristocratiques du faubourg Saint-Honoré, mais sa vraie vie était ailleurs : au bon soleil, sur l'eau, et le fait est qu'il voyagea beaucoup.

De 1885,année de Bel-Ami L133C , datait son entrée dans la grande notoriété parisienne.

L'abus de l'amour et des stupéfiants acheva de détraquer son tempérament déjà taré.

Il mourut en 1893 après avoir en quinze ans parcouru une carrière et réalisé une oeuvre qu'un autre n'aurait pu accomplir entrente ans.

Il a été le type de l'écrivain aimé des femmes que, depuis les romantiques, poètes et romanciers ont presque tous rêvé d'être et dontl'exemple a déterminé bien des vocations vraies ou fausses.

Il y eut en cette fin de siècle une obsession de l'amour et de la femme qui, dans lalittérature et dans l'art, devait durer jusqu'aux approches de la Première Guerre mondiale.

Maupassant L133 venait du naturalisme.

Goncourt L1391 l'avait mis sur la liste de sa future Académie, puis l'en avait rayé comme impur.

On n'aimait. »

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