La femme d'aujourd'hui croit moins à l'homme, à la royauté de l'homme, qu'autrefois ?
Publié le 09/12/2021
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Et face aux enfants, l'autorité « paternelle », après avoir réservé une place à la mère, est devenue « l'autorité parentale ». Certes l'homme a accepté cette égalité ; il a même feint de la voir s'instaurer et s'accroître, en s'en réjouissant ; mais au fond de lui-même, il songe : Tu as voulu devenir l'égale de l'homme; eh bien! ne te plains pas d'être traitée en égale. Tu ne me tends plus « ma toge, mon pardessus et mon chapeau melon » ; pourquoi irais-je te chercher la voiture au garage? Pourquoi t'éviterais-je de te baisser? Pourquoi te garderais-je en cachette le meilleur morceau du poulet ou le meilleur gâteau ? III. - En devenant l'égale de l'homme, la femme ne s'est pas rendue plus heureuse ; il en va de même de son compagnon, et l'on peut se demander où cette évolution pourra conduire. Ce qui aurait dû en principe rapprocher l'homme et la femme semble devoir les éloigner, et les rendre de plus en plus étrangers l'un à l'autre : l'homme reproche à sa femme de ne pas être fardée et pimpante, en pleine forme, lorsqu'il rentre chez lui, oubliant qu'elle-même, avant de partir, a dû préparer la cuisine et peut-être une lessive. Quant à la femme, qui ne sait plus ce que veut dire « attente » et « exaltation », indifférente aux soucis et à la fatigue de l'époux, elle ne se préoccupe que de sa prochaine augmentation, surtout si elle reste au foyer. Car, il y a tout de même des femmes qui acceptent de rester à leur place de maîtresse de maison ou qui, dans une parfaite sagesse, grâce à une occupation à mi-temps, se partagent entre l'extérieur qui les distrait et accroît les ressources, et l'intérieur où elles conservent leur rôle et des prérogatives qu'aucun progrès ne saura jamais leur ôter.
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Introduction
Il est curieux d'entendre Giraudoux, auteur de la Guerre de Troie n'aura pas lieu, évoquer le départ d'Hector et la solitudeangoissée d'Andromaque à propos du départ bi-journalier de l'homme pour le bureau ou l'usine.
Quelle est doncaujourd'hui la situation de la femme vis-à-vis de l'homme? Celui-ci peut-il encore être pour elle le plus grand et le plus fort,le « roi » ?
I.
— Comparons tout d'abord le sort de la femme autrefois et aujourd'hui. Généralement séparée de l'homme et élevée à l'intérieur de la maison, elle était mariée le plus souvent par ses parents et sans même connaître celui qu'on lui destinait.Après lui avoir tendu sa toge, elle attendait son retour du forum ; plus tard, du haut de sa tour, la châtelaine attend leretour de la chasse ou de la croisade.
Il en est ainsi durant des siècles, mais la femme du peuple, elle, travaille auxchamps, file la toile, prépare le repas des hommes ; et si la femme du pêcheur, face à la mer, s'abandonne à l'angoisse,elle raccommode les filets et, ce dont ne parle nullement Giraudoux, elle élève ses enfants : qu'on songe à l'épouse desPauvres Gens !Aujourd'hui, dès l'école maternelle, la jeune fille partage ses études avec les garçons.
Elle ne partage pas moins ses jeux,ses distractions, ses exploits sportifs : dès l'adolescence, elle se présente déjà comme une concurrente, peut-être aussiintelligente, et beaucoup plus travailleuse.
L'homme a donc perdu cette notion de supériorité masculine lorsqu'il voit, denos jours, la femme accéder, dans l'administration ou les emplois publics et privés, aux plus hautes fonctions, et mettre,en fin de mois, à « son » compte en banque, l'équivalent de ce que peut apporter le mari!
II.
— Cette évolution, qui s'est précipitée depuis 1934, date à laquelle Giraudoux écrit, trouve donc son origine même dans la mixité scolaire, et dans une plus grande liberté laissée aux enfants à l'intérieur du foyer.
Ce qui reste indiscutable,c'est que la femme se défend de tout respect à l'égard de l'homme : ses soucis et ses dangers ne sont-ils pas les mêmes?Ne lutte-t-elle pas de la même façon ? Si, à l'usine, les tâches les plus pénibles physiquement sont réservées aux hommes,n'ont-elles pas l'agilité manuelle qui leur permet, dans les chaînes d'empaquetage par exemple, d avoir un rendement trèssupérieur? Et l'atelier de couture ne reste-t-il pas leur royaume? Dans l'avion, n'ont-elles pas à partager une bonne partiedes responsabilités qui les lient au reste de l'équipage?Aussi, lorsqu'elles retrouvent un époux en rentrant à leur foyer, il peut être l'égal de ses meilleurs camarades hommes,confrères, collègues, collaborateurs, etc., selon la fonction : il n'y a aucune raison pour qu'il soit question d'admiration etmoins encore d'une quelconque reconnaissance béate de supériorité! Elle partage la même voiture et prend le volantquand elle le désire : pourquoi n'aurait-elle pas exactement les mêmes privilèges, les mêmes prérogatives, la mêmeautorité ?Mais en retirant à l'homme sa « royauté », la femme n'a-t-elle de son côté rien perdu? Garçons et filles occupent lesmêmes places en classe, au réfectoire, au stade, sans aucune préséance.
Ils franchissent de front un portail et combiende garçons auraient l'idée de porter le sac trop lourd d'une camarade? Qui dit d'ailleurs qu'ils ne seraient pas remisvertement à leur place! Gomment, ainsi élevé, l'homme aurait-il la moindre idée de ce qu'était la galanterie, ou même laplus élémentaire politesse? Pourquoi, sortant de la même usine, aurait-il l'idée d'offrir à une femme sa place dans le métro? Pourquoi, de retour à la maison, lui tiendrait-il une porte ou l'attendrait-il pour s'asseoir à table? Et face aux enfants,l'autorité « paternelle », après avoir réservé une place à la mère, est devenue « l'autorité parentale ».
Certes l'homme aaccepté cette égalité ; il a même feint de la voir s'instaurer et s'accroître, en s'en réjouissant ; mais au fond de lui-même, ilsonge : Tu as voulu devenir l'égale de l'homme; eh bien! ne te plains pas d'être traitée en égale.
Tu ne me tends plus «ma toge, mon pardessus et mon chapeau melon » ; pourquoi irais-je te chercher la voiture au garage? Pourquoit'éviterais-je de te baisser? Pourquoi te garderais-je en cachette le meilleur morceau du poulet ou le meilleur gâteau ?
III.
— En devenant l'égale de l'homme, la femme ne s'est pas rendue plus heureuse ; il en va de même de son compagnon, et l'on peut se demander où cette évolution pourra conduire.
Ce qui aurait dû en principe rapprocher l'hommeet la femme semble devoir les éloigner, et les rendre de plus en plus étrangers l'un à l'autre : l'homme reproche à safemme de ne pas être fardée et pimpante, en pleine forme, lorsqu'il rentre chez lui, oubliant qu'elle-même, avant de partir,a dû préparer la cuisine et peut-être une lessive.
Quant à la femme, qui ne sait plus ce que veut dire « attente » et «exaltation », indifférente aux soucis et à la fatigue de l'époux, elle ne se préoccupe que de sa prochaine augmentation,surtout si elle reste au foyer.Car, il y a tout de même des femmes qui acceptent de rester à leur place de maîtresse de maison ou qui, dans uneparfaite sagesse, grâce à une occupation à mi-temps, se partagent entre l'extérieur qui les distrait et accroît lesressources, et l'intérieur où elles conservent leur rôle et des prérogatives qu'aucun progrès ne saura jamais leur ôter.Alors, il y a encore des épouses qui aident leur mari à enfiler leur manteau et courent lui appeler l'ascenseur : non par ungeste de servilité mais par un réflexe de tendresse.
C'est pourquoi il doit bien y avoir encore des maris capables de cesattentions qui, aussi bien que des fleurs, sont une manière de dire « je t'aime » et aussi : « Tu vois, tu as beau être monégale, je sais bien, moi, que tu auras toujours besoin de ma protection.
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Conclusion
Parlant de la pédante qui veut fonder des académies et se donner l'importance des hommes, Juvénal s'écrie : « Alors!Qu'elle vive comme un homme : qu'elle relève sa tunique à mi-jambe, qu'elle sacrifie un porc à Sylvain, et qu'elle se baignepour le quart d'un as », c'est-à-dire qu'elle se contente du bain réservé aux hommes.C'était — déjà! — le raisonnement égocentriste de l'homme qui refusait toute égalité de sexe.
Les temps ont passé ;adieu la « royauté » du mari...Ce n'est peut-être pas un mal.
Mais prenons garde à conserver à la femme qui peut nous égaler — elle l'a prouvé! —quelque chose de sa grâce, de sa fragilité, de son besoin de tendresse.
Pour un couple moderne, là est peut-être larecette toute simple du bonheur..
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