La Farce de Maître Pathelin (1464)

« La Farce de Maître Pathelin (1464) Représentée en 1464, « l'année de la grande froidure», imprimée en 1470, La Farce de Maître Pathelin est d'auteurinconnu.L'avocat Pathelin ne veut pas payer à Guillaume le drap qu'il lui a acheté.

Lorsque le drapier vient réclamer son dû, ilest reçu par la femme de l'avocat, Guillemette.

Elle lui affirme que son mari, alité depuis longtemps, ne peut pas êtrel'acheteur.

Guillaume, voyant l'avocat délirer, repart tout penaud.Le même Guillaume ayant à se plaindre de son berger Thibaut l'Agnelet, qui assomme ses moutons pour les manger,le cite en justice.

Sur le conseil de Pathelin, le berger ne répond au juge que par ce seul mot : « bée ».

Il estacquitté comme simple d'esprit.

Mais quand l'avocat lui parle d'honoraires, il le paie de la même réponse.

FARCE OU COMÉDIE ? Le réalisme satirique de la tradition gauloise est renforcé ici par la démoralisation générale qui suit la guerre de Centans.

La Farce de Pathelinest constituée de variations divertissantes sur le thème de la fourberie.

Pathelin, Guillemette, le marchand, le bergerpratiquent la fourberie, chacun de la manière la plus conforme à son personnage.

Il en résulte des situationsextrêmement comiques, un perpétuel jaillissement de verve bouffonne.

La psychologie reste sommaire.

Mais cessilhouettes pittoresques sont suffisamment vivantes pour avoir hanté l'imagination de Rabelais.

Pathelin est commeune première esquisse de Panurge.L'action suit une progression simple et rigoureuse.

La langue est alerte, le dialogue à la fois réaliste et d'une bonnetenue littéraire.

L'auteur inconnu manie le vers octosyllabique avec aisance.

En somme l'oeuvre est bien supérieureaux autres farces que le moyen âge nous a transmises.

Elle tient le milieu entre la farce et la comédie. Cette farce de 1600 vers écrite vers 1464 est presque déjà, par sa construction, qui révèle un grand sensdramatique, une comédie.

C'est, en tout cas, en France, la meilleure oeuvre comique avant Molière.Certaines répliques sont restées dans le langage usuel comme « Revenons à nos moutons » prononcé par le juge, oubien « Il veut me faire prendre des vessies pour des lanternes », prononcé par Guillaume. Maître Pathelin, avocat de seconde classe, met au point une farce irrésistible pour soutirer de la marchandise à unpauvre drapier crédule. La valse des dupesMaître Pathelin, avocat sans cause et donc sans argent, souhaite se procurer une belle étoffe.

Au marché, ilrencontre le drapier Guillaume.

Par d'habiles flatteries, il parvient à lui soutirer un morceau d'étoffe.

Il inviteGuillaume à venir dîner chez lui.

Il en profitera alors pour régler son dû.

De retour en sa demeure, Pathelin se gausseauprès de sa compagne Guillemette de la façon dont il a berné Guillaume.

Ils élaborent un tour pendable.

Quand lemarchand arrive pour dîner, Guillemette l'avertit que son maître est alité, qu'il est à l'agonie.

Pour accréditer cespropos, Pathelin « le comédien », hurle des propos délirants.

Flairant le traquenard, le pauvre drapier proteste unmoment, puis abandonne et s'en retourne benêt, sans avoir été payé.

Quelques temps après, il assigne son bergerThibaut l'Agnelet, devant le juge.

Il l'accuse d'avoir volé ses moutons.

Ironie du sort, le berger s'assure les servicesde l'avocat Pathelin.

Lorsque le juge l'interroge, Thibaut suit les conseils de Pathelin.

Il se contente de bêler.

Il estacquitté.

Mais lorsque vient le moment de régler Pathelin, il continue à bêler...

et Pathelin de se faire berner à sontour. Le langage est un pouvoirToute la comédie tourne autour du langage et de son pouvoir.

Langage de la flatterie, lorsque Maître Pathelin fait l'éloge du drapier et de son père, puis de sa marchandise.

Pour Guillaume, le langage devient un piège puisqu'il nepeut le dominer.

La pièce est construite autour de trois axes, le vol du drap, le délire de Pathelin et le jugement duberger.

Chacun de ces événements constitue une phase particulière de la relation entre le pouvoir et la parole.

Lafarce entière est ainsi une somme analytique où sont successivement examinées la naissance, la vie et la mort dulangage.. »