LA DENTELLE
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
«
LA DENTELLE
L'histoire de la dentelle fut longtemps liée à la
mode et au système de représentation sociale qui la
définit.
Il faut comprendre que du
XVI" au XVIII• siècle, les dentelles étaient estimées, dans un cer
tain milieu, pour la valeur qu'elles représentaient ;
économiquement et socialement.
Phénomène de classe, l'histoire
de la dentelle a
donc évolué, jusqu'au XIX• siècle, en rapport
direct avec les impératifs de la mode, ses impondé
rables.
Et ceci particulièrement
en France où l'on
pouvait se glorifier d'un rayonnement international
dans un monde où les nécessités commerciales ne provoquaient pas encore artificiellement les modes
mais où celles-ci faisaient et défaisaient les besoins
donc les centres de production.
...
Née des pulsations d'une mode
«Cet homme est bien en point» disait-on au XVI• siècle pour évoquer une personne portant de riches dentelles.
En réalité, déjà au xv• siècle, la
dentelle faisait le moine ! Et si l'on exclut les inter
médiaires entre la broderie et la dentelle, c'est donc
au début du
xv· siècle que la dentelle fit son appa
rition.
On cite en 1476 Charles le Téméraire perdant
ses dentelles à la bataille de Granson, mais c'est
bien Venise qui, vers l'époque des Médicis, devint
le centre de production le plus important de cet art de l'aiguille.
Cols et manchettes au point de Venise
se multiplièrent alors, répandant le goût italien à
travers toute l'Europe.
Un tableau de Carpaccio est
connu comme le plus ancien témoignage pictural en la matière ; sur un portrait de dame : des man
chettes brodées d'une fine dentelle.
Elles dépeignent
un modèle que l'on retrouvera presque cent ans
plus tard dans des livres de patron.
A l'époque, la
cour de France imposait sa mode et
ses engoue
ments à toutes celles de l'Europe.
Sa passion pour
la dentelle vénitienne fit école.
3, 1979 A
Vinciolo, auteur des célèbres albums de des
sins, amené d'Italie .par Catherine de Médicis, on
doit l'invention de la fraise, sorte
de collerette de dentelles tuyautées et empesées qui garnissait le
cou des seigneurs; à l'origine, cette fraise était des
tinée à dissimuler l'inesthétique cicatrice qui enlai
dissait le cou de Henri II.
Elle
fit fureur.
Et ce fut le premier témoignage en dentelles des débordements et excès auxquels une mode donne parfois libre cours.
Toutes sortes d'anecdotes agrémentent l'usage
de cette fraise.
Elle aurait, entre autres mésaventu
res, obligé un gargotier installé sur les bords de la
Seine, à l'emplacement de l'actuelle Tour d'argent,
à mettre au point le trident en métal, ancêtre de
l'actuelle fourchette, afin
de permettre à son célèbre
convive Henri II d'avoir accès à son excellente
cuisine sans tacher
ses redondantes fraises, car
manger avec ses doigts devenait ainsi apprêté une
véritable prouesse.
Dans
le même ordre d'idées la
célèbre reine Margot, habile à l'aiguille comme aux
fuseaux, inaugurant pour un dîner une
de ses gigan
tesques fraises, ne put faire passer les mets de son
assiette à sa bouche avec la seule aide de la four
chette.
Il fut nécessaire de lui apporter de la cuisi ne une cuillère en bois de marmiton, « longue de plus de deux pieds » !
Les manchettes et les revers de pourpoints en
dentelles venaient surcharger l'effet fourni par les
fraises et, non seulement les seigneurs, mais aussi
les grandes dames et la moyenne bourgeoisie furent les victimes de cette mode exubérante ...
peu com
mode, même en fonction du mode de vie de l'épo
que, et fort coûteuse de surcroît.
Il fallut malgré la
vague d'austérité due aux guerres
de religion, atten
dre le règne de Louis XIII pour voir la fraise dispa
raître complètement.
La collerette, de proportions
déjà considérablement réduites sous Henri IV, est
alors remplacée dans le costume masculin par un
grand col rabattu jusque sur les épaules, bordé seu-
13715.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- François Boucher Né à Paris, François Boucher apprit la peinture et le dessin aux côtés de sonpère, fabriquant de dentelle.
- dentelle.