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 La controverse de Valladolid, Jean Claude Carrière      Jean-Claude Carrière est un auteur français du XXème siècle.

Publié le 08/12/2021

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 La controverse de Valladolid, Jean Claude Carrière
 
   Jean-Claude Carrière est un auteur français du XXème siècle. Il fait partie du mouvement littéraire le mouvement engagé. Il publie en 1957 son premier roman, Lézard. Ecrivain, mais aussi scénariste, parolier et metteur en scène, J.C Carrière s’intéresse tout particulièrement à la Controverse de Valladolid. En 1992, il en écrit un roman intitulé La Controverse de Valladolid, dans lequel il présente le débat entre le moine dominicain Bartolomé de Las Casas et le philosophe, homme d'études, Juan Ginés de Sepulveda, le prétexte du débat est de répondre à la question « Les Indiens d'Amérique ont-ils une âme ? ». L’extrait à étudier se situe au chapitre 7 du roman, il présente le débat entre Las Casas et Sepulveda dans le couvent de Valladolid au sujet de la nature des Indiens d’Amérique. Comment cet extrait fait-il réfléchir sur la question de l’Autre ? Pour cela, dans une première partie je traiterais la mise en œuvre de l’argumentation. Dans une deuxième partie, le point de vue de Las Casas. Et pour finir le point de vue de Sepulveda.
 
 
   La mise en œuvre de l’argumentation est très importante dans ce passage, elle permet de comprendre les différents points de vue des personnages et le type d’arguments qu’ils utilisent pour défendre leur thèse. Par exemple Las Casas utilise des arguments faisait appel aux sentiments donc au pathos tandis que Sepulveda utilise des arguments de logique donc le logos, au raisonnement logique. De plus, cet extrait est constitué d’une alternance entre le dialogue et le récit. Le dialogue domine, il y a de nombreuses exclamations et des verbes de paroles tel que « demanda » (l.1,19,30), « dit » (l.7,52) mais aussi des répliques qui renvoient à la notion de paroles comme « Las Casas a vivement donné de la voix » (l15). Par conséquent, tous ces éléments nous montrent que c’est un dialogue argumentatif. Néanmoins, cet extrait est aussi un récit, il y a un narrateur qui rapporte les comportements des personnages. On y trouve aussi des interventions précises tel que « On peut croire, à certains moments, qu’il va perdre patience » (l15), qui donne un aspect plus vivant au dialogue celui-ci se fait sous les yeux du lecteur ce qui accentue de plus cet aspect. Toutefois, le narrateur joue le rôle de « messager », d’arbitre ce qui permet au lecteur de confronter ses réactions à celle du cardinal.
 
 
   Le point de vue de Las Casas face à la question du débat est que les Indiens sont des hommes comme les autres, capable de penser, de réagir et de prendre des décisions. Pour défendre son point de vue Las Casas utilise une argumentation différente de celle de son adversaire Sepulveda. On sent une certaine assurance dans ces propos, il a confiance en ce qu’il avance. Les termes « peser le pour et le contre » (l3), « pensée supérieure » (l6) permettent de mettre l’accent sur cette assurance. En effet, le vocabulaire de la réflexion tel que « cela prouve » (l2), « reflexe » (l 5), est présent et insiste le fait qu’il soit intelligent, il resonne grâce à une anecdote. L’argument par analogie « Le renard ne se bâtit pas de statues ! Ni de pyramides » (l.11) met en valeur le fait que les Indiens sont des hommes intelligents qui savent faire des choses que les animaux ne savent pas faire, Las Casas utilise un argument qui différencie les Indiens d’animaux, il attaque en insistant sur ce qui les différencie, la construction d’œuvre d’art, l’eau, les vêtements, les imports, l’éducation. De même, des phrases exclamatives comme « Il ne paie pas d’impôts, le renard ! » (l13), accentue l’indignation de Las Casas qui veut se défendre sa position. Dans chacune de ces propositions on retrouve des exclamations et des accumulations négatives tel que « Sa femelle ne le retient pas quand il risque de s’exposer ! » (l.14), « il ne se creusent pas de canaux » (l12) qui insistent sur la réfutation. En outre, le fait que Las Casas se base sur un exemple concret, une anecdote, (l5) montre clairement qu’il dit la vérité. Puis vient la question d’humanité, Las Casas se base alors sur les émotions, le pathos, il utilise un exemple précis sur la douleur que ressentent les Indiens, les expressions « Oui, ils souffrent ! Je peux vous assurer qu’ils souffrent comme nous » (l50) et « Ils se plaignent quand on les frappe » (l51), montrent que Las Casas a vu cela de ces propres yeux et il peut le prouver elles mettent aussi en évidence le fait que les Indiens ressentent la douleur comme eux. On constate que ces phrases marquent l’indignation de Las Casas. Le fait que Las Casas constate les faits met en valeur sa générosité. En revanche, le point de vue de Sepulveda son adversaire est tout à fait différents.
 
 
   Le point de vue de Sepulveda face à la question principale du débat est qu’il considère que les Indiens sont des humains mais d’une catégorie inférieure et d’une nature inégale. Pour se défendre tout au long de ce débat il se basera sur la logique, le logos. En effet, il commence par évoquer la force du diable « Satan » qui est capable d’après lui de rendre les animaux rusés. Par exemple, « le renard est rusé » (l8) montre que les indigènes peuvent être malins comme les animaux d’après Sepulveda, mais cela n’est pas suffisant pour les assimiler à des êtres humains. Les expressions « ruses hypocrites » (l8) et « renard rusé » (l8) renforcent l’idée que ce ne sont pas des humains mais celles-ci sont aussi associé à l’idée du mal avec « Satan ». De plus, Sepulveda utilise un enchainement logique pour montrer que la ruse n’implique pas forcément l’existence d’une âme, l’expression « Dirons-nous que son âme est immortelle et que, s’il est sauvé, finira au paradis ? » (l9) illustre bien cet aspect. En effectuant cela, Sepulveda détruit la relation entre la réaction des indiens et l’idée d’intelligence grâce à l’image du renard. Par conséquent, l’image que Las Casas avait donné auparavant par rapport à l’âme du renard et de sa place au paradis est alors ridicule, son argument est alors mis à plat par Sepulveda, la logique est implacable. En outre, l’expression « Les chiens et les chevaux aussi » (l52) permet à Sepulveda d’établir à nouveau une comparaison avec les animaux et accentue l’effet de contestation. Sepulveda à le dernier mot il est extrêmement catégorique par conséquent il fait référence à un argument d’autorité dans ces propos comme le montre l’expression « Vieille technique de dispute que dénoncé déjà Cicéron » (l57), celle-ci insiste sur la raison. Pour finir, l’adverbe « scrupuleusement » (67), insiste sur le côté objectif de Sepulveda tandis que le mot « logique » (l68), illustre le fait qu’il se situe du côté de la raison. Ainsi, Sepulveda a su dévier le débat tout simplement en jouant sur les mots, en terminant de façon logique même s’il n’a rien prouvé.
 
 
  Ce dialogue argumentatif fait réfléchir sur l’Autre grâce à deux pensées, deux façons d’argumenter différentes, celle de Las Casas qui se base sur des exemples concrets et utilise le pathos, les émotions sont suscitées. Et celle de Sepulveda qui se base sur la raison et utilise un raisonnement logique, le logos. Mais celui-ci joue tout simplement sur les mots en terminant de façon logique, en réalité il n’a rien prouvé mais la manière de jouer avec la parole et les différentes façons d’argumenter permettent de charmer l’auditoire et de le faire adhérer. Ceci montre aussi que l’on peut très bien tromper avec la parole comme le fait Sepulveda, c’est tout l’art du Sophisme. Le but de cet extrait n’est pas de dénoncer l’esclavage mais d’entendre deux types argumentaires, l’argumentaire esclavagiste de Sepulveda et l’argumentaire humaniste de Las Casas. Cet extrait peut faire penser à la fable de La Fontaine, Les obsèques de la lionne, car le cerf tout comme Sepulveda et Las Casas joue sur la parole dans le but de charmer son auditoire le roi, de se défendre, pour lui c’est le seul moyen de survivre pour Sepulveda et Las Casas le but est de défendre leur opinion en jouant sur l’art de la parole. Quand on sait manier la parole on peut très bien tromper, c’est l’art du Sophisme.
 
 
 

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