la conscience et l'inconscient (cours de philo)
Publié le 17/10/2022
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«
LA CONSCIENCE ET L’INCONSCIENT
Plan
Introduction
I.
Clarification conceptuelle : le psychisme, la conscience et la psychanalyse
II.
Les conditions et les formes de manifestation de conscience.
1.
Les conditions de la conscience
2.
Les formes de manifestation de la conscience
III.
2.1.
La conscience psychologique
2.2.
La conscience morale
Les différentes conceptions de la conscience et les limites de la conscience.
1.
Les théories innéistes
2.
Les théories sociologiques
IV.
Les limites de la conscience
V.
La théorie Freudienne de l’inconscient
1.
Les manifestations de l’inconscient
2.
La formation de la personnalité chez Freud
3.
La subdivision du psychisme par Freud
VI.
Les critiques de la théorie Freudienne de l’inconscient.
1.
Les critiques de ses disciples
2.
Les critiques philosophiques de l’inconscient Freudien
VII.
L’homme est-il déterminé par la conscience ou l’inconscient ?
1.
La conscience comme essence de l’homme
2.
L’homme aux prises de l’inconscient
Conclusion
1
LA CONSCIENCE ET L’INCONSCIENCE
INTRODUCTION
La question de la conscience n’est pas un problème annexe dans la réflexion
philosophique, elle y occupe une place centrale.
En effet, de l’antiquité jusqu’à
nos jours, certains philosophes ont toujours soutenu l’idée selon laquelle,
l’homme est le seul ayant une faculté consciente et se définie essentiellement par
la conscience.
Qu’est-ce que la conscience ? Comment se manifeste-t-elle ?
Comment les philosophes conçoivent-t-ils la conscience ? L’homme est-il
maître de ses actes comme le pensent les philosophes ? Cependant d’autres
philosophes vont émettre des réserves quant à la façon de voir l’homme comme
un être essentiellement conscient.
Ces derniers évoquent l’idée que l’homme est
aux prises de certains phénomènes inexplicables dont l’homme n’a pas
conscience et qu’ils qualifient cela d’inconscient.
Qu’est-ce que l’inconscient ?
Quels sont les arguments qui fondent l’hypothèse de l’inconscient ? Cette vision
n’a-t-elle pas de limite ? L’homme se définit-il par la conscience ou par
l’inconscient ?
I.
Clarification conceptuelle :
l’inconscient, la psychanalyse
le
psychisme,
la
conscience,
Le psychisme est l’ensemble des faits psychiques.
Par psychique, il faut
entendre tout ce qui renvoie aux phénomènes mentaux, ce qui relève de l’esprit
par opposition aux phénomènes corporels.
La nature des phénomènes
psychiques n’est pas conçue de la même façon selon qu’on soutient une position
moniste ou dualiste.
Dans le premier cas, vers lequel tendent les neuroscience
contemporaines, les phénomènes psychiques ne sont que des phénomènes
biologiques parmi d’autres.
Dans le second, ils sont irréductibles à tout ordre
simplement physiologique.
La conscience dérive du latin ‘’conscientia’’, lui-même composé de deux mots
‘’cum’’ (avec) et Scientia (savoir), la conscience signifie littéralement
‘’accompagné de savoir’’.
Mais qu’est-ce qui est accompagné de savoir ? Ce
sont nos actes qui s’accompagnent de pensée, c’est ce que nous faisons en
connaissance de cause.
La conscience peut être aussi appréhendée comme
présence en soi, c’est-à-dire la connaissance plus ou moins claire que chacun de
nous possède immédiatement de son existence, de ses états d’âmes, de ses
actions et du monde qui l’entoure.
2
Quant à l’inconscient, il renvoie à deux (02) conceptions différentes.
Employé
comme adjectif, l’inconscient désigne en psychologie, la partie du psychisme
qui contrairement à la partie conscient est méconnue du sujet.
Employé comme
substantif, il renvoie à l’inconscience ; c'est-à-dire l’absence ou la perte de la
conscience.
Soit plus généralement à celui qui agit sans mesurer les
conséquences de ses actes, sans jugement, ni critique, ni morale.
Du latin ‘’psuklé’’ (âme), la psychanalyse est une méthode thérapeutique qui
repose sur l’exploration de l’inconscient (au moyen des libres associations du
sujet).Par extension, la psychanalyse est l’ensemble des théories de Freud et de
ses disciples.
II.
Les conditions et les formes de manifestation de la conscience
1.
Les conditions de la conscience
On peut considérer l’éveil comme une condition primordiale de la conscience.
En effet, la conscience suppose un minimum d’activité sensorielle.
Pour qu’on
puisse parler de conscience, il faut que le sujet (l’homme) soit en relation avec
lui-même et le monde.
Voilà pourquoi une personne dans le sommeil, le coma
ou la mort ne peut pas être conscient.
Comme le disait HEIDEGGER être
conscient : « c’est être là, présent et être témoin de tout ce qui se passe à
l’intérieur et à l’extérieur de soi ».
Si l’éveil semble être une condition
nécessaire, suffit-il pour être conscient ? Autrement dit le sujet éveillé est-il
toujours conscient ?
Mais pour être conscient, il ne suffit pas seulement d’être éveillé sinon la
conscience serait comme aux hommes et aux animaux.
Au-delà de l’éveil, il faut
l’attention, c’est à l’intérêt que nous portons à une chose, à un fait présent.
C’est
l’attachement de la conscience à ici et maintenant.
Sinon on peut être là
physiquement et être absent d’esprit, s’évader, se perdre dans des rêves.
La
conscience requiert notre présence physique et notre présence spirituelle.
Etre conscient aussi c’est être capable de s’adapter, c’est-à-dire faire face à une
nouvelle situation, qui se présente à nous en utilisant des mécanismes qui nous
permettent de nous adapter à cette situation.
Cela est possible à travers
l’assimilation (faire ce que je sais faire dans une situation nouvelle) ou à travers
l’accommodation.
Si l’assimilation échoue, il faut l’accommodation pour faire
face, c’est-à-dire modifier le schéma pour s’adapter à la situation actuelle.
Ainsi,
ce sont les difficultés rencontrées qui font progresser l’individu.
3
Un schéma est un schéma mental qui est à la base de toutes actions, c’est un
programme que j’utilise dans une action.
Ce mécanisme est mis en place grâce
au recours à la mémoire par la conscience qui s’y refaire constamment afin de
solutionner les difficultés présentes.
C’est dans ce sens qu’Henri Bergson
disait : « la conscience est un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un
pont jeté entre le passé et l’avenir ».
2.
Les formes de manifestation de la conscience
2.1.
La conscience psychologique ou conscience subjective
La conscience psychologique se subdivise en deux types de conscience.
Elle est
soit spontanée, soit réfléchie.
La conscience spontanée : elle est une saisie immédiate, une intuition directe
de notre vie extérieure, de nos comportements sans passé par un
raisonnement.
Autrement dit, la conscience spontanée consiste à saisir
d’emblée sans passer par des spéculations, les impressions livrées par nos
sens.
Il s’agit d’une simple intuition car il n’y a pas de raisonnement.
Elle est
beaucoup liée à l’instinct.
On parle de conscience spontanée lorsque la
conscience elle-même ne se pose pas comme objet de son investigation.
Lorsqu’elle est tournée vers l’extérieur.
La conscience réfléchie ou la conscience de soi.
A l’opposé de la
conscience spontanée, la conscience réfléchie s’autosaisie, la conscience
revient sur elle-même.
Elle est réfléchie lorsqu’elle se prend comme objet
d’étude.
Autrement dit, la conscience réfléchie est le dédoublement du sujet
qui se saisie lui-même en tant que conscience.
La conscience réfléchie est
orientée vers l’intériorité.
C’est une forme d’introspection, un retour du sujet
sur lui-même, « c’est savoir qu’on sait » comme le disait Alain que : « Je
me souviens » relève de la conscience spontanée par contre dire que « je
sais, je me souviens » relève de la conscience réfléchie.
C’est dans cette
optique que Alain écrira que « Je sais que je sais, je sais que je désire, je
sais que je veux, pour prendre conscience il faut se diriger soi-même ».
2.2.
La conscience morale
Jusqu’au XVIIème siècle, la conscience était (comme) uniquement employée
dans le sens moral.
Alain épouse cette thème que : « la conscience est toujours
implicitement morale et l’immoralité consiste toujours à ne point vouloir
penser qu’on passe et ajourne nos jugements intérieur.
On nomme
4
inconscient ceux qui ne se pose pas de questions à eux-mêmes ».
Réduit à ses
dimensions morales, la conscience désigne le retour réfléchie du sujet sur ses
propres actes avant de les juger en termes de bien ou de mal.
C’est cette
conscience qui nous soulage lorsque nous posons une bonne action et nous
réprimande lorsque nous posons de mauvaises actions.
III.
Les différentes conceptions de la conscience
1.
Les théories innéistes
Selon Descartes, l’homme est corps et âme.
En tant que corps, il est un
fragment de l’étendue et le siège des fonctions physiologiques.
En tant qu’âme,
c’est une pensée consciente.
En effet, Descartes nous invite à nous défaire de
toutes nos idées et croyances reçues y compris les plus assurées pour les
soumettre à l’épreuve du doute.
A dit Descartes, l’unique certitude qui résiste au
doute est celle-ci : « Cogito ergo sum » (je pense donc je suis).
Autrement dit
c’est la pensée qui se rend consciente d’elle-même.
Ainsi la pensée s’identifie à
la conscience.
Alain à la suite de Descartes dit que « savoir, c’est savoir qu’on
sait ».
Cela veut dire que nul ne peut penser sans avoir conscience de penser.
Descartes tire le constat que l’homme est une substance dont l’essence est de
penser, donc nous sommes par nature conscients.
La conscience est cette
lumière naturelle d’où émanent toutes connaissances, et elle est la marque du
divin en l’homme.
Husserl, ne semble pas être de l’avis de Descartes selon lequel la conscience
serait seulement saisie immédiate de l’intériorité qui exclue tout mouvement
vers l’extérieur.
Contre ce solipsisme cartésien du Cogito qui fait du seul sujet
pensant, la seule réalité, Edmund Husserl aborde la phénoménologie de la
conscience.
Pour Husserl, tout d’abord la conscience elle-même constitue une
action, une façon de se diriger vers l’extérieur, vers le monde, vers les choses ou
les phénomènes.
Autrement dit, pour caractériser le fait que la conscience tend
vers l’extérieur, Husserl emploie le terme ‘’intentionnalité’’.
L’intentionnalité
c’est la capacité de la conscience à se donner un objet et pour Husserl : « toute
conscience est conscience de quelque chose ».
Tout cogito porte en lui-même
son cogitatum (l’objet de la conscience).
Chez Rousseau la conscience est essentiellement morale.
C’est elle qui
permet à l’homme d’établir une échelle de valeur, de privilégier le bien au
détriment du mal.
La conscience, ce guide qui éclaire l’homme dans ses actions,
est infaillible selon Rousseau, parce qu’elle est la marque du divin en nous.
Pour Rousseaux, nous avons un principe inné de justice qui nous rend
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responsable devant nos actes parce que nous avons la conscience pour nous
éclairer en toute circonstance.
Dans Emile ou l’éducation, Rousseau rend
hommage à la conscience en ces termes : « conscience…conscience…instinct
divin, immortelle et céleste voix, guide assuré d’un ignorant et borné mais
intelligent et libre, juge infaillible du bien et du mal qui rend l’homme
semblable à Dieu, c’est toi qui fait l’excellence de sa nature et la moralité de
ces actions, sans toi je ne suis rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes que
le triste privilège de m’égarer d’erreurs en erreur, à l’aide d’un entendement
sans règle et d’une raison sans principe.
»
2.
Les théories sociologiques
Pour les Marxistes, la conscience est une faculté socialement inculquée.
Elle se
définit par rapport au degré d’évolution historique de l’homme et elle dépend
énormément des conditions économiques au sein desquelles l’individu évolue.
On comprend donc pourquoi Karl Marx disait que : « la conscience est
d’emblée un produit social ».
Ainsi nos conceptions, nos pensées, nos idées et
notre morale sont le reflet de notre situation économique : « la conscience que
chaque homme a de lui-même, dépend du monde qui l’entoure et dépend
surtout de l’état économique et matérielle de la société.
La conscience est le
reflet de la société et elle subit tous les bouleversements ».
Par conséquent on
ne pense pas de la même manière dans une case que dans un palais.
La moralité
du pauvre diffère de celle du riche.
La conscience des hommes dépend de leurs
conditions matérielles.
« Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine
leur existence mais plutôt leur existence sociale qui détermine leur
conscience ».
Dans la même logique Mao Tse-Toung (1893 – 1978) disait que
l’ « existence sociale des hommes détermine leur pensée ».
Chacun est aussi
moral et intelligent que ces conditions matérielles leurs permettent.
Le sociologue français Emile Durkheim (1858 – 1917) distingue deux types de
conscience : la conscience collective (contraignante) et la conscience
individuelle.
La conscience collective désigne la conception générale, la vision
que la société entière a du monde.
C’est l’ensemble des règles de conduite
dictées par la société et imposées à ses membres sous peine de marginalisation.
La conscience individuelle quant à elle désigne l’ensemble des règles de
conduite et des principes qu’un individu s’est fixé.
Cependant, on remarque que
la pression sociale et l’éducation finissent par avoir raison sur l’individu qui n’a
d’autres choix que de se confondre à la conscience collective pour n’en devenir
que le reflet.
C’est le conformisme.
Ainsi nos différents comportements ne sont
rien d’autres que l’effet de la société sur nous.
Ce conformisme bien que facteur
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de stabilité, inhibe (empêche/ralentit) tout développement social.
Les grands
changements ou révolution ont été l’œuvre des gens jugés déviant, rebelles qui
imposent leur vision à la société et qui l’emmène vers un changement de
mentalité.
Gabriel de Tarde, un autre sociologue français voit dans le processus
d’imitation la formation de la conscience.
En effet, il y a des conduites
considérées comme relevant des valeurs hautement appréciées au sein de la
société.
Ce sont des conduites qui font l’objet d’imitation par les individus.
A
l’instar de la conscience collective, l’imitation est castratrice, c’est-à-dire stérile
et contraire au développement lorsqu’on sait que ce sont les antisystèmes, les
audacieux, ceux qui osent, qui changent le monde.
IV.
Les limites de la conscience
Baruch de Spinoza (1632-1677) émet des réserves sur l’idée cartésienne selon
laquelle la conscience permet d’être absolument transparents en nous-mêmes, de
découvrir la réalité, la vérité.
Dans son œuvre Ethique, il présente la conscience
comme étant la ‘’source des illusions’’, c’est pourquoi, les connaissances
qu’elle nous livre ne sont pas toujours fiables.
Spinoza, présente le sujet comme
n’étant pas transparent, parce que bien que conscient de ses désirs, sentiments et
émotions, il ignore complètement les causes qui les produisent et ne contrôle pas
‘’leur amplitude’’.
Ainsi, la conscience n’est qu’une connaissance incomplète,
inadéquate, qui nous laisse dans l’ignorance.
Loin d’être une connaissance vraie,
la conscience est plutôt productrice d’illusions et notamment l’illusion de la
liberté.
Dans le même ordre d’idées, Leibniz soutient que tout n’est pas toujours
conscient en l’homme.
De son point de vue, il existe des petites perceptions qui
affectent notre âme, notre esprit et cela sans que nous nous rendions compte.
Ces réalités qui échappent à notre conscience témoignent que l’homme n’est pas
toujours conscient.
Nietzche (1844-1900) dira à la suite de Leibniz que la
conscience n’est qu’un phénomène superficiel qui nous donne l’illusion d’être le
sujet de nos pensées, alors qu’en réalité, l’homme est animé par des forces
inconscientes, inscrites dans le corps plutôt que dans l’esprit.
Il marque la
légèreté de la conscience en ces termes : « La conscience est la dernière et la
plus tardive évolution de la vie organique, et par conséquent ce qu’il y a de
moins accompli et de plus fragile en elle ».
7
Les critiques formulées contre la conscience seront étayées par Freud qui va
élucider les soupçons sur l’existence d’une autre faculté autre que la conscience.
Cette partie méconnue du psychisme c’est l’inconscient.
v.
La théorie Freudienne de l’inconscient
Si Freud n’a pas découvert l’inconscient, il a apporté des analyses essentielles
et en a fait une hypothèse de la théorie psychanalytique.
Freud fut le premier à
mettre en place une théorie pour prouver que la conscience n’est pas la seule
faculté qui caractérise l’homme.
Bien avant lui Spinoza et Leibniz
soupçonnaient que la conscience n’est pas seule, sans en faire une préoccupation
majeure.
Il faut attendre Nietzsche et Schopenhauer pour que soit
explicitement utilisé le terme de l’inconscient.
Mais il est utilisé pour désigner
les instincts comme les instincts sexuels et une force brutale qui guident nos
comportements et nos actions.
Pour Nietzsche par exemple, une large partie de
l’activité intellectuelle s’effectue en dehors de la conscience.
En quoi consiste
cependant l’inconscient, la psychanalyse Freudienne ?
La psychanalyse est une méthode pratique en psychologie pour traiter les
troubles nerveux.
En d’autres termes, c’est une méthode originaire de recherche
psychologique destinée à guérir les malades mentaux.
C’est Freud qui fut le
premier à mettre en place cette méthode pour prouver que la conscience n’est
pas le seul attribut de l’homme.
Avec le concept d’inconscient, il veut montrer
que l’homme n’est pas transparent à lui-même et qu’il pose des actes sans en
connaître les causes profondes.
A rebours des conceptions classiques qui font de
l’homme un individu transparent et maître de ses actes, agissant en toutes
connaissances de cause ; pour Freud, les données de la conscience sont
extrêmement lacunaires.
La conscience n’est pas le seul maître, son pouvoir est
limité : « le Moi n’est....
»
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