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La connaissance de soi est-elle possible ?

Publié le 11/02/2025

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« La connaissance de soi est-elle possible ? Notions : la raison, la conscience, l’inconscient. Introduction Dans une certaine mesure, nous saisissons ce que nous sommes en faisant retour sur nos actes et nos pensées.

Nous nous représentons une certaine image de notre corps et de nos pensées. Nous nous prenons nous-mêmes comme objet de connaissance en analysant nos actes, nos pensées, nos sentiments, nos états d’âme.

Ainsi, contrairement à la saisie en pensée d’un objet extérieur comme le veut l’acquisition des connaissances mathématiques ou langagières, la connaissance de soi semble être un processus intérieur.

Si nous voulons avoir une pleine connaissance de nousmêmes, alors une introspection subjective pourrait être suffisante.

Dans ce cas, la connaissance de notre subjectivité serait l’objet d’une certitude qui résiste à tout doute possible.

De même, nos désirs, nos représentations et nos choix demeureraient l’expression de notre pure intériorité, sans souffrir d’opacité pour notre pensée.

Mais, est-ce réellement possible ? Autrement dit, la connaissance de soi est-elle possible ? Une telle question suppose qu’il y ait des cas, des situations, où envisager disposer d’un savoir sur soi est soit irréalisable.

Dans un cas extrême, il serait peut-être contraire à la nature de notre esprit de pouvoir prétendre disposer d’une perception évidente, limpide, claire de notre identité personnelle.

Aussi, si une telle connaissance est possible, il faudrait être capable de déterminer à quel genre elle appartient et dans quels cas de figure elle est envisageable. D’une part, certaines facettes de notre identité personnelle résistent à notre pleine connaissance.

Nous pouvons ne pas nous reconnaître dans nos actes ou avoir des pensées qui nous semblent étrangères.

Ici, la connaissance de soi serait réduite à la conscience que chacun a de sa propre existence.

Par exemple, certaines manifestations corporelles ne seraient pas souhaitées par notre pensée, comme c’est le cas au sein du somnambulisme.

Ne suppose-t-elle pas la connaissance d’éléments extérieurs à notre propre conscience de nous-mêmes ? D’autre part, si la connaissance de soi n’est que partielle, c’est peut-être parce que nos désirs sont la résultante de contextes sociaux, politiques, historiques.

Peut-être n’avons-nous même pas conscience des causes qui déterminent nos représentations d’une satisfaction à venir.

Plus encore, certaines activités de notre esprit ne sont pas choisies en notre âme et conscience.

Certaines décisions qui nous semblaient les plus intimes ne sont peut-être que le fruit de facteurs inconscients.

Dans ce cas, la connaissance de soi ne serait envisageable qu’à partir de la prise en compte de ce qui nous détermine.

Mais, est-ce entièrement possible ? Peut-on connaître, de manière personnelle, ce qui agite inconsciemment notre psychisme ? Peut-être est-ce, en dernier lieu, par la médiation d’autrui que nous parvenons à mieux nous connaître nous-mêmes.

En effet, n’est-ce pas grâce à autrui que nous saisissons l’image que nous revoyons ? De façon plus fondamentale, n’est-ce pas par son intermédiaire que nous nous conformons à des normes, que nous acquérons des connaissances essentielles qui serviront de fondements à notre subjectivité ? Enfin, n’est-ce pas par sa présence que nous pouvons mieux connaître ce que nous désirons ? Notre problème peut être synthétisé de la façon suivante : peut-on prétendre se connaître par ses propres moyens sans être bercé d’illusions ou, au contraire, à défaut de pouvoir se connaître, autrui peut-il aider à la saisie de soi ? I.

Nous pouvons envisager de nous connaître par nos propres moyens. Propres moyens : de manière seule.

Connaître : Accepter, admettre quelqu'un ou quelque chose comme ayant de l'autorité à partir d’une observation par les sens, par l’expérience, par la pensée. A.

Nous nous connaissons davantage à travers nos pensées qu’à partir de nos perceptions. De façon immédiate, on prend connaissance de ce qui se situe hors de nous, de ce qui n’est pas nous par un acte perceptif et sensitif.

Par exemple, lorsque je vois une personne en face de moi, je sais que je ne suis pas elle.

La conscience réflexive considère ce qui se passe en nous et faisant retour sur ses propres états.

Par exemple, la conscience morale est un retour du sujet sur ses propres actions vis-à-vis d’autrui.

Alors, si on a une capacité de pouvoir se connaître, on peut supposer que la pensée consciente est ce qui accompagne tous nos actes, et qu’elle est une certitude première. Ce type de certitude de la connaissance de soi peut être étudié à partir de la philosophie de René Descartes.

Ce dernier recherche le fondement de la connaissance.

Il est en quête d’une vérité indubitable à partir de laquelle reconstruire tout l’édifice du savoir.

Dès le départ (Méditation première), Descartes pense avoir acquis un savoir incertain puisqu’il y « a en notre esprit quelques fausses opinions ».

La pensée désigne la connaissance immédiate de tout ce qui a lieu dans la conscience du sujet.

Il faut donc prendre ici le terme de pensée dans son sens large, quasi-synonyme de représentation, puisque les perceptions et sentiments, par exemple, sont, au sens de Descartes, des pensées, non moins que les souhaits, désirs, fictions de l’imagination ou les conceptions pures d’un esprit s’appliquant à une démonstration mathématique.

La pensée s’identifierait donc à la connaissance immédiate des représentations qui se forment en chacun, donc à la conscience. « J'avais dès longtemps remarqué que, pour les mœurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu'on sait fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables, ainsi qu'il a été dit ci-dessus; mais, parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu'il fallait que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse, comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute afin de voir s'il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance, qui fût entièrement indubitable.

Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu'il n'y avait aucune chose qui fût telle qu'ils nous la font imaginer.

Et parce qu'il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes, jugeant que j'étais sujet à faillir, autant qu'aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations.

Et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées, que nous avons étant éveillés, nous peuvent aussi venir, quand nous dormons, sans qu'il y en ait aucune, pour lors, qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que les illusions de mes songes.

Mais, aussitôt après, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose.

Et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. Puis, examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps, et qu'il n'y avait aucun monde, ni aucun lieu où je fusse; mais que je ne pouvais pas feindre, pour cela, que je n'étais point; et qu'au contraire, de cela même que je pensais à douter de la vérité des autres choses, il suivait très évidemment et très certainement que j'étais; au lieu que, si j'eusse seulement cessé de penser, encore que tout le reste de ce que j'avais jamais imaginé eût été vrai, je n'avais aucune raison de croire que j'eusse été : je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui, pour être, n'a besoin d'aucun lieu, ni ne dépend d'aucune chose matérielle.

En sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu'elle est plus aisée à connaître que lui, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est. Après cela, je considérai en général ce qui est requis à une proposition pour être vraie et certaine; car, puisque je venais d'en trouver une que je savais être telle, je pensai que je devais aussi savoir en quoi consiste cette certitude.

Et ayant remarqué qu'il n'y a rien du tout en ceci : je pense, donc je suis, qui m'assure que je dis la vérité, sinon que je vois très clairement que, pour penser, il faut être : je jugeai que je pouvais prendre pour règle générale, que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies; mais qu'il y a seulement quelque difficulté à bien remarquer quelles sont celles que nous concevons distinctement.

» René Descartes, Discours de la méthode (1637), IVe partie. 1° constatation du caractère douteux que présentent nos connaissances, sauf une ; 2° décision de considérer comme fausses toutes les connaissances qui sont rendues douteuses. « Je pourrais imaginer… ».... »

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