LA CHINE AU XXe SIÈCLE
Publié le 13/09/2020
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LA CHINE AU XXe SIÈCLE
Victime durant le xixe siècle, à partir des « guerres de l’O
pium » (1840-1860), des agressions des
puissances dominantes d’alors et menacé d’implosion par d’é
normes soulèvements populaires (Taiping,
1851-1864), l’Empire mandchou se propose tardivement de rattraper so
n retard tout en préservant
l’identité de la civilisation chinoise.
Cette quête longtemps i
nfructueuse de la puissance et de la
modernisation scande l’histoire du siècle, avec l’agonie de l’
empire (1898-1916), les années tumultueuses
de l’illusion urbaine (1915-1927), l’avortement de la révolut
ion nationaliste (1928-1949) et l’impasse
meurtrière du socialisme maoïste (1949-1978).
Peut-on envisager
que la « réforme » lancée par Deng
Xiaoping et continuée par ses successeurs ouvre enfin une « voie c
hinoise » de développement ?
L’agonie de l’empire mandchou (1898-1916).
Avec le « mouvement des choses étrangères » (yangwu), l’
empire essaie durant le dernier quart du xixe
siècle de s’approprier la technologie de l’Occident, surtout mi
litaire, tout en préservant son essence néo-
confucéenne.
En vain.
Devant ce premier échec, l’empereur Guang
xu (1875-1908), conseillé par Kang
Youwei (1858-1927) veut en 1898 imposer par le haut un « Meiji »
- restauration modernisatrice au
Japon (1868-1912) - à la chinoise.
En vain.
Dans le pays, entre 189
8 et 1901, l’ampleur de la révolte
millénariste des « boxeurs » (société secrète adepte
des formes rituelles de combat se croyant hors
d’atteinte des armes modernes) témoigne du rejet populaire de tou
tes les intrusions « barbares », du
christianisme au télégraphe, des écoles modernes aux chemins de
fer.
La formidable intervention militaire
des huit grandes puissances d’alors (Royaume-Uni, France, Allemagne,
Russie, États-Unis, Japon,
Autriche-Hongrie et Italie) qui s’emparent de Pékin dans la secon
de moitié de 1900, rappelle l’incapacité
de la dynastie à défendre le pays.
La très conservatrice impé
ratrice douairière Cixi (1835-1908) se résigne
enfin, par l’édit de janvier 1901, à autoriser des réformes
institutionnelles qui ébranlent encore davantage
un édifice déjà miné à la base.
Les notables locaux conso
lident leur pouvoir entre 1909 et 1911 alors
qu’un corps électoral représentant 1 % de la population élit
des assemblées provinciales qu’ils dominent.
Mais le 20 août 1905, un mouvement révolutionnaire avait été
fondé, sous le nom de Ligue jurée, à
Tokyo, parmi les étudiants chinois et avec les fonds des Chinois de l
a diaspora.
Cette Ligue se proposait
de chasser les Mandchous et de proclamer une république qui sauverait
la Chine du dépècement colonial
et la moderniserait.
Le président de la Ligue, Sun Yat-sen (Sun Zhon
gshan), avait tenté sans succès
divers soulèvements dans le sud de la Chine.
Toutefois celui qui ré
ussit, le 10 octobre 1911 à Wuhan, a
dans les premiers temps tous les traits d’un putsch et doit peu de ch
ose aux révolutionnaires.
Enhardies
par ce succès inespéré, diverses provinces de Chine centrale et
méridionale se déclarent indépendantes
de Pékin : les notables locaux confirment leur puissance nouvelle.
Me
nacés par la contre-offensive des
armées mandchoues commandées par Yuan Shikai (1859-1916), notabl
es et révolutionnaires s’accordent
pour confier à Sun la présidence provisoire de la République qu
’ils proclament à Nankin le 1er janvier
1912.
Mais dès le 12 février, celui-ci démissionne au profit de
Yuan Shikai qui avait obtenu l’abdication de
l’empereur enfant Puyi (1906-1967).
Les forces du changement ne pes
aient pas assez face aux notables
et à l’armée.
Aussi la jeune république devient-elle dès 1913 une dictature mili
taire sous Yuan Shikai qui cherche à
fonder à son profit une nouvelle dynastie.
Quand il meurt, les « g
ouverneurs militaires » qu’il a nommés
dans les provinces commencent à se disputer le pouvoir : ce sont les
« seigneurs de la guerre ».
L’illusion urbaine (1915-1927).
En fait, la Chine cherche un nouvel équilibre : l’empire est mort
et nul ambitieux ne pourra plus le
restaurer, mais la Chine de l’ancien régime domine encore dans les
campagnes où vivent 90 % des 500
millions de Chinois.
Une Chine côtière urbaine et ouverte sur le m
onde s’est développée, mais son
influence demeure marginale et ses bases sont fragiles.
La Première G
uerre mondiale a entraîné
l’effacement des entreprises étrangères qui dominaient le march
é chinois, permettant la montée
d’entrepreneurs chinois qui s’équipent : c’est l’« â
ge d’or de la bourgeoisie chinoise ».
Cette bourgeoisie
pense toutefois au-dessus de ses moyens.
Elle rêve de libéralisme,
en profitant paradoxalement de
l’affaiblissement du pouvoir central.
Dès que la crise économiq
ue de l’après-guerre survient, elle désire
cependant un État fort qui la protégerait de ses redoutables rivau
x étrangers de retour sur le marché
chinois.
Elle parle de démocratie et de liberté, mais il ne s’a
git que de mots importés.
L’arbre de la liberté
n’a pas de racines..
»
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