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LA CHANSON : SA NATURE, SON ÉVOLUTION - J.M. Haeffelé, article paru dans L'Alsace.

Publié le 02/07/2020

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« Le phénomène de la chanson contemporaine, par son extension qui dépasse les avatars des œuvres et des interprètes, tend à s'affirmer toujours plus comme un mode d'expression «à part entière» et, pourquoi pas? comme un élément de la culture d'aujourd'hui. Si la culture, en effet, n'est plus le luxe de quelques-uns mais une façon d'être et de se dire, de la plus fruste à la plus élaborée, si la culture est l'univers des formes - pour reprendre une expression chère à certains - l'univers des individus se portant au niveau de la communication, la chanson en participe au même titre que l'esthétique industrielle ou que la bande dessinée. Il est incontestable qu'en dépit de toutes les «scories» la chanson exprime l'homme moderne et particulièrement le ressortissant des jeunes générations - le «copain » d'il y a dix ans est un homme mûr aujourd'hui. A travers les compositions ce sont les aspirations et les craintes, les désirs et les fantasmes, les révoltes et les soumissions de notre société qui parviennent à un état de communicabilité auquel ne sauraient prétendre leurs expressions littéraires ou universitaires. Confiant, voici quelques mois, une « microsociologie » de la chanson au «Nouvel Adam», Lucien Rioux rappelait la valeur signifiante de ces œuvres qui tiennent en trois minutes : « Chaque période sécrète à la fois son idéologie, ses mythes, ses tabous, ses angoisses et son humour, et tout cela se retrouve aussi bien dans le vêtement que dans le style des vitrines ou dans la chanson». Celle-ci est « un reflet, un miroir de l'époque. Mais un miroir infidèle, qui accentue certains traits, qui en néglige d'autres». Cela ne signifie pas, en fait, que la chanson soit le domaine du bon-conformisme, mais simplement que le public n'a accès, de manière globale, qu'aux chansons les plus«sages», celles qui bénéficient, pour des raisons évidentes, de presque tout le soutien de l'appareil de diffusion. En marge, cependant, de ce circuit commercial, une large fraction des chansons soutiennent des mouvements pseudo-philosophiques, tel celui des hippies, parlent de la politique, de la révolte, de l'amour fou, de l'homme qui se sent mal dans la peau que lui impose la société, de la mort aussi... « Ce qu'on n'ose dire, on le chante», proclamait Figaro. ( ...) Mais la chanson, après avoir réalisé une unité de sensibilité entre villes et campagnes de France, dépasse aujourd'hui les barrières nationales, au bénéfice, il est vrai, dans une très large mesure, de la société anglo-saxonne, dont les couplets en version originale déferlent sur le vieux continent, alors que les compositions françaises, italiennes ou autres ne font guère carrière qu'avec des textes traduits. Dans les styles, il en est sensiblement de même, l'impulsion venant ordinairement des States*. La chanson relève, elle aussi, du « défi américain», au même titre que les brevets d'inventions... Un folklore mondial est en voie de constitution. La chanson, qu'il faut se garder de distraire de l'ensemble des éléments de civilisation, apparaît comme un facteur réel au service de la création - plus ou moins consciemment tentée — d'une mentalité globale. Mais en même temps, par sa frange d'œuvres «contestantes», elle offre des possibilités de mise en question de la société à cette minorité qui revendique pour une civilisation de la liberté. J.M. Haeffelé, article paru dans L'Alsace. Cette épreuve comprend deux parties : . 1 ° Contraction. — Vous ferez de ce texte à votre choix un résumé (en suivant le fil du développement) ou une analyse (en mettant en relief la structure logique de la pensée, sans vous attacher à l'ordre linéaire du texte). 2° Discussion. — Vous choisirez dans le texte un problème qui offre une réelle consistance et qui vous aura intéressé, vous en préciserez les données et vous exposerez vos vues personnelles sous la forme d'une argumentation ordonnée menant à une conclusion. Vous distinguerez nettement les deux parties de votre copie en intitulant la première résumé ou analyse et la seconde discussion. ...»

« 1 / 2 LA CHANSON : SA NATURE, SON ÉVOLUTION Le phénomène de la chanson contemporaine, par son extension qui dépasse les avatars des œuvres et des interprètes, tend à s'affirmer tou­ jours plus comme un mode d'expression � à part entière» et, pourquoi pas? comme un élément de la culture d'aujourd'hui.

Si la culture, en effet, n'est plus le luxe de quelques-uns mais une façon d'être et de se dire, de la plus fruste à la plus élaborée, si la culture est l'univers des formes -pour repre ndre une expression chère à certains -l'univers des individus se por­ tant au niveau de la communication, la chanson en parti cipe au même titre que l'esthétique industrielle ou que la bande dessinée.

I l est incontestable qu'en dépit de toutes les �O*GJ2-Pa la chanson exprime l'homme moderne et particulièrement le ressortissant des jeunes générations -le �*GH&3n » d'il y a dix ans est un homme mûr aujourd'hui.

A travers les compositions ce sont les aspirations et les craintes, les désirs et les fantasmes, les révoltes et les soumissions de notre société qui par­ viennent à un état de communicabilité auquel ne sauraient prétendre leurs expressions littéraires ou universitaires.

Confiant, voici quelques mois, une � mic rosociologie » de la chanson au � Nouvel Adam», Lucien Rioux rappelait la valeur signifiante de ces œuvres qui tiennent en trois minutes : � Chaque période sécrète à la fois son idéologie, ses mythes, ses tabous, ses angoisses et son humour, et tout cela se retrouve aussi bien dans le vêtement que dans le style des vitri­ nes ou dans la chanson».

Celle-ci est � un reflet, un miroir de l'époque.

Mais un miroir infidèle, qui accentue certains traits, qui en néglige d'autres».

Cela ne signifie pas, en fait, que la chanson soit le domaine du bon­ con formisme, mais simplement que le public n'a accès, de manière glo­ bale, qu'aux chansons les plus� sages», celles qui bénéficient, pour des raisons évidentes, de presque tout le soutien de l'appareil de diffusion.

En marge, cependant, de ce circuit commercial, une large fraction des chan­ sons soutiennent des mouvements pseudo-philosophiques, tel celui des hippies, parlent de la politique, de la révolte, de l'amour fou, de l'homme qui se sent mal dans la peau que lui impose la société, de la mort aussi.

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� Ce qu'on n'ose dire, on le chante», proclamait Figaro.

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) Mais la chanson, après avoir réalisé une unité de sensibilité entre villes et campagnes de France, dépasse aujourd'hui les barrières nationales, au bénéfice, il est vrai, dans une très large mesure, de la société anglo­ saxonne, dont les couplets en version originale déferlent sur le vieux conti­ nent, àlors que les compositions françaises, italiennes ou autres ne font guère carrière qu'avec des textes traduits.

Dans les styles, il en est sensi­ blement de même, l'impulsion venant ordinairement des States*.

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