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LA BRUYÈRE: Les Caractères (Fiche de lecture)

Publié le 15/05/2020

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« LA BRUYÈRE: Les Caractères (Fiche de lecture) 1645-1696 Jean de La Bruyère est né à Paris en 1645, aîné des huit enfants d'une famille de bourgeois.

Après des études secondaires classiques, il fait son droit et est reçu comme avocat au parlement deParis.

Il ne va plaider cependant qu'en de rares occasions et abandonne rapidement la robe à la suite d'un héritage.En 1673, il acquiert une charge de trésorier des finances à la généralité de Caen mais ne quitte pas Paris pourautant, se contentant de toucher les revenus de sa charge.

Il consacre ses loisirs à se cultiver. C'est en 1684 qu'un événement va changer le cours de sa vie.

Recommandé par Bossuet, il entre au service duGrand Condé, comme précepteur de son petit-fils, le duc de Bourbon.

En 1686, La Bruyère abandonne ses fonctions,mais demeure auprès des Condé en qualité de gentilhomme.

Cette situation lui offre un observatoire privilégié sur lasociété: il prend des notes qui nourriront l'unique ouvrage de sa vie, Les Caractères. C'est en 1688 que La Bruyère fait paraître Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec Les Caractères ou les moeurs du siècle.

L'ouvrage, qui se présente comme une simple traduction commentée, connaît un retentissant succès.

Plusieurs éditions vont se succéder, au fur et à mesure desquelles l'oeuvre originale deThéophraste va progressivement être éclipsée par les ajouts et les enrichissements de son véritable auteur, LaBruyère. En 1691, La Bruyère pose sa candidature à l'Académie française.

Cependant, partisan résolu des Anciens dans laquerelle qui les oppose aux Modernes, il s'attire l'hostilité de ces derniers, qui le font échouer par deux fois.

Il estfinalement élu en 1693. Il prend encore parti pour Bossuet dans la querelle contre Fénelon dans l'affaire du quiétisme et meurt le 10 mai1696. 1 .

LES MŒURS DU GRAND SIÈCLE Les Caractères de La Bruyère portent un sous-titre : «les moeurs de ce siècle».

S'il est inspiré au départ d'un ouvrage de l'Antiquité, le livre, en effet, propose au lecteur l'un des tableaux les plus complets de la sociétéfrançaise à la fin du XVIIe siècle.

Ce sont ses contemporains qui ont directement inspiré à l'auteur les tableaux,portraits et maximes qui composent son oeuvre : «Je rends au public ce qu'il m'a prêté: j'ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage, il est juste que, l'ayantachevé avec toute l'attention pour la vérité, dont je suis capable et qu'il mérite de moi, je lui en fasse larestitution.» (Les Caractères, Préface) En seize chapitres, La Bruyère trace avec une grande variété de palette le tableau de ses semblables, s'en prenantsurtout aux travers et aux vices de son époque, ce qui lui fournit la matière d'une satire virulente.

La forme àlaquelle il a le plus souvent recours est celle du portrait, description d'un individu qui a pour nom Philémon, Mopse,Celse, Ménippe, ou encore Acis, Arrias, Ménalque, Iphis, Théodecte, Troïle, Clitiphon, Onuphre, etc. Il Chacun de ces personnages est remarquable par l'un des traits de son caractère ou de son comportement ; c'estun type humain, comme ceux que peignait Molière avec l'«avare», le «misanthrope», la «précieuse ridicule», le«bourgeois gentilhomme». b' Peintre de la réalité, La Bruyère est d'abord un peintre satiriste.

Sa critique force le trait jusqu'au pittoresque,parfois jusqu'à la caricature.

Destinés à un public mondain, ses Caractères veulent avant tout divertir le lecteur en l'amusant.

Ainsi le portrait de Ménalque est avant tout prétexte au rire que provoque la description de cetincorrigible distrait : «Ménalque descend son escalier, ouvre sa porte pour sortir, il la referme ; il s'aperçoit qu'il est en bonnet denuit, et venant à mieux s'examiner, il se trouve rasé à moitié ; il voit que son épée est mise du côté droit, queses bas sont rabattus sur ses talons et que sa chemise est par-dessus ses chausses.» (Ibid., XI, «De l'homme») S'ensuivent trois pages d'une virtuosité serrée, dans lesquelles La Bruyère mène tambour battant le portrait enmouvement d'un homme dont le vice ne vaut d'être dénoncé que parce qu'il offre au lecteur du pittoresque et dudivertissement.

Ménalque est avant tout un type comique, comme l'est Diphile, qui a succombé à la mode descollectionneurs (Les Caractères, XIII, «De la mode»), ou encore Irène, qui vient rejoindre Argan dans la galerie des malades imaginaires (Ibid., XI, «De l'homme»). Le rire pourtant, chez La Bruyère, se fait grinçant plus souvent qu'à son tour.L'auteur ne se cantonne pas à une légèreté pleine d'humour.

Les portraits qu'il dresse stigmatisent également desvices moins anodins, qui témoignent de la dérive d'une époque dans laquelle l'homme se perd en perdant son âme et. »

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