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LA BRUYÈRE, La légitime hypocrisie politique, X, 12

Publié le 14/01/2022

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« OBJET D ÕETUDE 2 : Ç La littŽrature dÕidŽes du XVI e au XVIII e sicle È. S EQUENCE II : F AIRE TOMBER LES MASQUES REPRISE TEXTE BAC n¡ 10 Groupement de textes LA BRUYéRE, La lŽgitime hypocrisie politique , X, 12 La Bruyre est, avec Pascal et La Rochefoucauld, un des trois plus grands moralistes franais du classicisme de la fin du XVII e sicle.

Il est connu principalement pour son Ïuvre Les Caractres .

LՎcrivain est un partisan des Anciens, cÕest - ˆ - dire quÕil puise les sources de son Žcrit dans lÕAntiquitŽ, pŽriode que les Anciens considrent comme un modle esthŽtique indŽpassable dÕun point de vue littŽraire.

Les Caractres se prŽsente comme la continuation de lÕÏuvre de ThŽophraste, philosophe grec de lÕAntiquitŽ.

PubliŽe anonymement en 1688, lÕÏuvre alterne, au sein de seize chapitres, des remarques ˆ la manire de celles de Pascal et La Rochefoucauld, et des portraits thŽ‰tralisŽs de la sociŽtŽ vivant sous Louis XIV.

Les Caractres conna”t un immense succs gr‰ce aux nombreux portraits de con temporains, croquŽs dans leurs travers quotidiens et en particulier leur orgueil dŽmesurŽ.

La Bruyre publie neuf Žditions de son ouvrage, qui sÕaugmente ˆ chaque n ouvelle parution jusquՈ quasiment tripler de volume entre la premire et la dernire Žditio n.

Dans lÕextrait que nous allons prŽsenter, La Bruyre dresse le portrait du ministre ou plŽnipotentiaire, agent investi des pleins pouvoirs pour reprŽsenter un pays.

Ce dernier doit tre parŽ de tou tes les qualitŽs, celles du comŽdien, mais aussi celles de lÕhomme politique : la comŽdie sociale nÕest plus celle urbaine de Paris, ni celle de la cour, mais la comŽdie politique au plus haut niveau.

Le ministre doit tre dÕabord un homme - camŽlŽon qui sÕadapte aux autres, et qui sait rŽagir au moment opportun .

Nous pouvons donc nous demander comment La Bruyre lŽgitime lÕhypocrisie en politique par la figure du bon ministre. Le texte se dŽveloppe en plusieurs mouvements, dÕabord la premire phrase qui dŽfinit ce que doit tre un bon ministre, un camŽlŽon, puis un portrait moral gŽnŽral, enfin des exemples plus concrets de ses talents de comŽdiens. 1 ER MOUVEMENT ( ligne 1 ) : La définition du bon ministre Le ministre ou le plŽnipotentiaire est un camŽlŽon, est un ProtŽe . ¥ Thme et sujet de la remarque prŽsentŽ ds la premire phrase : il s'agit de dŽfinir ce qu'est un bon ministre (ou un bon agent extŽrieur de l'ƒtat, qui se rapprocherait d'un actuel diplomate) et de prŽciser ses caractŽristiques.

¥ La remarque adopte donc l es procŽdŽs de la dŽfinition, qui rappellent ceux de la maxime : o BrivetŽ de la phrase o Emploi du prŽsent ˆ valeur de vŽritŽ gŽnŽrale o Usage d' articles ˆ valeur gŽnŽrique , qu'ils soient dŽfinis ("le ministre ou le plŽnipotentiaire") ou indŽfinis ("un camŽlŽ on) ¥ La dŽfinition initiale passe par une double mŽtaphore insistant sur la capacitŽ d'adaptation, voire de mŽtamorphose du ministre : o MŽtaphore animalire ("un camŽlŽon") o MŽtaphore mythologique ("un ProtŽe") par antonomase ( = d Žsignation d'une personne par le nom d'un personnage typique ou connu, le nom propre Žtant alors transformŽ en nom commun [ex. un don juan pour une personne sŽductrice]).

Ce glissement vers l'univers mythologique crŽe une mŽtaphore valorisante , surtout dans le contexte du Classicisme : le ministre est associŽ ˆ une sorte de divinitŽ. 2 EME MOUVEMENT ( lignes 1 à 6 ) : Portrait moral et comportemental général Semblable quelquefois ˆ un joueur habile, il ne montre ni humeur ni complexion, soit pour ne point donner lieu aux conjectures ou se laisser pŽnŽtrer, soit pour ne rien laisser Žchapper de son secret par passion ou par faiblesse. ¥ L'explication de la double mŽtaphore initiale s'ouvre par une comparaison ˆ la figure du "joueur habile" , valorisŽe par l'adjectif mŽlioratif. o Cette image permet d'introduire une dissociation entre les sentiments rŽels et l'apparence donnŽe par le ministre , qui se rapproche dŽjˆ d'un comŽdien.

La phrase dŽveloppe ainsi une antithse entre le lexique du para”tre ("montre") et des expressions qui renvoient ˆ l'intŽrioritŽ ("laisser pŽnŽtrer", "laisser Žchapper" , "secret" ). o Cette caractŽrisation est marquŽe pa r la forte prŽsence de nŽgations qui signalent que le ministre est quelqu'un dont la sincŽritŽ Žchappe ou qui s'avre inaccessible : il ma”trise "humeur", "complexion", "passion" et "faiblesse" Ð comme un joueur qui masque ses pensŽes (et va jusqu'ˆ triche r ?) § Conjonction de coordination "niÉ ni" § NŽgations totales : "ne rien", "ne point" ¥ La phrase amorce aussi un rythme binaire qui structurera tout l'extrait avec le balancement des conjonctions "soitÉ soitÉ" qui marquent l'alternative, c'est - ˆ - dire la capacitŽ du ministre ˆ s'adapter ˆ la situation. Quelquefois aussi il sait feindre le caractre le plus conforme aux vues quÕil a et aux besoins o il se trouve, et para”tre tel quÕil a intŽrt q ue les autres croient quÕil est en effet. ¥ Le pouvoir d'adaptation du ministre est confirmŽ dans la phrase suivante, dont la syntaxe et la construction mime les capacitŽs de changement du personnage : o la locution adverbiale '"quelque fois aussi" envisage une nouvelle situation encore, o la structure binaire de la phrase repose sur deux propositions coordonnŽes (conjonction de coordination "et") ¥ Le lexique employŽ associŽ cette fois plus implicitement le ministre au comŽdien : o verbes "feindre", "para”tre" et "croire" o usage du terme "caractre", qui r envoie au titre de l'Ïuvre, mais aussi ˆ l'artificialitŽ du "type" que le ministre choisit alors d'incarner. o la portŽe manipulatrice de son attitude est soulignŽe : tout dŽpend des "vues", "besoins" et "intŽrts".

Le para”tre est donc associŽ ˆ un but, ici politique.. »

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