La Bruyère a écrit dans la préface des Caractères : Je rends au public ce qu'il m'a prêté : j'ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage; il est juste que, l'ayant achevé avec toute l'attention pour la vérité dont je suis capable et qu'il mérite de moi, je lui en fasse restitution. Il peut regarder avec plaisir ce portrait que j'ai fait de lui d'après nature, et s'il se connaît quelques-uns des défauts que je touche, s'en corriger. Vous analyserez les idées exprimées dans ces lignes,
Publié le 15/05/2020
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La Bruyère a écrit dans la préface des Caractères : Je rends au public ce qu'il m'a prêté : j'ai emprunté de lui lamatière de cet ouvrage; il est juste que, l'ayant achevé avec toute l'attention pour la vérité dont je suis capable etqu'il mérite de moi, je lui en fasse restitution.
Il peut regarder avec plaisir ce portrait que j'ai fait de lui d'aprèsnature, et s'il se connaît quelques-uns des défauts que je touche, s'en corriger.
Vous analyserez les idées expriméesdans ces lignes, et vous montrerez sur des exemples qu'elles contiennent la théorie du réalisme classique.
Deux affirmations se dégagent de ce préambule :
a) Les Caractères sont peints d'après nature.
b) Cette peinture n'est pas faite pour amuser, mais pour corriger.
1° L'art classique tout entier peint d'après nature
(cf.
plans sur le Classicisme en général, sur Molière et La Fontaine).
Le vers de Boileau : Rien n'est beau que le vrai,le vrai seul est aimable résume fidèlement la doctrine.
Notez du reste que ce réalisme n'est pas total, et que dans lapratique, il est limité par les bienséances et la vraisemblance;
2° Plaire et corriger : c'est la vieille maxime des Latins Castigat ridendo mores.
Les Classiques ne conçoivent pasl'art pour l'art, tous protestent de leurs intentions moralisatrices : Les plus beaux traits d'une sérieuse morale sontmoins puissants, le plus souvent, que ceux de la satire (Molière,' Préface du Tartufe).
Leur théâtre (des tragiques grecs) était une école où la vertu n'était pas moins bien enseignée que dans les écolesdes philosophes (Racine, Préface de Phèdre).
C'est encore Boileau qui tire la conclusion : Aimez donc la vertu, nourrissez-en votre âme...
Le vers se sent toujoursdes bassesses du cœur.
Comment La Bruyère a-t-il réalisé son programme ?
a) La peinture du siècle : toutes les conditions sont observées et décrites et de très nombreux portraits ont paru sivéridiques aux contemporains que les recueils de « clés » ont pullulé.
Certaines paraissent fondées : Irène-Mme deMontespan, Cydias-Fontenelle, Théobalde-Benserade;
b) Ces portraits ne cherchent pas le succès de scandale; mais piquant la curiosité des lecteurs, ils l'incitent à laréflexion.
La Bruyère est souvent amer, il a vu la morgue des financiers, «des partisans »( I), des nobles et la misèredu peuple; il veut convaincre ou confondre les « esprits forts », c'est-à-dire les Libertins.
La satire des contemporains et la prédication morale ne sont pas les seuls mérites des Caractères ; nous y trouvonsla peinture de l'homme éternel, des revendications sociales et une mélancolie oui annoncent le XVIIIe siècle..
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